Le chef du gouvernement dispose d’indéniables atouts pour se lancer dans la course au trône de Koulouba. Mais sa candidature pourrait se heurter à trois handicaps majeurs.
Le premier, est le facteur temps. Modibo Sidibé ne dispose plus d’assez de temps, pour exprimer puis expliquer le pourquoi de sa candidature. A, environ un an de la date butoir, le frère cadet de feu Mandé Sidibé, ancien Premier ministre et candidat malheureux aux présidentielles de 2002, reste muet sur ses ambitions politiques. « Pour quelqu’un qui veut être Président de la République en 2012, il doit s’exprimer maintenant… », suggère un fin observateur de la scène politique malienne.
Mais, c’est là tout le problème. Le chef du gouvernement, n’a, jusque –là, pas fait cas de sa décision de se lancer dans la course pour le fauteuil présidentiel. Or, le temps est un facteur déterminant. Surtout, en pareilles circonstances. Il faut avoir du temps, pour exprimer sa volonté. Il faut aussi avoir du temps pour se faire comprendre. Ce dont ne semble plus disposer Modibo Sidibé. Surtout, qu’il n’a pas derrière lui, un appareil politique, même de soutenir sa candidature. Et c’est là son deuxième handicap.
Pour gagner, ou du moins espérer gagner une élection présidentielle, il faut s’appuyer sur un appareil politique, solide et efficace. Tous ceux qui, jusque –là, espéraient voir sa candidature soutenue par l’Adema ont fini par déchanter.
Surtout après la sortie médiatique du Pr Dioncounda Traoré, président de l’Adema : « Modibo Sidibé n’est pas un militant de l’Adema… l’Adema présentera en 2012, un candidat issu de ses rangs ». Voilà de quoi couper court aux rumeurs. Seulement, voilà : en politique, il ne faut jamais jurer de rien.
Modibo Sidibé a dans la ruche des partisans prêts à mouiller le maillot pour qu’il soit le candidat de l’Adema.
Mais la politique des trois singes (ne rien dire, ne rien voir, ne rien entendre) adoptée par Modibo Sidibé n’est pas pour arranger ses affaires. Ni celles de ses partisans. Chaque jour qui passe, nous rapproche davantage de 2012. Même si « Van » arrive à surmonter l’obstacle de l’Adema, il lui faut se faire accepter par les Maliens. Du moins une large majorité. L’image de « flic », trop sérieux qui lui colle à la peau, n’est pas un atout. C’est le troisième handicap.
Modibo Sidibé est un « flic ». Un « Général » comme on dit dans l’armée.
Autrement dit, c’est un militaire. Un militaire qui succède un militaire, ça fait tilt. Les Maliens connaissent déjà le pouvoir « kaki » (23 ans de régime dictatorial du Général Moussa Traoré ; 10 ans de régime démocratique du Général A.T.T…). Sont –ils prêts à (re) expérimenter ce pouvoir ? Là est toute la question. Et que penseront les politiques (civils) qui aspirent à prendre les rênes du pouvoir en 2012 ?
Pour s’imposer, surtout dans un contexte aussi trouble, Modibo Sidibé doit se réveiller de bonne heure. Mais aussi, du bon pied. Car les chemins, qui mènent à la colline du pouvoir, sont aussi tortueux que ceux qui mènent au paradis.
Oumar Baby