C’est confirmé : désormais, au sein de l’Assemblée nationale, deux pôles de l’opposition font face : l’opposition classique, dite VRD, conduite par le chef de file, Soumaïla Cissé, celle-là qui a jusqu’ici tenu tête à la toute puissante majorité ; et l’autre, la toute nouvelle, forgée par l’alliance ADP-Maliba-Sadi, qui veut faire cavalier seul. D’où une bipolarisation de l’opposition qui risque bien de faire désordre…
A la faveur de la nouvelle rentrée parlementaire, le groupe VRD, jusqu’ici la seule force de l’opposition parlementaire, risque d’être concurrencée par une nouvelle tendance oppositionnelle, cette fois-ci conduite par le groupe parlementaire APD-Maliba-Sadi, dont la déclaration politique a été présentée aux différents groupes parlementaires, et qui se veut totalement différente du premier bloc oppositionnel avec lequel elle n’entend avoir aucun lien idéologique.
Deux groupes d’opposition dans l’Assemblée nationale, qui vont évoluer séparément, en ayant, chacun d’eux, sa ligne politique, c’est paraît quand même inédit, dans un tel contexte politique du pays, où la configuration parlementaire est dominée par une écrasante majorité présidentielle qui sera forcément, elle, bien curieuse de voir comme cette bipolarisation de l’opposition se tramera au sein de l’hémicycle.
Eh bien ! Ici, les choses sont désormais faites : l’’opposition VRD, la classique ; celle qui est dirigée par Soumaïla Cissé, en tant que chef de file, n’aura plus, comme on l’a vu jusqu’ici, dès le début de la législature, le monopole oppositionnel dans l’hémicycle de Bagadadji. Et pour cause ? Le groupe ADP-Maliba-Sadi, forgé par les transfuges de la majorité présidentielle, se réclame alors de l’opposition et veut faire cavalier seul.
L’incongruité dans cette posture, c’est qu’au sein d’une même Assemblée nationale, on risque de voir deux oppositions, totalement affaiblies par leurs propres contradictions, en face d’une majorité, qui n’en demande pas tant, entourée qu’elle est par une opposition divisée, pour jouir de sa toute grande prédominance politique.
En termes idéologiques, les deux oppositions déclarées doivent combattre ensemble, pour faire entendre leurs voix, si tant est que l’objectif politique recherché est celui de la résilience démocratique et parlementaire.
Mais la nouvelle tendance oppositionnelle, dirigée par les transfuges de la majorité présidentielle, ne l’entend pas cette oreille. Le très imprévisible Dr. Oumar Mariko, hier seulement très actif dans la mouvance présidentielle et qui, d’un tour de passe dont il a lui seul le secret, a pu basculer dans l’activisme politique contre ses anciens alliés de la majorité présidentielle, et qui rejoint l’ADP-Maliba, en a décidé ainsi. Ce groupe dissident parlementaire, formé entièrement des anciens alliés du régime, ne fera pas chemin avec le chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé, celui-là même qui en est reconnu comme le chef de file et qui assume d’ailleurs parfaitement bien ce rôle, en donnant une posture unitaire à l’opposition, en dépit de sa diversité politique.
Pour la première fois, cette unité dans l’action va être brisée, au sein de l’opposition parlementaire, parce que le groupe ADP-Maliba-Sadi l’a ainsi voulu.
Dans l’entourage de ce nouveau bloc oppositionnel, qui n’est pas chaud à cheminer avec le chef de file de l’opposition, on estime que les transfuges de la majorité parlementaires, qui veulent alors s’essayer sur le terrain oppositionnel, reprochent à l’ancienne opposition, pilotée par VRD, de ne pas être suffisamment active, en matière de contrôle de l’action gouvernementale. Pour preuve : le grand boss du Sadi, Oumar Mariko, qui a aujourd’hui fait défection dans les rangs de la majorité, a toujours critiqué la VRD de Soumaïla Cissé, à part une seule et insignifiante motion de censure contre le gouvernement, en son temps, de ne pas suffisamment pratiqué les interpellations gouvernementales.
