Pour les partis politiques de l’opposition, la majorité des Maliens ne se reconnaissent pas dans cet accord issu des négociations. Parce qu’ils n’ont pas été suffisamment consultés avant son paraphe par le gouvernement.
Et c’est certainement pour se racheter que le gouvernement a organisé, jeudi dernier, cette table ronde qui a regroupé les forces vives de la nation, notamment la majorité présidentielle, l’opposition, la société civile, les syndicats et les membres de la délégation gouvernementale dans le processus d’Alger.
Si au cours des débats, les représentants de la société civile et des syndicats ont caressé l’équipe de médiation gouvernementale dans le sens du poil en qualifiant l’accord paraphé par le gouvernement de bon accord ; pour l’opposition c’est le contraire. Pour l’opposition, le document est loin d’être un bon accord parce qu’il comporte, de part et d’autre, les germes de la répartition du Mali. L’opposition souvent critiquée d’avoir peu d’intérêt pour le processus d’Alger, n’est pas, cette fois, allée avec le dos de la cuillère pour dire clairement sa position par rapport à cet accord.
Nous vous proposons l’intégralité de la déclaration de l’opposition républicaine et démocratique qui a été lue par Modibo Sidibé.
«C’est avec une véritable conviction patriotique que les partis politiques de l’opposition se tiennent ce matin au côté des forces vives de la nation dans le seul espoir de faire échec à toute tentative de démembrement de notre pays
Pour l’opposition démocratique et républicaine, le Mali traverse une période critique de son histoire ; après trois années de crise profonde, c’est l’existence même de notre pays qui est menacée aujourd’hui.
L’accord qui a été paraphé par le gouvernement, le 1er mars 2015 après plusieurs mois de réunions, ne résout en rien les questions fondamentales relatives à la stabilité du pays, à l’intégrité du territoire, à l’unité nationale et à la réconciliation nationale.
Pour nous, cet accord n’est pas un bon accord pour le Mali. Il contient les germes d’une désintégration rampante du pays que nous avons connue.
Nous regrettons encore une fois qu’en vue des pourparlers d’Alger, les autorités n’aient pas cru devoir procéder à de véritables concertations sur les questions de fond.
Un consensus national aurait sans aucun doute conforté la position du gouvernement dans les négociations.
Nous nous étonnons que le document paraphé ne fait aucune référence, ni dans son préambule, ni dans ses principes, engagements et fondements pour un règlement durable du conflit, à la constitution adoptée par le peuple souverain du Mali en janvier 1992.
L’absence, maintes fois dénoncée, de vision refondatrice de nos institutions et donc de cap du gouvernement dans la résolution du conflit se reflète dans le document paraphé qui n’envisage pas l’avenir du Mali, dans son unité, sa dignité, sa sécurité et prospérité.
L’Appellation «Azawad» citée parmi les trois éléments retenus comme fondements du règlement concerté du conflit et définie comme «une réalité socioculturelle, mémorielle et symbolique», constitue une veritable imposture politique et est porteuse de germes réels de séparatisme qu’aucun Malien ne doit sous estimer.
Le document paraphé conduit le Mali dans un nouveau système d’autonomie de fait des régions avec entre autres, l’élection au suffrage universel direct du président de l’assemblée régionale qui cumule les fonctions de chef de l’exécutif et chef de l’administration de la région. Toutes choses qui seront sources de blocage dans le fonctionnement institutionnel de la région et de l’Etat.
La création d’une police territoriale et la volonté de réserver aux ressortissants des régions du nord, la majorité des effectifs de la fonction publique territoriale sont porteurs de germes d’un régionalisme destructeur pour notre cohésion nationale.
Sur les questions de défense et de sécurité, notre conviction est qu’une armée nationale et républicaine doit être bâtie en dehors de toute considération d’appartenance régionale, ethnique ou communautaire.
L’architecture de l’accord, les multiples engagements, le calendrier de mise en œuvre, les capacités de l’Etat et des collectivités rendent difficile son application ; les mesures préconisées si le calendrier n’est pas respecté peuvent aboutir à des frustrations pouvant conduire à des blocages, voire à des remises en cause.
En somme, il convient que le gouvernement sache que sur de nombreux points, le document paraphé suscite de la part de nombre de nos concitoyens des interrogations et des doutes légitimes.
Parfaitement conscient de l’impérieuse nécessité pour notre pays de parvenir à une paix véritable, juste et durable, l’opposition demande à la communauté internationale et particulièrement aux Etats du sahel et autres partenaires bilatéraux d’entendre les inquiétudes et les angoisses du peuple malien afin que les solutions préconisées aujourd’hui ne soient pas sources d’une plus grande déstabilisation du Mali et de ses communautés.
C’est pourquoi l’opposition démocratique et républicaine ne comprend pas que la délégation gouvernementale ait paraphé un tel document.
Le paraphe du document par le gouvernement sans qu’il le soit par les groupes de la coordination ne cesse de susciter incompréhension et indignation à travers le pays.
La visite de la médiation à Kidal, le 17 mars et le refus de la coordination de parapher le document d’Alger ouvrent incontestablement une crise du processus d’Alger.
L’opposition démocratique et républicaine estime que le Mali doit reprendre le contrôle du processus de sortie de crise et s’engager sur le chemin d’un véritable dialogue inter-malien
Nous lançons un pressant appel à toutes les forces vives du pays afin qu’ensemble nous conjurions les menaces et les dangers qui pèsent sur le Mali. Notre peuple doit se rassembler pour sauver notre Maison commune».
Abou Berthé
Vous vous attendiez à autre chose Mon Général ? après que votre armée eut été battue jusqu’à la débandade, après que des administrateur eussent été froidemement abatus, après que votre votre président eut dépêché un autre président (pas forcement un ami) auprès des Touaregs pour négocier à genou un cessez le feu (il n’y avait même plus de feu en ce moment). Vraiment soyons moins politicard pour reconnaître qu’on ne pouvait mieux avoir.
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