Le Mali, notre pays, revient de loin, nous est-il souvent donné d’entendre. Oui, si l’on se réfère au coup d’Etat du 22 mars 2012. Encore oui, si on s’en tient aux événements douloureux survenus au nord du pays, avec son cortège de morts, de déplacés et de réfugiés. Et même les affrontements fratricides entre bérets rouges et bérets verts. La liste des événements malheureux et déplorables n’est pas exhaustive. Mais rien qu’à considérer cela, le Mali revient de très loin.
C
En effet, on aurait dit que c’est maintenant, seulement maintenant, que les hommes politiques donnent l’impression d’avoir pris conscience des dangers qui planaient depuis fort longtemps sur l’existence même de la Nation. À cette façon d’analyser les choses, nous pouvons déjà entendre vos critiques. Mais au-delà de simples justifications de bon ou mauvais aloi, dites-nous seulement ce que vous avez fait pour que ce qui est arrivé n’arrive pas ! Certains peuvent dire : nous n’avions pas la capacité matérielle (c’est-à-dire le pouvoir) d’influer sur le cours des événements. C’est peut-être vrai, sauf que c’est une vision trop réductrice du pouvoir. Pourquoi pensez-vous qu’on parle de pouvoir et de contre-pouvoir ? S’il est vrai que le premier peut avoir des moyens répressifs et coercitifs pour assurer son autorité, il n’en demeure pas moins qu’il est l’émanation du second. Théoriquement, il est le vrai pouvoir. Il faut se donner les moyens de le comprendre et d’agir en conséquence. C’est ce qui a toujours manqué au Malien d’où qu’il soit ! Alors, la responsabilité de tous est établie dans tout ce qui nous est arrivé.
Pour autant, le pire n’est pas derrière nous. Au vu de ce qui se passe sous nos yeux sans que personne n’y prête attention. Il faut barrer la route à ceux qui ont déjà «mangé» ; nous ne voulons plus des gens qui ont détruit ce pays ; il faut des gens neufs ou frais ; il faut… il faut… Tout ça est normal parce qu’il sous-entend que l’on ne voudrait plus revivre ce que nous avons déjà vécu. Et il le faut ! En sommes, nous voulons un changement. Cependant, pour un esprit lucide, le changement ne saurait être performatif.
Peu rassurants, ce sont les faits que : des mosquées deviennent des QG de campagne ; des leaders religieux plient la religion à leur volonté pour faire valoir de prétendus droits ; des candidats qui pensent qu’il serait inadmissible qu’ils ne soient pas à Koulouba. Ce qui est potentiellement dangereux, c’est de cet homme politique qui voudrait réinventer l’histoire du Maliba, qui veut tordre le cou aux réalités sociologiques du Mali… On peut comprendre qu’en période électorale tout soit ou presque admis dans le jeu politique, mais pas l’excès, au point de mettre en péril l’avenir du pays qu’on se propose justement de construire !
De notre point de vue, aucun individu ne saurait se substituer au peuple. Alors sachons raison garder et laissons le Peuple s’exprimer souverainement. Le contexte particulier que nous vivons doit nous l’imposer. Si, l’on ne veut pas définitivement enterrer cette Grande Nation.
Dioukha SORY