Pour sa toute expérience du genre, en sa qualité de Président de la République élu à travers un vote-plébiscite en juillet-août 2013, M. Ibrahim Boubacar Kéïta s’est conformé à la tradition tout en rompant avec la langue de bois qui rendait cette cérémonie fastidieuse. En effet, en répondant aux différents voeux à lui faits, le Président Ibrahim Boubacar Kéïta a non seulement relevé les acquis de notre pays, mais il a insisté haut et fort, dans le style franc et sans detours qu’on lui connaît, sur les changements attendus par nos populations et l’urgence de remettre le Mali sur pied.
En ouvrant la série des voeux, le Premier ministre Oumar Tatam Ly a salué les efforts accomplis par l’équipe de transition que dirigeait le Président de la République par intérim Dioncounda Traoré. Aussi a-t-il souligné que “l’État est permanence et continuité.”
LE PREMIER MINISTRE OUMAR TATAM LY: “L’ETAT EST PERMANENCE ET CONTINUITÉ”
Si “l’année 2013 avait débuté sous de mauvais auspices”, a souligné le Premer ministre Oumar Tatam Ly, “grâce à la capacité de résilience et au patriotisme de notre peuple et à l’appui précieux de la Communauté internationale, le Mali a pu se relever et a repris sa marche aux côtés des Nations éprises de liberté et de paix”.
Pour en arriver à ce résultat, a indiqué le Premer ministre Oumar Tatam Ly, de nombreuses actions ont été engagées par le Gouvernement dans “tous les domaines de la vie de la Nation”.
Dans le domaine de la Justice. Le Premer ministre Oumar Tatam Ly a déclaré que “l’action du Gouvernement a tendu à la réhabilitation de l’institution judiciaire et à la restauration de l’État de droit”. Il a souligné la création d’“un Pôle Judiciaire Spécialisé” dans la “Lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée”, ainsi que l’adopion, “le 1er août 2013 un projet de loi portant prévention et répression de l’enrichissement illicite”. Ce pour “renforcer la Lutte contre la corruption et la délinquance économique et financière”.
Oumar Tatam Ly affirme que depuis la prise de fonction par le Président Ibrahim Boubacar Kéïta, “cette lutte est entrée dans une phase plus active avec la transmission à la Justice de nombreux rapports de vérification et de contrôle et l’application effective des sanctions administratives”. Et“les premiers résultats tangibles” de cette lutte contre la corruption “attestent que “l’impunité : zéro” n’est pas un slogan”, soutient Oumar Tatam Ly.
Dans le domaine de la Défense et de la Sécurité. “Nos Forces Armées et de Sécurité ont lutté pour que notre pays recouvre son intégrité territoriale et exerce sa souveraineté sur l’ensemble de son territoire”, a souligné le Premier ministre. Il a ajouté que pour donc “conforter notre vaillante Armée et nos Forces de sécurité, 4.000 jeunes ont été recrutés sur une prévision de 10.000 hommes”. Il a précisé que le Gouvernement a “engagé une importante action de formation de bataillons”, consenti “d’importants efforts en vue d’assurer l’équipement des forces armées et de sécurité en matériels roulants et en matériels de communication, de maintien d’ordre et de protection”, engagé “des mesures visant à restaurer l’unicité de la chaîne de commandement et le respect de la discipline…afin de rétablir au sein des forces armées des principes et des règles de base de son fonctionnement”. Ces actions ont été menées grâce au “soutien des forces de la MISMA/MINUSMA et de l’Opération SERVAL” d’une part et, d’autre part, au “partenariat avec la Mission Européenne d’Entraînement (Eutm)”, a déclaré Oumar Tatam Ly.
Dans le domaine de la réconciliation des cœurs et des esprits. Le chef du Gouvernement a souligné que la création au sein de son équipe “d’un département spécialement dédié à la réconciliation nationale et au développement des régions du Nord témoigne de la volonté de prendre à bras le corps le problème du Nord dans ses dimensions économiques et humaines”.
Puis il a déclaré que “la mise en place de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation”, en remplacement de la Commission Dialogue et Réconciliation créée et mise en place par le Gouvernement de transition, “l’organisation des Assises Nationales sur le Nord les 1er, 2 et 3 novembre 2013, le Programme de Développement accéléré des Régions du Nord sont autant d’actions qui vont concourir à créer les conditions d’une paix durable dans notre pays”.
