Le processus du retour à l’ordre constitutionnel va-t-il évoluer vers des élections devant couronner cette période transitoire, avec la levée du blocus politique ? Les avis sont partagés…
En adoptant le décret autorisant la reprise des activités politiques (après leur suspension durant trois mois) lors du conseil des ministres , le gouvernement de Transition semble opter pour la décrispation. Mais il s’agit là d’une volonté à consolider par des actes forts en faveur des forces vives du pays.
En effet, avec cet embargo politique, suivi d’actions judiciaires contre des responsables politiques, l’on a parié sur une réduction drastique des libertés fondamentales. Surtout que ces libertés constituent le terreau favorable à l’animation de la vie politique et l’expression des opinions contradictoires. Or, dans les motivations ayant conduit à la suspension des activités politiques, le gouvernement semblait hostile à des critiques. N’a-t-il pas allégué « la sérénité du dialogue inter-Maliens pour la paix et la réconciliation nationale », pour mettre en congé de force tout activisme politique, même jusque dans les rangs des associations ?
A présent que ce dégel politique est décrété, l’on peut croire que les autorités de la Transition lâchent du lest pour une certaine convergence des forces politiques du pays. Ce sera dans le but de faire baisser l’adversité de la classe politique vis-à-vis du pouvoir du Col Assimi Goïta.
Il va sans dire que la tension née de cette interdiction momentanée de l’activité politique va s’estomper un tant soit peu. Ce qui peut permettre au chef de l’Etat de redorer son blason, du moins au niveau de certaines formations politiques. Ce début de décrispation pourrait être mis à profit pour remettre sur les rails un processus électoral, en « arrêt de rigueur » (jargon militaire qui sied) depuis plusieurs mois.
En effet, même si des observateurs avertis murmurent que le pouvoir ne veut pas hâter la marche du pays vers les élections, il est stratégique de faire croire le contraire. Histoire d’user les chapelles politiques, qui pourront se livrer à des tours de chauffes quasiment inutiles.
La situation ressemblerait étrangement à des footballeurs qui se livreraient à des échauffements réguliers, alors que l’arbitre refuse de donner le coup d’envoi du match ! Ces joueurs s’émousseront sûrement dans leurs ardeurs de préparer une rencontre constamment reportée sine die !
Car, le pouvoir de Transition, dans sa posture géopolitique du moment, résolument engagée dans la création et la consolidation de la confédération Alliance des Etats du Sahel (AES), n’aura pas les élections comme priorité. Comment le Col Assimi Goïta, président en exercice de l’AES peut-il appuyer sur l’accélérateur de la machine électorale ? Même si cette reprise de l’activité politique donne l’occasion de relancer le cadre de concertations Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE)-partis politiques, il n’est pas évident que les préparatifs électoraux reçoivent une impulsion significative. Ce qui fait que le chronogramme électoral se fait toujours désirer. Le retour à l’ordre constitutionnel n’est donc pas au rang des priorités des… bâtisseurs de l’AES !
Boubou SIDIBE/maliweb.net