Ce qu”il faut souligner d”emblée est que les vraies questions économiques et sociales ont disparu des débats préélectoraux. Tous les partis politiques à l”exception du parti SADI sont restés prisonniers du consensus (pour telle ou telle raison) et des exigences archaïques des principes de la 5ième République à savoir la solidarité gouvernementale.
Nous sommes de ceux ou celles qui pensent que si un parti politique est représenté au niveau d”un gouvernement, cela ne doit pas empêcher l”état major d”exercer son droit de critique vis à vis de l”action gouvernementale. Aujourd”hui le RPM paie les frais de sa loyauté en se soumettant à des principes dévalorisés de la 5ième République française.
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Je n”invente rien. Regardez tout le comportement de Monsieur SARKOSY dans son propre camp où il est lui-même Ministre. Il a sans cesse critiqué l”action gouvernementale par rapport à tous les points sur lesquels il a marqué et publiquement son désaccord. Ce n”est pas ce que SARKOSY dit dans le fond qui nous intéresse. Mais la forme. Les types de constitution de la 5ième République sont des parures. Ça ne reflète rien. Absolument rien. Qu”il me soit permis de renvoyer le lecteur à tous les mouvements sociaux des deux dernières années en France (Agriculteurs, ouvriers et étudiants, CPE etc.)
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Pourquoi et pour quelle raison tous ces partis se sont tus dans l”absolu pour se dresser maintenant comme un seul contre le système ATT ?
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On apprend que certains chefs de partis politiques rencontraient ATT à Koulouba et lui disaient leurs quatre vérités ! Qui peut croire à cette fable de La Fontaine ?
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Ceux ou celles qui lisent la presse malienne savent que le seul parti au Mali (même si je n”en suis pas membre) qui rend compte publiquement des résultats de ses rencontres avec le Président ATT est le parti SADI de Cheick Oumar SISSOKO et du Docteur Oumar MARIKO. Mais les autres quand ils montent à Koulouba ce sont des questions de postes et de sous ! Pourquoi voulez-vous qu”on prenne au sérieux des gens qui, plutôt que de parler de la nation, se préoccupent de postes et de sous !! (C”est la presse malienne qui l”a dit cf-2004 et 2005).
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La question des paysans de l”Office du Niger, celle des ouvriers de Morila, la privatisation de la CMDT, de la RCFM, la situation des travailleurs de l”HUICOMA qui appartiennent au Groupe TOMOTA, celle des travailleurs de Graphique Industrie et j”en passe.
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Tous ceux ou toutes celles qui touchent à ces genres de questions sont considérés comme des " amerdeurs " et n”ont pas une place de choix ni à l”Union européenne, ni aux USA ! Et pourtant, il se trouve dans le lot des maliens actuels, ceux qui sont très très fiers de leur origine guerrière ou noble. Mais face aux bailleurs et aux reformes néo-libérales ils préfèrent prendre la valisette de sous ? Oublier leurs ancêtres en ce moment. Et plus tard on pense duper ses concitoyens en se présentant comme les hommes de la situation.
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N”en déplaise, cette lutte actuelle est une lutte entre deux importants secteurs de la bourgeoisie qui ont réussi l”exploit d”entraîner avec eux des gens que je crois sincères jusqu”à preuve du contraire. Sinon comment comprendre qu”un jeune parti comme le PARENA qui a soutenu l”une des politiques essentielles de ATT à savoir la LOA se retrouve au FDR ?! Et le FASO du Professeur Issa N”DIAYE. ?!
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Ce n”est pas grave de se remettre en cause ou de remettre ses analyses en cause. Mais si on change de Veste ne le faisons pas à la manière des courants opportunistes ! Qu”on l”explique à son peuple. Ce comportement est admis avec des catégories de maliens et maliennes qui sont venus à la politique accidentellement (ils sont nombreux aujourd”hui au Mali qui ont profité de l”après 26 Mars sans risque antérieur). Mais de tels comportements ne nous font pas honneur de la part de certains camarades de lutte dont les noms sont liés étroitement à l”histoire politique du Mali contemporain.