Aussi, le Gouvernement a-t-il “mis en place un programme d’urgence de réhabilitation des infrastructures d’un montant de 11 milliards de Fcfa et organisé le retour de l’Administration dans les Régions de Mopti, Gao, Tombouctou et Kidal. Des primes d’installation ont été octroyées aux agents concernés, à cet effet”, a évoqué le Premier ministre Oumar Tatam pour soulgner les actions engagées pour “assurer la présence de l’Etat dans les zones libérées de l’occupation”.
Toujours dans ce cadre, l’on peut ajouter les actions menées sous le châpitre des “Affaires Sociales et Humanitaires” qui “ont constitué”, seln le Premier ministre, “un domaine prioritaire d’intervention du Gouvernement dans le contexte de crise et de sortie de crise”. Ainsi, a ajouté Oumar Tatam Ly, “des actions dans les domaines de la sécurité alimentaire, de la nutrition, de la santé, de l’éducation ont été engagées en faveur des personnes déplacées estimées à 400.000. Au total, 5.125 tonnes de vivres ont été distribuées”, et “500 millions de Fcfa” ont été mobilisés “pour la prise en charge des dépenses d’électricité pendant trois (3) mois” en faveur des populations du Nord, “à travers un protocole d’entente avec Energie du Mali”.
Le Premier ministre a aussi rappelé que des “actions en direction des femmes”, qui ont payé un lourd tribut pendant l’occupation des régions du nord, ont été faites, à travers “l’appui à certaines femmes et adolescentes des Régions de Gao et Tombouctou en fonds de roulement pour démarrer des activités génératrices de revenus, la dotation de groupements féminins en matériels de transformation agroalimentaire et de production agricole, la poursuite des actions de promotion de l’approche genre”. Et que “dans le même temps, les actions de protection et de promotion de l’enfant et de la famille se sont poursuivies avec notamment des soutiens aux familles déplacées”.
En terme d’éducation et de scolarisation, Oumar Tatam Ly a indiqué qu’“un accent particulier a été mis sur la situation des Régions du Nord et des populations déplacées”, à travers surtout la prise “de dispositions spécifiques” comme l’“organisation de sessions spéciales d’examens”, le “démarrage différé de l’année scolaire”, les “appuis au retour des enseignants dans les régions concernées”. Ainsi que “la reprise progressive de l’électricité dans sept (7) localités du Nord”.
Par ailleurs, le Gouvernement a, dans le cadre de la gestion sanitaire de la crise au Nord, “procédé à la prise en charge de 417 blessés et malades et à l’organisation d’actions humanitaires pour assurer l’offre de soins aux malades”.
Dans les autres domaines, le Chef du Gouvernement a donné des exemples éloquents. Toujours dans son message de voeux au Président de la République, le Premier ministre Oumar Tatam Ly a souligné que:
• “la fonction publique des Collectivités territoriales s’est renfoncée avec le recrutement de 10.000 enseignants et 2.400 agents de santé qui vont combler les déficits en ressources humaines dans ces deux secteurs vitaux”. Alors que dans le même temps “la Fonction Publique” elle-même a “procédé à l’intégration de 651 contractuels sous le régime du statut général, au recrutement de 1.306 agents et au recrutement de 93 élèves fonctionnaires pour la 3ème promotion de l’École Nationale d’Administration (Ena)”.
