L’honorable Soumaïla Cissé : « L’année 2016 est partie sur une note de désespoir et d’inquiétude pour l’ensemble du peuple malien »

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La maison de la presse a servi de cadre, le mardi 31 janvier, à la cérémonie de présentation de vœux de l’honorable Soumaïla Cissé, Président de l’URD, chef de file de l’opposition politique à la presse et aux médias. C’était en présence du représentant de la maison de la presse, Directeur de publication du journal « les Echos », Alexis Kalambry et de nombreux confrères venus pour la circonstance. Le président de l’URD a profité de l’occasion pour dresser un tableau sombre de la situation générale du pays.

Le Maitre de cérémonie, Me Demba Traoré après avoir remercié les journalistes pour avoir répondu massivement à  l’invitation  de l’URD, a indiqué que cette présentation de vœux est une tradition pour le parti. Et jamais, il ne sacrifierait cette tradition comme d’autres l’ont fait, a-t-il précisé. Il n’a pas manqué de mots pour condamner les attitudes de l’ORTM qui selon lui se livre à une tradition millénaire de censure. A l’en croire,  les Maliens continuent de se morfondre dans l’inquiétude et dans la culpabilité.

L’honorable Soumaila Cissé pour sa part dira que l’année 2016 tout en étant riche en évènement  a été très éprouvante pour les journalistes. Citant l’ONG Reporters Sans Frontière (Rsf), l’honorable Cissé a indiqué que 74 journalistes ont été tués en faisant leur métier. Tués tout simplement en voulant informer la population, a-t-il précisé. Tel est le bilan macabre que Rsf a présenté à la fin de l’année 2016, contre 110 décès en 2015, a-t-il commenté. Et pourtant, poursuit le président de l’Urd, Rsf ne se réjouit pas de la baisse du nombre de décès par rapport à l’année dernière. Selon elle, explique M. Cissé, cette baisse s’explique largement par le fait que les journalistes n’ont pas eu d’autres choix que de fuir les pays  devenus trop dangereux pour eux. A en croire le chef de file de l’opposition, son parti est disposé à approfondir et à appliquer toutes les initiatives visant à protéger les journalistes contre les exactions qui sont indignes de notre époque. Si 74 journalistes ont été tués, poursuit Soumi Champion, 348 sont également en prison.  Ce chiffre a bondi de 6% par rapport à l’année dernière. Ce qui est inquiétant, a-t-il commenté. Face  à de telles situations, aucun patriote digne de ce nom ne peut et ne doit se taire, a-t-il dit avec force. Pour lui, la liberté d’expression chèrement acquise doit être jalousement entretenue pour le confort de la démocratie. Au Mali, poursuit-il, le constat est très triste sinon alarmant. C’est ainsi qu’il a rappelé la disparition mystérieuse de notre confrère, Birama Touré du journal « le Sphinx ». Cette disparition, explique l’honorable Cissé, continue de nous inquiéter. C’est pourquoi, dira-t-il, nous interpellons encore une fois de plus les autorités compétentes de notre pays pour que toute la lumière soit faite sur cette affaire.   Dans le même ordre d’idée, l’honorable Cissé se dit inquiet sur les menaces proférées contre notre confrère Adama Dramé, directeur de publication du journal « le Sphinx ». Et le chef de file de l’opposition d’ajouter « une presse libre est la condition d’une démocratie vivante et respectueuse de ses citoyens». A l’en croire et citant Rsf, le Mali a payé le prix fort de la situation dans laquelle le pays a sombré depuis 2012 en faisant la plus forte chute dans le classement mondial du respect de la liberté de la presse de la 25e à la 99e place en 2013, 118e place en 2015 et 122e place  en 2016. « C’est tout simplement honteux », a-t-il martelé. Selon l’honorable Cissé, il nous faut une presse de qualité, disposant de moyens adéquats et de personnels bien formés, gage de saines informations. C’est pourquoi,  poursuit-t-il, l’inscription budgétaire pour 2017 de l’aide à la presse de 100 millions logée à la présidence nous laisse perplexe quant à la sincérité et à la transparence de l’utilisation de cette aide. Il a en outre réitéré la disponibilité de son parti à mener des réflexions dans un cadre plus approprié pour simplement permettre aux journalistes de mieux informer le peuple malien qui a tant besoin d’informations recoupées, de bonnes informations, d’informations vraies. Selon l’honorable Cissé, qui pouvait mieux renseigner le peuple meurtri du Mali sur le très coûteux et luxueux parc automobile de « ma famille d’abord » si ce ne pas la presse. De l’avis du chef de file de l’opposition, les dénonciations des maux  par les journalistes ainsi que les révélations des scandales financiers du régime en place constituent un apport inestimable en vue de la quête de la bonne gouvernance et de la gestion saine des deniers publics. Tout en félicitant les journalistes, le chef de l’opposition les a invités de continuer  à dénoncer les dérives pour le confort de la démocratie. Sur la situation du pays, le président du parti de la poignée de main a indiqué que l’année 2016 est partie sur une note de désespoir et d’inquiétude pour l’ensemble du peuple malien. En 2016 plus de 332 personnes dont 207 civils ont été tuées au Mali, soit une hausse de 121% des victimes, a-t-il précisé.  Concernant les attaques, l’honorable Cissé a indiqué que notre pays a enregistré 385 attaques, soit plus d‘une attaque par jour. A ses dires, plus de 100 morts sont déjà au compteur de l’année 2017.

Il avait auparavant souhaité ses vœux de bonheur, de prospérité, de santé et de paix  à tous les journalistes et à l’ensemble du peuple malien. Un film de 48 minutes retraçant en image  ce qu’a été notre pays en 2016 a été projeté.  On retient de la projection de ce film que le président de la République est sans vision, sans programme et sans solution aux problèmes des Maliens.

 Abdrahamane Sissoko

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