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Mais pourquoi a-t-on attendu tout ce temps pour dire que " des paroles données ne sont pas respectées ". Qui en était le garant ? Si j”ai touché à l”institution griotique, ce n”est pas parce que je suis dérouté. Non. Je pense que l”un des principes-clés de l”Union Africaine au moment de sa création est le règlement pacifique des conflits. Et le droit conventionnel africain n”exclut pas le recours à la tradition.
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Mieux les constitutions africaines réaffirment leur attachement à la Charte Africaine des Droits de l”Homme et des Peuples qui reconnaît les institutions et les valeurs traditionnelles. Dans cet ordre d”esprit nous sommes (à ma connaissance d”historien des institutions) le pays qui a connu "le système de médiateur " à l”époque de Soundiata KEÏTA (cf. Kuruka Fuga). Le Mali ne manque pas de médiateurs traditionnels reconnus pour qu”ils soient témoins de la situation que nous sommes en train de vivre.
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Au lieu d”aller régler les problèmes à plus de 2.000 km du Mali. Le résultat est connu. C”est le déballage ! Des secrets " attachés " sur le dos du Peuple. Il y en a qui ont le sentiment d”être trahi ! Mais tout malien qui est resté digne et qui marche la tête haute, sait que c”est ce jeu du triumvirat KONARE-I.B.K-A.T.T qui a détruit notre jeune démocratie. Que A.T.T n”ait pas respecté le deal. Cela va de soi. On est en politique bourgeoise et semi bourgeoise! La loi de cette politique est la trahison.
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Devons-nous rester là en contemplateurs ou devons-nous prendre part en s”alignant derrière les deux camps ?
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C”est tout le problème. Des démocrates plus connus que nous autres et bien respectables sont entrés dans le jeu.
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En ce qui nous concerne, l”attitude des vrais patriotes qui ont l”amour de leurs concitoyens (et non des patriotes qui ont villas, comptes en banque et Entreprises à l”étranger pour leurs fils et descendants) consiste à l”opposé de ceux qui spéculent " sur les paroles données " de confronter nos expériences quelle qu”en soit notre diversité et de réfléchir en commun sur les objectifs et les moyens d”industrialisation et de modernisation de l”agriculture les mieux adaptés à nos besoins comme à nos réalités.
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Le constat aujourd”hui est que la première génération du tissu industriel construit par la 1ère République a été complètement détruite. Que reste-t-il des 35 entreprises que le programme du PASEP a couvert?
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Les entreprises ont été à la fois le fruit d”une coopération exemplaire avec les pays communistes notamment la Chine et le labeur du peuple malien.
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Les limites d”un article de presse font qu”il faut envisager d”autres moyens d”approfondir ces questions.
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L”essor des industries au Mali a été très rapide jusqu”en 1979. L”influence de la conception socialiste est restée remarquable surtout dans le concept d”économie nationale planifiée. Avec l”accaparement du pays par la Banque Mondiale et le F.M.I, les conceptions néo-libérales se sont imposées. Jacques Giri dans son constat d”échec déplore que " Les entreprises qui assurent une mission de service public n”ont dû leur salut qu”au soutien des pays occidentaux et, à une quasi-récolonisation " (L”Echec industriel et institutionnel en Afrique. Que faire ? in La France et l”Afrique. Sous la Direction de Serge Michailof, Karthala 1993).
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La thèse de GIRI est que l”industrie africaine s”est effondrée alors même qu”elle " n”avait jamais joué qu”un rôle très marginal sur les marchés mondiaux ". Concrètement parlant, il déplore le niveau de productivité et de compétitivité des industries africaines.
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Deux années après c”est-à-dire en 1995, Jacques de BANDT a tenté de faire " le bilan de ce qui s”est passé depuis le début des années 1960… ". Il retient que " …le projet d”industrialisation des pays d”Afrique subsaharienne, dans les années 60-70, ne pouvait réellement aboutir (…) les exigences organisationnelles de base n”étant pas satisfaites… "
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Il est vrai que Jacques de BANDT dénonce les mesures contenues dans les programmes d”ajustement. Mais tente de démontrer qu”il s”agit d”une " industrialisation en trompe l”œil " en ce que de " véritables processus d”accumulation industriels n”ont pas eu réellement lieu ".