Toujours sous ce volet, deux autres actions ont marqué l’année 2013: “la collecte de 1 358 offres d’emploi auprès des entreprises”; le “placement de 433 demandeurs d’emplois”; “l’appui à la création de PME/PMI”; l’opérationnalisation du “Centre National de Promotion du Volontariat au Mali” avec notamment “le recrutement de plus de 100 volontaires et leur affectation auprès des collectivités”;
• “les États généraux de la Décentralisation, tenus les 21, 22 et 23 octobre 2013, ont permis à tous les acteurs de passer en revue les acquis et les faiblesses de notre expérience et de proposer des pistes pour réaliser des avancées significatives en la matière”;
•
l’organisation de l’élection présidentielle (les 28 juillet et 11 août 2013) et des élections législatives (les 24 novembre et 15 décembre 2013) a été reconnue “libre et transparente”, consacrant du coup “le retour à la normalité constitutionnelle” et démontrant “la maturité politique de notre peuple qui a exprimé sa volonté de se doter d’institutions légitimes et crédibles” ;
• “l’année 2013 a été marquée par la reprise des relations avec les partenaires techniques et financiers”, à travers par exemple “la signature de nombreux accords de financement dont la conclusion avec l’Union Européenne d’une Convention de financement dénommée Contrat d’Appui à la Consolidation de l’État au Mali d’un montant de 148 milliards de Fcfa et la conclusion avec la Banque Mondiale d’un Sixième Crédit d’Appui à la Stratégie de Réduction de la Pauvreté sous forme d’appui budgétaire d’un montant de 25 milliards de Fcfa”;
• “la qualité du service public de l’électricité a connu des améliorations grâce aux apports de nouvelles installations comme la Centrale hydroélectrique de Félou (27 MW)”;
• “l’accès à l’eau potable et aux ressources en eau a été amélioré grâce à la réalisation de 470 nouveaux ouvrages d’alimentation en eau potable et la réhabilitation de 36 forages”;
• “Les chantiers en cours portent sur la réalisation de stations compactes et d’adductions d’eau potable à Bamako et dans différentes localités du pays”;
• “des réalisations importantes ont vu le jour en 2013 dans le cadre de la poursuite des efforts visant le désenclavement intérieur et extérieur du pays” dont, a dit Oumar Tatam Ly, “la construction et la réhabilitation de routes”, “l’aménagement et le bitumage de voies urbaines”, “l’entretien de 12.530 km de réseau routier”.
Autres investissements lourds faits que l’on peut classer sous le volet des réalisations importantes, mais dans le domaine du Tourisme et de l’Artisanat, c’est “la réalisation d’infrastructures de base, le renforcement des capacités et la préparation de la sortie de crise”;
• “dans le secteur de la Communication et des Nouvelles Technologies de l’Information, les actions ont porté sur la remise en état de fonctionnement de 15 stations de diffusion TV/FM des villes et localités libérées de l’occupation, l’octroi d’une 3ème Licence de Téléphonie ainsi que l’adoption des projets de textes portant création d’une Haute Autorité de la Communication qui aura la mission d’assurer la régulation du secteur”;
• “dans le domaine du logement, les travaux de construction de 1.552 logements sociaux de Bamako qui étaient suspendus en raison des événements de 2012 ont repris le 1er septembre 2013”.
Par ailleurs, a souligné le Premier ministre Oumar Tatam Ly, “les clés des logements sociaux réalisés dans les villes de Dioïla et Koutiala ont été remises à leurs propriétaires dans le courant de décembre 2013”;
• “un programme d’urgence d’assainissement du District de Bamako portant sur l’enlèvement de près de 300.000 m3 de déchets sur neuf (9) dépôts de transit a été lancé le 7 octobre 2013 pour un montant de plus de 998 millions de Fcfa”;
• “dans le domaine de l’Industrie, l’année 2013 a été marquée notamment par l’entrée en production de la « Nouvelle Sucrerie du Kala Supérieur » (N-SUKALA) et de la cimenterie de la Société « Diamant », l’inauguration en janvier 2013 de l’usine de production de fers à béton de l’Industrie Malienne de Fer à Fougadougou (Tienfala) et en avril 2013 de l’usine de montage de véhicules Hyundai à Banankoro”;
• “dans le domaine des Mines, deux (2) nouvelles usines sont entrées en production portant à neuf (9) le nombre de mines d’or en exploitation. La production totale pour 2013 est estimée à 53,501 tonnes d’or”;
• “le lancement de la connexion à l’Internet des Universités de Bamako” a eu lieu le 19 novembre 2013, alors que “le lancement des travaux de construction de la voie d’accès au site de la Cité Universitaire de Kabala” s’est produit le 5 décembre 2013;
• “dans le domaine de la Santé, les actions ont porté sur l’amélioration de l’accessibilité géographique aux services de santé et de l’offre de soins avec notamment l’ouverture de nouveaux services spécialisés dans certains hôpitaux, la construction de Centres de santé de Référence et de Cscom, le renforcement des équipements pour un montant d’environ 3,100 milliards de Fcfa, la poursuite de la lutte contre les maladies à travers l’approvisionnement des sites en antirétroviraux, l’organisation des campagnes de vaccination”.
