Si c’est juste au lendemain de la formation du gouvernement de transition que les derniers fidèles collaborateurs d’IBK ont fini par être relâchés du camp de la junte de Kati, c’est que la machine judiciaire, en quête d’une nouvelle virginité institutionnelle, pourrait sévir ou pousser ces dignitaires du régime défunt à au moins… rendre gorge.
maliweb.net – Sous la conduite du nouveau ministre de la Justice, Mohamed Siddat Dicko, réputé teigneux et très engagé sur le terrain de la lutte contre la corruption et la délinquance financière, l’on note des signaux d’un nettoyage des écuries d’Augias au niveau des gros bonnets de l’ancien régime d’IBK.
Libérés le jeudi dernier avec l’exigence de se tenir à la disposition de la justice en cas de besoin, l’ancien Premier ministre, Dr Boubou Cissé, l’ancien président de l’Assemblée Nationale, Moussa Timbiné, l’ancien ministre de la Défense et d’autres officiers supérieurs semblent être en liberté conditionnelle de fait.
Même s’il n’est mentionné nulle part que Dr Boubou Cissé et ses compagnons d’infortune sont privés de leurs documents de voyage, il semble que les nouvelles autorités jouent à l’intimidation en exigeant que ces personnalités se tiennent à la disposition de la machine judiciaire à toutes fins utiles.
Or, ces hauts lieutenants du régime IBK viennent de passer plus d’un mois de détention dans le camp de Kati, sans qu’aucune procédure judiciaire ne soit enclenchée à leur encontre. Mais la question est de savoir si la junte a fait quelques investigations ayant révélé des indices d’indélicatesses à la charge de l’ex-PM et de ses amis. Si tel est le cas, pourquoi le CNSP n’a publié aucun communiqué dans ce sens ? Dr Boubou Cissé, Moussa Timbiné et les autres détenus arbitraires ont-ils des choses à se reprocher ? Le dernier Premier ministre d’IBK a-t-il des soucis à se faire ?
L’on a suivi les réseaux sociaux relayer de nombreuses récriminations et des accusations de détournements présumés sur des cas de mauvaise gestion des affaires publiques, notamment des marchés publics à la charge de l’ancien chef du gouvernement. Et celui-ci, devrait bénéficier sûrement de complicités avérées surtout que Boubou Cissé avait cumulé son rôle d’ordonnateur principal de l’Etat avec le poste d’argentier du pays. De lui également répondaient, pendant plusieurs mois, presque tous les Directeurs des finances et du matériel du pays. Ces responsabilités seront difficilement détachables de présumées indélicatesses dans la gestion des affaires publiques. Mais si le Colonel Assimi Goïta et ses amis ont préféré garder profil bas sur d’éventuelles charges judiciaires contre Boubou Cissé, c’est qu’ils optent pour moins de discours et plus d’actions. Il nous revient que dans ses premiers contacts avec les structures de lutte contre la corruption, Colonel Assimi Goita s’est voulu engagé à faire en sorte que les milliards de F CFA de l’Etat détournés puissent être récupérés et servir au pays confrontés à d’énormes défis.
En clair, le chef de la junte, Colonel Assimi Goïta, devenu vice-président de la Transition, avec des pouvoirs et une influence forte dans l’appareil d’Etat, ne ménagera aucun effort pour que les soupçons de malversations, qui ont écorné la gouvernance IBK ne soient pas sans conséquences. C’est du reste ce qui sera le signal fort de l’amorce d’une nouvelle gouvernance plus vertueuse. Surtout que si le pouvoir de transition ne diligente aucune action judiciaire dans ce sens, les ex-détenus de Kati pourraient saisir, demain, la même machine judiciaire pour « détention arbitraire » à leur encontre. Ce qui ne sera pas sans conséquence…
Boubou SIDIBE/Maliweb.net