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De BANDT ne nous dit pas clairement s”il est partisan oui ou non d”un système d”économie de marché. Pour lui, son " objectif n”est que de faire le bilan de l”industrialisation " et en concluant, il dit " …qu”il est grand temps de s”atteler à la conception et à la définition d”un modèle d”industrialisation pour les pays d”Afrique subsaharienne ". Dans la mesure où il y”avait un " décalage entre le contexte existant dans les pays concernés et les exigences du modèle que l”on a voulu y implanter de manière abrupte ". (in Entreprises et entrepreneurs africains-Karthala 1995).
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La critique qu”on peut faire des idées de BANDT, c”est que notre économiste en reprochant à l”Afrique le manque " de véritables processus d”accumulation industriels (qui) n”ont pas eu réellement lieu. " récuse volontairement la voie de développement non capitaliste (VDNC) qui avait été une théorie socialiste et mise en pratique dans certains pays africains comme le nôtre et dont les résultats ont été reconnus. D”autre part, de BANDT ne retient nullement dans ses analyses le fait colonial qui a interrompu le processus historique de l”Afrique.
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Ce qu”il faut retenir de notre économiste c”est qu”il prône la théorie de l”économie capitaliste. Ce sont toutes ces démarches intellectuelles qui ont justifié les pratiques des institutions financières internationales, l”Union Européenne et les U.S.A.
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Donc, ce qu”il faut à l”Afrique, c”est le développement de l”initiative privée à travers le financement des Banques.
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En fait, aujourd”hui les grands milieux de la haute finance ont fait dénoncer pratiquement tous les systèmes socialistes soviétiques et les ont mis à terre. Pourtant, l”Union Européenne, comme les U.S.A financent directement les pays. Mais pas dans les mêmes conditions que les anciens pays socialistes.
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Concrètement, à partir de 1990 les capitalistes mondiaux et leurs plumitifs ont détruit tout ce qui ne rentre pas dans les lois de l”économie néo-libérale. Ce qu”on voit aujourd”hui en Afrique et chez nous, c”est la destruction de l”ancien ordre industriel de 1960 à 1980, étant précisé que les théories destructrices ont été posées à partir des années 1990.
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Le rôle essentiel de l”ADEMA-PASJ et tous ceux qui ont géré avec lui (1993 et 1997) a été d”acquiescer devant ces mesures. A défaut de pouvoir résister, on a rejeté les échéances pour ensuite s”enrichir sur les décombres des privatisations.
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En terme économique quelles sont les " nouvelles fondations " que l”ADEMA a laissées à son successeur ? Ce qu”on sait c”est que ATT est présenté, ne l”oublions pas, comme le continuateur des œuvres de Konaré et donc de l”ADEMA.
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A ce titre, il a parachevé toutes les privatisations mais en réhabilitant l”E.D.M-S.A. Toutes ces mesures législatives ont été votées par l”Assemblée Nationale mais il n”y a pas eu de commentaires oppositionnels en terme de parti !
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Du point de vue industriel le pays est aujourd”hui un pays neuf débarrassé des " archaïsmes " comme Jacques Chirac l”a dit au sommet Afrique-France de 2005 à Bamako.
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La grande offensive a commencé, elle est plus implacable que celle de la colonisation ! Demba Bâ de la Banque Mondiale pour l”Afrique l”a clairement dit sur Africable le 13 Février 2007. Ce sont les Banques qui vont financer les entreprises et cinq pays de la sous-région sont les cobails dont la Mali, le Burkina, le Sénégal, etc.
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C”est la fin d”une époque industrielle et le début d”une nouvelle époque. La Chine a modernisé ses industries et prend le devant pour éviter une crise de surproduction chez elle.
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Les capitalistes occidentaux font un forcing. Cela est remarquable. La chaîne Africable joue un rôle éminent dans l”assise de l”UEMOA dans la conscience des africains. Ce que Soumaîla Cissé a fait d”un point de vue capitaliste en 5 ans, son prédécesseur sénégalais Touré ne l”a pas fait. Les 8 pays sont contraints de sortir de leur torpeur moyenâgeuse et pré-capitaliste.
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C”est Soumaîla Cissé qui tient le sabre. Voyez comment Yayi Boni a été récompensé après son passage à la BOAD ! Qui sait ?
rnCe sont ces questions qu”il faut discuter aujourd”hui et éclairer notre jeunesse et non des chants d”hymne national ou la bataille pour " le respect de la parole donnée ".
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