OUMAR TATAM LY ET SON PROGRAMME D’ACTION DE 2014
Ces différentes actions, constituant un “bilan non exhaustif des activités du Gouvernement en 2013”, témoignent “de la vigueur de notre pays malgré les obstacles et les contraintes du moment”, a déclaré le Premier ministre Oumar Tatam Ly. Mais son Gouvernement n’attend pas s’arrêter en si bon chemin, car il “garde à l’esprit que ce qui reste à faire est considérable tant les attentes de nos concitoyens sont grandes et les ressources limitées”. Surtout que, a déclaré Oumar Tatam Ly en s’adressant au Président Ibrahim Boubacar Kéïta, “les Maliens ont exprimé leur volonté de changement dans le mode de gouvernance et dans leurs conditions de vie”, “en vous élisant à la magistrature suprême de notre pays”. Et c’est donc pourquoi, a relevé le Premier ministre, son “Gouvernement s’est doté d’un Programme d’Action qui fixe ses orientations et priorités pour la période 2013-2018” pour “réaliser le programme” que le Président de la République a proposé aux Maliens.
Le Chef du Gouvernement soutient que “les six (6) axes de ce programme et les actions prioritaires qui y sont retenues s’inscrivent dans la ligne de vision” du Président de la République “et tendent à prendre en charge les sujets de préoccupation de nos concitoyens dans tous les domaines de la vie économique, sociale, culturelle et politique”.
Oumar Tatam Ly promet qu’“au cours de l’année 2014, les efforts du Gouvernement seront consacrés à la mise en œuvre des actions et activités inscrites dans le Programme”.
Une synthèse de Chouaidou TRAORÉ
Le Président IBK au Premier ministre Oumar Tatam Ly
“Si c’est une révolution qu’il faut, alors facilitez-là, et je vous suivrai”
Nous l’avons déjà écrit dans ces mêmes colonnes: le nouveau Président de la République a rendu la cérémonie de présentation des voeux au Chef de l’État moins fastidieuse, en rompant avec la langue de bois qui la caractérisait. C’est donc un IBK des grands jours, avec sa verve et son franc-parler atypique, qui a répondu aux voeux, une sorte de bilan-projection, formulés par le Premier ministre Oumar Tatam Ly. Et lui a édicté un nouveau bréviaire.
Le Président Ibrahim Boubacar Kéïta a tout d’abord souligné, à la suite du Premier ministre que “l’Etat est permanence et continuité”, puis il a salué “le travail accompli dans la sérénité, l’abnégation et l’amour du Mali” par son “aîné le Professeur Dioncounda Traoré, président par intérim de la Transition, et Monsieur Django Cissoko, son Premier ministre, ainsi que tous leurs collaborateurs”.
“La feuille de route élaborée par le gouvernement de transition”, a relevé le Président de la République, “avait deux objectifs : la reconquête de l’intégrité territoriale de notre pays et ensuite le plein rétablissement de notre processus démocratique par des élections présidentielle et législatives.”
Si aujourd’hui “la présidentielle est passée” et que les élections législatives ont donné leurs résultats définitifs, validés par la Cour constitutionnelle, le Président de la République note “toutefois” que “la feuille de route reste actuelle”. “Elle restera actuelle tant que l’Etat malien n’aura pas le plein contrôle de la Région de Kidal, que son autorité s’y exerce, avec sa souveraineté et sa dignité contestée par une minorité de rebelles”, a déclaré le Président Ibrahim Boubacar Kéïta. Une contestation qui n’est pas le fait de “la majorité des Touareg, encore moins des autres composantes ethniques de nos Régions Nord”, a souligné le Chef de l’État en affirmant que “la nuance est capitale”.
Dire cela et refuser le diktat de cette “minorité de rebelles” ne signifie nullement que notre pays rejette l’accord signé avec elle à Ouagadougou en juin 2013. Cette vérité, le Président l’a assené en affirmant que “contrairement à ce qui a pu se dire ça et là, le Mali ne remet pas en cause l’accord du 18 juin 2013. Mieux, je suis conscient que c’est cet accord qui, par le biais d’une élection présidentielle sur l’ensemble du territoire, a permis le rétablissement de la légalité et la légitimité constitutionnelle pleines.”
Le Président Ibrahim Boubacar Kéïta souligne qu’il représente “un pouvoir élu disposant de plus de temps pour régler l’épineuse question du Nord” “ par le dialogue, car c’est ce qu’il y a de plus indiqué entre compatriotes, ce qu’il y a de moins coûteux pour un pays qui a plus besoin d’hôpitaux que de cimetières”. Les conditions de ce dialogue auquel il se dit acquis, le Président IBK les a soulignées une fois de plus: “intégrité préservée et totale du Mali dans ses frontières internationalement reconnues. Et à cette fin, j’ai encouragé et j’encourage encore le gouvernement, à ne ménager aucun effort susceptible d’amener nos frères dissidents à la table de négociation, une fois pour toutes, pour une paix durable et bénéfique pour la Région de Kidal, les autres Régions du Nord malien et la nation malienne dans son ensemble.”
