L’Etat d’urgence punit, mais ne touche pas aux sentiments : La leçon d’une Maire et d’une Député

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Heureusement que nous avons des élus et d’autres responsables qui pensent déjà aux problèmes qui environnent cet après-conflit. En fourrant tous les problèmes, là où nous vivons, dans une camisole de force comme la loi de talion, nous nous entravons nous-mêmes et nous empêchons d’effectuer les changements nécessaires.

Ce que défendent ici les deux femmes dont nous parlerons, c’est de ne plus croire à l’exception malienne qui oxygène le corps social car, pensent Mme le Maire de Goundam et l’honorable député de Bourem, attention à tout repli identitaire au sortir de cette confrontation interne, et qui fait le lit d’un autre extrémisme.  Que cela nous plaise ou non, nous aurons devant nous, chacun de son côté, un certain nombre de tâches à accomplir. Depuis l’année dernière, depuis les premiers affres de ce conflit au Nord, nos compatriotes sont aux aguets. Les Maliens, c’est sûr, ne garderont pas les meilleurs souvenirs de cette énième rébellion touarègue. Il faut dès à présent essayer d’en tirer une belle leçon, ou c’est moins le marché des pulsions qui comptera qu’un admirable partenariat à trouver entre toutes les composantes de nos populations.

On nous dit que le FIDH et autres organisations caquettent. Pas si sûr. Une Maire  et une député invitent à la vigilance.

Elles ont un point en partage : cette terre du Nord, elles y sont nées, y vivent, y dormiront un jour peut-être dans la poussière avec les vers. Cette terre du Nord-Mali est leur cordon ombilical. Les indignations dont font cas ces deux dames sont-elles une stratégie de communication ou un dérapage populiste ? Les mises en garde ont toujours été de toutes les cultures de la guerre, oserons-nous dire. Le seul problème à dépasser : le politiquement correct.  La dictature de l’émotion a un concurrent sérieux.  Or nous le redisons ici : le contrôle sécuritaire n’est pas le contrôle civil. La belle métisse, Mme Seck Oumou Sall, nous dira cette étrange bonté sur RFI : «Le revivre ensemble sera difficile, mais non impossible…». Des plaies sont ouvertes, mais la parole peut redevenir citoyenne. Il faudra «poncer» la décentralisation, faire appel à la société civile, mais aussi remilitariser pour sécuriser les frontières. La séduisante, notre passionaria Maire de Goundam, nous parle aussi de l’épisode du rejet des offres de Ganda Koy et où elle fera appel au Gouverneur de région. Elle nous invite à revoir certains petits comportements actuels dans les regards d’un enfant tamasheq. Quelle tendresse garde-t-elle pour sa demi-sœur tamasheq aujourd’hui mariée dans l’autre camp ? D’une famille peuhle, rien de ce qui est sonrhaï ne lui est étranger aujourd’hui, tant elle a pris le pli. Il faut en finir avec l’ambigüité et l’incertitude car l’émotionnel et l’entre-soi tribal sont des pièces maîtresses de toute contamination. L’impression de présence et la vista que dégage Mme Haïdara née Chato Cissé sont appréciées. Elle, c’est un aiguillon. Veuillez présenter l’addition aux genres du MNLA qui en diront tant. Nos deux épouses susvisées sont des égéries pas comme les autres. Le sol malien sent aujourd’hui la pesanteur de celles par qui le salut viendra. C’est ici, au Mali, que le métissage a montré ses pétales. Mme Haïdara a eu droit à la reconnaissance des populations de sa contrée car elle a réussi à imposer ses questions dans les débats télévisuels. Ce qui est important aujourd’hui pour ces deux grandes dames, c’est de regarder la façon dont les gens vivent, se perçoivent au nord au Sud. Voilà ce que l’Etat doit faire : revenir au centre de toutes les créances publiques, sauf à manquer de cet engagement d’un investissement dans l’avenir.

S. Koné

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