Ligne de force – ATT-Moussa Traoré : quand le fils veut réhabiliter le père

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Dans son discours d”investiture prononcé, comme à l”accoutumée, sur le registre de l”élève mal inspiré qui cherche laborieusement ses mots, le président ATT a cru bien faire d”unir, dans un même hommage, "Modibo Kéïta, président de la Première République, Moussa Traoré, président de la Deuxième République et Alpha Oumar Konaré, Premier président de la Troisième République".rn

C”est mélanger la bonne graine et l”ivraie et, dans ce cas précis, l”ivraie, c”est Moussa Traoré.

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Modibo Kéïta a mérité de la Nation parce qu”il est "le père de l”indépendance" du Mali. Il a aussi jeté les fondements d”une économie moderne par la création d”un grand nombre d”entreprises, toutes appartenant à l”Etat – un passage obligé à l”époque – dans les domaines de l”industrie (Sucrerie de Dougabougou, COMATEX) de l”agriculture (SCAER) du commerce (SOMIEX) du transport (COMANAV, AIR MALI) pour ne citer que quelques unes parmi les plus significatives. Il est l”initiateur aussi des grandes écoles qui ont formé les cadres dont l”administration, le système éducatif et les entreprises maliennes avaient besoin : ENA, ENSUP, IPR de Katibougou, Ecole de Médecine. Je passe sur son action dans la formation d”une conscience citoyenne chez le Malien et son combat en faveur de la libération des peuples opprimés d”Afrique et de l”unité du continent, aux côtés de grandes figures comme Mohammed V du Maroc, Gamal Abdel Nasser d”Egypte, Haïle Selassié d”Ethiopie, Habib Bourguiba de Tunisie, Kwame N”Krumah du Ghana, Sékou Touré de Guinée, Léopold Sédar Senghor du Sénégal, Julius Nyerere de Tanzanie, Milton Oboté d”Ouganda.

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Un tel homme, qui s”est totalement dédié à la cause du Mali, de l”Afrique, voire du Tiers-Monde, a droit à l”hommage du représentant au niveau le plus élevé du peuple malien.

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On ne peut pas en dire autant de Moussa Traoré qui a fait arrêter cet homme, l”a gardé dans ses geôles, neuf ans durant sans jugement pour, finalement, le faire assassiner par empoisonnement. Un Moussa Traoré qui, de surcroît, n”a apporté aux Maliens, en 22 années de règne, que misères, souffrances et privations de toutes sortes. A commencer par celle des libertés individuelles et collectives que les forces vives de la nation malienne – les étudiants et les travailleurs syndiqués – dans un sursaut collectif, finiront par lui arracher, lors des "trois glorieuses" des 24, 25 et 26 Mars, au prix de trois morts cents provoquées par la soldatesque du régime en agonie.

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 Un tel personnage, assurément, ne mérite pas de la nation.

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Celle-ci ne s”est pas trompée en le faisant condamner par sa justice, par deux fois, à la peine capitale : pour " crimes de sang " et pour " crimes économiques ". N”est-ce pas le Colonel Youssouf Traoré, un de ses plus proches amis et fidèles lieutenants qui disait de lui qu”"il est le plus grand criminel que la terre du Mali ait jamais enfanté" dans son histoire deux fois millénaire ?

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Alpha Oumar Konaré, qui lui a succédé,  a été, lui aussi, un bon président parce que tout en étant de la même graine de bâtisseur que Modibo Kéïta, il a eu, sur ce dernier, l”avantage incommensurable d”avoir su préserver les libertés chèrement conquises par le peuple et d”insuffler une nouvelle dynamique à l”économie qui était au tapis.

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ATT n”ignore rien de tout cela. Mais il a la conscience torturée d”avoir planté un couteau dans le dos de Moussa Traoré, un homme qui a beaucoup compté dans sa carrière et dont il avait en charge la sécurité, avant de le livrer à la foule des insurgés. Il rappelle Brutus tuant César, lequel l”aperçoit en tombant et murmure : "toi aussi, mon fils…".

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A l”heure du repentir, ATT, roi de l”embrouille et de la triche, glisse le nom de Moussa Traoré, l”ogre tueur d”enfants (dont le même ATT se prétend les amis) parmi ceux des dignes serviteurs de la République.  La manœuvre n”est pas passée inaperçue et a choqué plus d”un. Quitte que ATT se soit remis au service de son maître, qu”il multiplie à son endroit visites nocturnes et cadeaux, qu”il l”envoie se soigner à grand frais dans un pays du Golfe, qu”il fasse de son ancien rejeton son nouvel ami et bras droit. Mais de là à croire qu”il peut effacer sa double condamnation infamante et lui faire une place au panthéon de nos héros nationaux, c”est prendre des vessies pour des lanternes.

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Les vrais patriotes de ce pays n”ont pas oublié et sauront, le moment venu, lui barrer la route.  

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Saouti Labass HAIDARA

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