Autre divergence d’approche politique : depuis qu’il était membre à part entière de la majorité présidentielle, le président du Sadi, Oumar Mariko, n’a jamais gobé le fait, pour le chef de file de l’opposition, d’accepter que sa couronne oppositionnelle soit érigée par le truchement d’une disposition réglementaire qui en fixe les contours. Depuis l’adoption de cette loi, régissant le statut de l’opposition, à travers son chef de file, il est de bon ton d’admettre que le président du Sadi, Oumar Mariko, n’y est pas favorable. Prétexte occasionnel ou volonté politique affirmée ? Toujours est-il que même membre de la majorité présidentielle, on le voit, le Dr. Oumar Mariko n’a pas voulu voter cette loi, instituant le statut de l’opposition. Il est donc clair que cette divergence d’approche qui continue aujourd’hui entre les deux blocs oppositionnels qui ne feront pas une seule connexion politique au sein de l’hémicycle de Bagadadji.
« Le vin est tiré, il faut le boire », dit-on très souvent. Même si vraisemblablement, il n’y a pas une grande divergence doctrinaire entre les deux blocs de l’opposition, constitués aujourd’hui au parlement, il est sûr que les Oumar Mariko, de la mouvance ADP-Maliba-Sadi, n’iront pas avec le groupe VRD du chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé, donnant plus nettement l’impression d’une opposition parlementaire qui tire dans tous les sens. Un désordre politique précurseur d’une certaine inimitié au sein d’une opposition parlementaire qui aura du mal à crédibiliser ses actions face à une majorité parlementaire qui ne tardera pas, elle, à s’attirer les dividendes politiques d’une telle déchirure à l’opposition.
La guéguerre politique entre une partie du groupe ADP-Maliba-Sadi, aujourd’hui porté sur les fonts baptismaux, ne date pas d’aujourd’hui. Exacerbée par les rivalités politiques entre l’ex-junte militaire et ses alliés, notamment les Dr. Oumar Mariko du Sadi et ses alliés du mouvement MP22, et la CNDP, hostile à l’ex-junte militaire, et entretenue par l’intransigeance des responsables politiques du Sadi, les divergences politiques entre les deux bords rivaux, bien qu’ils constituent, en grande partie, une forte mouvance de l’opposition, se prolongent, entre eux, aujourd’hui encore, sous des traits encore plus tranchants. Le groupe ADP-Maliba-Sadi ne voulant rien à avoir avec l’opposition classique, ayant un chef de file connu et assurant déjà sa partition politique.
Contrairement au nouveau groupe ADP-Maliba-Sadi, qui n’a pas encore fini de dire tout le mal politique qu’il pense de l’autre mouvance, ayant animé jusqu’ici l’opposition parlementaire, nul n’a encore entendu de celle-ci une quelconque remontrance politique à l’endroit de sa grande rivale.
Chez le chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé, l’essentiel, pour l’opposition, est d’assumer, dans l’unité d’action, ses responsabilités politiques vis-à-vis de la majorité présidentielle. Un pur sentiment politique qui ne suffit pas, pour les transfuges de la majorité présidentielle, pour mettre toute l’opposition dans la même dynamique politique. Au risque de la voir affaiblie et divisée dans un contexte de bipolarisation oppositionnelle, lourdement désavantageuse pour son image de marque ;
PAR Sékouba Samaké
“qui assume parfaitement son rôle” qui suis je pour faire une telle affirmation. la partialité quand tu nous tiens. la rigueur, la morale et le courage ne s’exigent seulement quant il s’agit de faire la politique, les journalistes aussi y ont droit et que font ils? beh, ils roulent pour leurs frais de condiments et s’en prennent souvent malhonnêtement aux autres.
“L’opposition malienne: bipolarisation à Bagadadji:” Hum hum hum? Alors la Majorite serait une pieuvre, n’est ce pas?
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