Se félicitant des initiatives prises par le Premier ministre dans ce cadre, le Chef de l’État a déclaré qu’“Il est heureux et significatif que le gouvernement ait pu tenir, dans des délais aussi brefs, les Etats généraux de la Décentralisation suivies des Assises du Nord. Les débats et réflexions stratégiques auxquels ces deux événements ont donné lieu balisent, au-delà du Nord, l’avenir institutionnel du Mali, en mettant les citoyens au début et à la fin de toutes les politiques nationales”.
IBK SATISFAIT DE L’ACTION GOUVERNEMENTALE
En évoquant les actions menées par le Gouvernement Oumar Tatam Ly, le Chef de l’État a félicité le Premier ministre “pour le bilan obtenu trois mois après la formation du gouvernement”, ce grâce au fait que lui et les membres de son équipe ont “su entendre les messages que nous envoient les citoyens maliens” et combattre l’impunité, en se fondant sur le sacro-saint principe que “toute citoyenne malienne, tout citoyen malien est justiciable. Nul n’est au dessus de la loi”.“Il me plaît de vous dire publiquement, a déclaré Ibrahim Boubacar Kéïta, que le gouvernement a su jusque là convertir ce principe en action”.
Rejet de l’impunité certes, mais aussi, a souligné le Président de la République, “tolérance zéro à la corruption, fin des passe-droits et des saufs conduits, il s’agit de ne plus reculer, sans donner, ni dans la chasse aux sorcières, ni dans le sensationnel”.
S’il a félicité le Chef du gouvernement du “bilan obtenu” en trois mois, le Président Ibrahim Boubacar Kéïta s’est aussitôt empressé de lui faire comprendre que le travail reste énorme et doit être poursuivi avec détermination et rigueur. Aussi lui a-t-il édicté une sorte de bréviaire pour les actions à mener dans un proche immédiat. Ce bréviaire se décline en points suivants contenus dans le discours du Chef de l’État:
• “le renforcement des capacités de notre armée doit continuer”, a affirmé le Président de la République. “Les périls de notre espace ne nous laissent pas d’autre choix. Et si une coordination régionale est indispensable pour mieux lutter contre les nouvelles menaces de l’espace sahélo-saharien, seule une réponse nationale de qualité est le gage sûr d’une politique de défense et de sécurité.”;
• “la construction d’une armée républicaine inclusive est impérative et il ne viendrait à l’esprit de personne de sous-estimer cette urgence”;
• “l’amélioration continue du cadre économique. Sans cet équilibre, rien de durable ne peut être entrepris. Il va de pair avec un secteur privé vibrant, une fonction publique mue par la préservation de l’intérêt général et un système d’intégrité public pour que les recettes augmentent, pour qu’elles soient prévisibles et gérées en toute transparence”;
• “Le confort des populations maliennes doit rester votre objectif, Monsieur le Premier ministre. L’eau et l’électricité ne sont pas un luxe. Tout le monde ne peut pas les avoir tout de suite. Mais notre honneur c’est de faire en sorte que l’accès à ces commodités se démocratise et que dans un horizon bref, le maximum de nos compatriotes soit servi.”
LA SALUBRITÉ DE BAMAKO ET L’ÉPANOUISSEMENT DE LA JEUNESSE: DEUX AXES MAJEURS DU BRÉVIAIRE
Dans la série d’actions qui ressortent du bréviaire édicté par le Chef de l’État, le Premier ministre fera certainement très attention à deux d’entr’elles: la salubrité de Bamako et l’épanouissement de la jeunesse. Tant elles ont été formulées solennement par le président Ibrahim Boubacar Kéïta.
En effet, en parlant de la salubrité de Bamako, le Chef de l’État a déclaré que “Bamako est une ville sale, loin de cette merveilleuse perle du Sahel qu’a chanté Fodéba Keïta, dans les années 50. Je ne tolérerai pas la persistance de cette honte. Et je vous en tiendrai personnellement responsable, Monsieur le Premier ministre”. Oumar Tatam Ly est donc averti.
