L’opposition politique malienne était à la maison de la presse ce samedi 14 juillet 2016 pour dénoncer la gouvernance actuelle de notre pays. Les présidents de l’essentiel des partis politiques d’opposition étaient de cette rencontre d’échange avec la presse dont le menu essentiel était les derniers évènements de Gao et par ricochet l’ensemble des grandes questions de la nation. Le maire de Gao Sadou Diallo qui a longuement entretenu les hommes de médias sur la question de la dernière crise de Gao a apporté de nombreux démentis et aussi des éclaircissements sur les questions abordées.
C’est dans une ambiance de meeting que la conférence de presse de l’opposition avait été introduite dans la grande salle de conférence de la maison de la presse, par le chef de file de l’opposition démocratique et président de l’URD l’honorable Soumaila Clissé qui, dans sa déclaration luminaire, a salué la grande mobilisation de la presse. Le président Cissé a d’abord présenté ses condoléances aux familles endeuillées, à la ville de Gao et à l’ensemble de la nation au nom de ses pairs de l’opposition. Auparavant il avait fait observer une minute ce silence en la mémoire des disparus, qui pour lui sont des morts prémédités, car le maintien de l’ordre avait était planifié avec des armes chargées.
Pour le chef de file de l’opposition démocratique, la cohésion nationale est en danger tout comme l’unité de la république. Des propos du chef de file on retient le rappel qu’il a fait de l’ensemble du processus d’Alger qui, tout au long de son déroulement, a enregistré l’opposition systématique des opposants qui ont tout le temps dénoncé ce processus. La motion de censure, la plainte devant la cour constitutionnelle, la marche, les conférences de presse, les communiqués de presse… participent des mises en garde de cette opposition qui a donc usé de tous les moyens pour alerter sur la dangerosité de ce processus de paix. Jamais la république n’a été autant exposée qu’aujourd’hui aux démons de la division, de l’éthnisation et du communautarisme, avec en toile de fond la valorisation de la guerre et de l’usage des armes comme moyens d’expression et de revendication politique.
La concertation politique que prône l’opposition malienne est pour elle la clé du déblocage politique de ce processus de paix qui embourbe le pays, du fait de l’entêtement et du mépris des pouvoirs publics actuels. L’accord de paix issu du processus d’Alger contient les germes de la division de notre pays selon Soumaila Cissé qui plaide pour l’organisation d’une concertation nationale avec les forces vives de la nation pour repenser cet accord et diligenter sa mise en œuvre avec la participation de tous.
Pour terminer son propos, le chef de file de l’opposition a dénoncé : la gestion en catimini de la république, le pilotage à vue, l’instabilité gouvernementale, le mensonge politique…
M Cissé a aussi commenté le dernier discours à la nation du président de la république qu’il a qualifié de pathétique, de squelettique et d’illustration parfaite de la gestion approximative de l’Etat.
Pour le maire de Gao : “ difficile de soigner un mal sans le diagnostiquer “. Ensuite il commente : ” en tant que premier magistrat de la ville de Gao, je ne suis au courant de rien… “. Il précise aussitôt qu’il n’a rien contre les autorités intérimaires et le processus d’Alger qui de nos jours est mal au point, alors il faut le revoir et engager les concertations nationales pour faire avancer le processus qui est en panne. Pour le maire de Gao il est injuste de maltraiter ces jeunes guerriers qui ont gardé la cité quand elle était abandonnée par tous. Ces jeunes ont donné leur vie pour sauver Gao, alors au moment de la paix et des récompenses politiques, il est inadmissible de vouloir se débarrasser de ces jeunes qui ont fait la résistance pour Gao. Le maire qui était hors du pays au moment des faits tire un bilan officiel de 3 morts, 32 blessés par balles et 12 blessés par bastonnade contrairement à d’autres informations qui ont circulé. Il a aussi apporté un démenti sanglant aux allégations qui ont circulé et qui faisaient état de la destruction de sa maison. C’est plutôt la maison du premier adjoint qui a été détruit par des manifestants, parce que le 1er adjoint suite à une manipulation de l’administration avait menacé la population sur des ondes d’une radio de la place.
Pour le président des FARE ANKA WULI, c’est la citoyenneté et la cohésion qui sont mises en cause avec l’étouffement du débat politique. Pour Modibo Sidibé il est impératif d’organiser un dialogue national pour relancer l’accord de paix.
Pour le président Tiéblé Dramé du PARENA, depuis 3 ans le pays est dirigé par la fuite en avant, l’approximation et l’à peu près avec l’exclusion comme stratégie. Alors pour le PARENA il faut un consensus national pour l’application de l’accord à travers des discussions nationales, car il est illusoire de penser que la paix ne va se construire qu’avec les groupes armés. Les questions des journalistes ont porté sur des éclaircissements des différents points abordés notamment sur la question de la position de l’opposition face à l’accord de paix, ou s’il ya une alternative à l’accord ?
Youba KONATE