L’ombre d’un gouvernement III : Le Rpm à l’assaut de la Primature

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Une vue du présidium lors de la conférence de presse
Une vue du présidium lors d’une conférence de presse du RPM (photo archives)

Quatre mois à peine à la Primature, le successeur d’Oumar Tatam Ly semble déjà dans l’œil du cyclone. Au-delà des apparences d’unité et de solidarité manifestée tant lors de la Dpg que pendant la motion de censure de l’opposition, la majorité présidentielle présente plus que de simples fissures. Elle est en proie à de fortes vagues et tribulations auxquelles le Pm Moussa Mara résistera difficilement, tant les enjeux convergent autour sa personne.

 

La majorité présidentielle est en fait secouée par ce qu’il convient de désigner comme une douce bataille de positionnement entre le chef du gouvernement et sa principale locomotive, le Rassemblement pour le Mali. Fort d’une majorité désormais absolue à l’Assemblée nationale, la famille politique du président de la République voit d’un mauvais œil que Moussa Mara, avec un seul député, puisse ambitionner d’étendre son contrôle sur la coalition des partis politiques de la majorité présidentielle.

 

Le différend est consécutif à une tentative manifeste du président de Yelema de s’imposer comme président naturel de la coalition des partis politiques de la majorité présidentielle, à travers un document rendu public dans ce sens. Lequel document retrace le schéma organisationnel et fonctionnel de l’entité politique pro présidentielle.

 

Le projet de statuts et règlement intérieur présenté par le Premier ministre a dû être littéralement censuré et battu en brèche par le secrétaire politique du Rpm, Nancoma Keïta. Ce dernier, dans une note politique produite à cet effet, lui rappelle la nette différence que sa formation politique entend établir entre les concepts de chef de majorité et le statut de président de la coordination des partis politiques de la majorité. Et, l’ancien ministre de rappeler, par la même occasion, le respect dû au fait majoritaire en tant que principal déterminant des principes démocratiques et républicains. Ce n’est pas tout. Au sommet de la formation majoritaire, les prétentions politiques du Premier ministre ont irrité au point de coûter une sorte d’excommunication aux représentants du RPM au cadre de concertation entre formations de la majorité, auxquels le mandat du parti a même été retiré, signalent nos sources.

 

Le Bpn-Rpm n’a pas manqué de soumettre la question au jugement de son président devenu chef de l’Etat, lors de l’audience que ce dernier a finalement accordé à ses camarades après une longue attente. En tranchant la question dans son bunker de Sébénikoro, le président de la République, selon nos confidences, a suggéré au Bureau politique national du Rpm de se concerter là-dessus avec les autres entités politiques de la majorité présidentielle.

 

Il n’en fallait pas plus pour lâcher la meute aux trousses de la Primature. Car, le Rpm, qui a coutume de battre le fer pendant qu’il est chaud, a aussitôt posé les jalons de la prise en compte de la majorité dans la gestion des affaires publiques. Pour ce faire, le rapprochement avec l’Adéma-Pasj a été aussitôt réchauffé à travers une rencontre de haut niveau initié au lendemain immédiat de l’entrevue avec le président de la République et le président du parti majoritaire.

 

La rencontre, qui s’est tenue mercredi dernier au siège du Pasj, aura tenu toutes ses promesses. Non seulement en termes de qualité des dirigeants mobilisés avec la présence massive des membres du gouvernement et de députés, mais aussi des résultats attendus. Les deux partis ayant accordé leurs violons sur la considération du fait majoritaire comme principal facteur dans les rapports politiques.

 

Les suggestions d’IBK auraient-elles été comprises comme une adhésion tacite aux mêmes principes, voire une acceptation de rebattre les cartes ? En tout cas, du côté de l’Adema ainsi qu’au Rpm, on s’en réjouit comme d’une délivrance, prouvant du coup que le quiproquo autour de la majorité présidentielle n’est que la goutte de trop dans le vase.

 

Et pour cause. Il y eût, par exemple, ce fameux déplacement de membres du gouvernement dans la région de Sikasso, à la faveur duquel le Premier ministre, Moussa Mara, a été ouvertement soupçonné, par ses compagnons ministres du Rpm, de manœuvres de noyautage de la formation majoritaire. Un épisode malencontreux qui -il est loisible de le comprendre- s’explique certes par les circonstances de sa nomination ressentie comme une camisole de force, mais qui traduit aussi les implications logiques d’une affectation de la Primature à un acteur peu désintéressé dans la quête de légitimité en adéquation avec l’étendue de ses fonctions.

 

Qu’il tente de le faire aux dépens des autres protagonistes de la scène politique n’est point l’unique enjeu du changement qui guette la Primature. Depuis le troublant épisode de l’assaut raté sur Kidal, les rapports de collaboration entre Moussa Mara et Koulouba semblent entrés dans une phase où, ils reposent plus sur le devoir de loyauté que sur le rendement du service. Au point d’obliger le Premier ministre à vouloir vaille que vaille prouver son mérite et son utilité, y compris par la complaisance dans le statut de fusible pour scandales comme ceux de l’avion présidentiel, des marchés de défense et des rapports peu conviviaux avec les partenaires extérieurs du Mali.

 

En définitive, le président de la République n’a que peu de choses à tirer de son chef du gouvernement. Sa famille politique, le Rpm, qui en a parfaitement conscience, en éprouve forcément la tentation à ne rien faire qui puisse inverser la tendance pour autant qu’elle pourrait lui déverrouiller les portes de la Primature grâce à sa représentativité incontestable. Cette ambition velléitaire a été certes battue en brèche par le porte-parole du Bpn, Boulkassoum Touré, mais il n’y a que le président de la République pour lever l’équivoque en volant au secours de son Premier ministre pour prouver qu’il tient à sa tête.

 

Pour l’instant IBK demeure muet sur la question et ne fait tien pour arrêter une vague qui déstabilise pour le moins la sérénité dans la conduite de l’action gouvernementale.

A. KEITA

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4 COMMENTAIRES

  1. La situation que vit le Mali est due aux actes scandaleux du RPM, IBK et Mara réunis: ils vont détruire le Mali si on ne les arrête pas. C’est un bien commun, le Mali et non une propriété de ces parvenus qui croient qu’ils ont le droit d’abuser du silence des maliens.

  2. Si Mara avait un peu de dignité comme OTL il devrai de lui même rendre le tablier après toute cette polemique autour de sa petite personne à cause de son imaturité, opportunisme, imprudence et son manque de visibilité dans sa gestion desastreuse de l´action gouvernementale. Mais helas!

  3. Si jamais IBK se debarrasse de Mara il va mordre ses doigts, Moussa Mara c’est l’homme de la situation, le Mali est tres pauvre nous n’avons plus besoin d’un nouveau Premier Ministre actuellement. Le probleme du Mali ne se situe pas au changement du gouvernement. Laisser Mara en paix. Ce n’est pas le RPM seul qui a elu IBK, c’est le peuple malien qui a elu IBK.

    • Kébé, si tu dois mourir au départ de Mara tu mourras car un jour de plus pour cet idiot et il détruira ce pays à tout jamais. Alors vas voir ailleurs si le Mali y est. Mara n’ a aucun mérite et c’est vraiment pitoyable

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