Tout comme il est averti du vif intérêt que le Chef de l’État accorde à la jeunesse de notre pays. Un pays dont “la principale richesse”, a souligné Ibrahim Boubacar Kéïta, “réside dans sa jeunesse”. “C’est elle qui nous tirera vers le haut. C’est aussi elle qui peut nous faire sombrer. Rien n’est au dessus de cette couche qui est au centre de toutes mes promesses. Pas des promesses démagogiques mais des engagements mesurés, réalisables pour un pays qui accepte de se mettre au travail et de créer ses propres richesses”, a ajouté le Président de la République.
Aussi a-t-il souligné avec insistance à l’attention du Premier ministre Oumar Tatam Ly que “tout ce que le gouvernement fera et qui n’ira pas dans le sens de renforcer les capacités de notre jeunesse sera incomplet. Tout ce qu’il fera sans retombées sur l’emploi, la formation des jeunes sera vain”. Puis il l’a exhorté “à utiliser tous les avantages de la transversalité pour qu’à chaque moment, notre jeunesse se sente valorisée, assistée et mise en orbite, du fait de la synergie de l’équipe gouvernementale. Parce que”, a déclaré le Président de la République,“les femmes, les hommes, les jeunes du Mali ont tout le ressort, tout le potentiel requis pour se surpasser et pour faire de leur pays un modèle de performance. La discipline et la rigueur, l’encadrement et les résultats ne sont pas au dessus de nos moyens.”
L’AGRICULTURE, L’ÉDUCATION, LA DIPLOMATIE : TROIS AUTRES AXES MAJEURS
En parlant de l’agriculture et des actions rapides à mener dans ce cadre, le Chef de l’État a dit au Premier ministre que “si c’est une révolution qu’il faut, alors facilitez-là, et je vous suivrai”. Aussi a-t-il rappelé au Premier ministre qu’il a, alors candidat à l’élection présidentielle, “promis de re-faire du Mali le grenier de l’Afrique de l’Ouest. Il nous faudra donc aller au-delà des subventions à l’engrais ou aux semences pour construire un système encore plus performant où nos agriculteurs sont valorisés pour leur travail.”
Le Président ibrahim Boubacar Kéïta a appelé le Gouvernement à “se surpasser pour que ces secteurs en tension (l’Industrie, le secteur minier, le secteur des services, ndrl) soient vite couverts, permettant par là l’émergence de couches moyennes qui partout sont le moteur du progrès social”.
Autres actions d’importance du bréviaire édicté par le Chef de l’État, l’éducation et la diplomatie. Au sujet de l’Éducation, Ibrahim Boubacar Kéïta a déclaré qu’il veut “d’un secteur éducatif qui rende au Mali sa réputation d’Etat sérieux avec des ressources humaines compétentes et intègres”. D’où son encouragement à ce que les deux ministres (celui de l’enseignement fondamental et professionnel et celui de l’enseignement supérieur) coordonnent mieux leurs activités, travaillent en tandem et proposent “les réformes justes et nécessaires que j’appuierai, dans la mesure de ce qui est possible, en étant conscient du caractère stratégique du secteur de l’éducation qu’on ne peut négliger impunément pour sa jeunesse, donc l’avenir, tout l’avenir”.
Avant que ces objectifs ne soient atteints, le Chef de l’État prévient le Premier ministre qu’il ne souhaiterait “pas entendre parler dans quelques mois de sujets fuités ou d’examens achetés. Ce serait intolérable”.
Quant à la diplomatie malienne, Ibrahim Boubacar Kéïta a instruis au Premier ministre “la reprise, dans les meilleurs délais, de la tenue régulière des conférences périodiques des ambassadeurs, selon bien entendu un format à redéfinir.”
Le Chef de l’État a appelé le Premier ministre à initier “une redynamisation, voire, une refondation de la diplomatie malienne”. “Il importe en effet que celle-ci soit plus visible, plus forte et plus souveraine, c’est-à-dire plus équilibrée, plus pragmatique, plus en adéquation avec le contexte d’aujourd’hui, débarrassée de toutes les scories qui se justifiaient peut-être à une autre époque et, surtout, qu’elle soit une diplomatie fondant nos relations bilatérales exclusivement sur les intérêts des deux peuples concernés”, a précisé le Président de la République. Une diplomatie qui “donne une grande place aux diplomaties économique, parlementaire, culturelle, ainsi qu’à la coopération décentralisée”.
Une synthèse de Chouaidou TRAORÉ