Après l’arrestation de plusieurs responsables de son ministère dans le cadre d’une enquête sur le détournement d’importants financements internationaux, notamment ceux du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, le ministre malien de la Santé, Oumar Ibrahim Touré, a quitté le gouvernement. Selon le communiqué officiel, Oumar Ibrahim Touré quitte le gouvernement à sa demande. Une semaine après cette démission (provoquée?), les regards des observateurs les plus avisés se tournent vers le Bureau Politique National de l’URD, le parti dont est issu le Ministre de la Santé. L’URD, à ce jour, n’a fait aucune déclaration (a fortiori de soutien) sur le départ d’Oumar Touré de l’équipe gouvernementale.
Interrogé sur le silence du parti, un responsable de lURD, sous le sceau de l’anonymat, nous dira qu’après la démission du ministre, le parti a tenu une série de réunions. De ces réunions, il ressort que le parti n’entend pas soutenir le Ministre sortant. Les raisons évoquées sont nombreuses. Par exemple, après avoir été sanctionné et réintégré, le Ministre n’aurait pas arrêté de mettre le bâton dans les roues de son parti. Lors de la conférence régionale du parti à Diré, le Ministre aurait ainsi déclaré que le parti URD n’avait pas de candidat naturel à l’élection présidentielle. Déclaration qui aurait poussé le parti a le mettre sous haute surveillance. Toujours selon notre source, le Ministre Touré, depuis un certain temps, avait pris ses distances vis-à-vis du parti et aurait même manœuvré contre ce dernier.
De toute évidence, il semble que le parti vient de trouver une occasion inespérée de se débarrasser d’un homme qui était devenu indésirable en son sein. En tout cas, l’ex-Ministre de la santé va devoir gérer ses déboires sans l’aide du parti. Des sources concordantes annoncent même avec jubilation que lors du prochain congrès du parti, Oumar Touré sera éjecté de la 2ème vice-présidence de l’URD.
Sur un autre plan, le parti qui, avant la démission du Ministre, comptait trois ministres au gouvernement, entend très bientôt demander au chef de l’Etat qu’Oumar Touré soit remplacé par un responsable de l’URD.
De son côté, le ministre de la Santé démissionnaire s’est dit "serein" dans une récente interview accordée à Radio France Internationale. Une chose est sûre: Oumar Touré joue son avenir politique. Numéro trois de l’URD (deuxième force politique du Mali), Oumar Touré était cité parmi les candidats virtuels à la présidentielle de 2012. Son départ du gouvernement, son lâchage par son parti et la tempête judiciaire qui plane sur sa tête lui laisseront-ils le loisir de continuer à songer au fauteuil d’ATT ?
Abdoulaye Guindo