Les raisons profondes d’un désaveu

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Tentative de justification - Congrès - luxe
SEM Ibrahim Boubacar KEITA

77,62%, un score certes honorable à l’issue de la présidentielle malienne de 2013, cependant loin de refléter la réalité ; d’où la grande désillusion dont électeurs et élu sont désormais en proie depuis un certains temps. Eclairage !

 

Les résultats définitifs du second tour de l’élection présidentielle malienne du 11 août 2013 sont sans appel : le candidat Ibrahim Boubacar KEITA obtient 2.355.394, soit 77,62% contre 679.069 soit 22, 38% pour Soumaïla CISSE pour un taux de participation de 45,73%. C’est, du moins, le verdict rendu par la Cour Constitutionnelle, une Institution loin d’être sans reproche (lire encadré).

 

A l’issue du 1er tour, le président «plébiscité» avait obtenu 39,79% pour un taux de participation de 48,98%. Rien d’anormal ? Ô que si ! Le taux de participation a baissé de 3,25%. Et pourtant, la quasi-totalité des partis et candidats éliminés au 1er tour ont demandé un report de voix sur le candidat Ibrahim Boubacar Keïta.

Il s’agit en l’occurrence de Dramane Dembélé (candidat ADEMA), arrivé troisième ; Housseini Amion Guindo de la Convergence pour le développement du Mali ; Oumar Mariko (SADI ; Mamadou Blaise Sangaré, (CDS), Oumar Bouri Touré (GAD), Mme Haidara Aichata Alassane Cissé, Mountaga Tall (CNID-FYT), Choguel Kokalla Maiga (MPR), Cheick Keita (UDA), Hamed Sow (RTD) ; Oumar Ibrahim Touré (APR) ; Konimba Sidibé (Modec). Quant aux candidats malheureux Moussa Mara (YELEMA), Racine Thiam (CAP), Ousmane Ben Fana Traoré (PCR), Sibiri Koumaré (SIRA), Siaka Diarra (UFD) et Alhousseiny Maïga (PANAFRIK), eux, constitueront un collectif appelant à voter pour Ibrahim Boubacar Keïta. Du beau monde quand même !

Malgré tout cependant, le taux de participation chutera de 3,25% par rapport au premier tour. Là se trouve le premier indice troublant. En clair, tout indique que l’on a délibérément amplifié, voire exagéré sur la popularité du candidat Ibrahim Boubacar Keïta. Il ne s’agissait nullement, en fait, d’un plébiscite. Loin s’en faut.

 

Le saviez-vous ? Le score de 77,62% est irréaliste. Et pour cause. Il ne représente qu’une infime partie (la majorité, certes) des 3.123.127 électeurs inscrits pour une population totale estimée à 14.850.000 habitants (estimations de 2012). Aussi, 3.796.035, soit 55,58% des électeurs inscrits n’ont pas voté. Mieux : ce sont 15,8% de la population malienne, admettons 16%, qui ont voté pour le candidat IBK. Pis, à peine s’il a obtenu le tiers des voix des électeurs inscrits étant entendu que son score reste 2.355.394 voix sur 6.829.696 électeurs inscrits. En clair, les 2.354.693 voix ne représentent que la majorité des 44,42% des électeurs inscrits, encore loin de la population malienne évaluée à 14.850.000 habitants. Parler donc de plébiscite dans ces conditions, demeure un véritable leurre.

L’homme drainait, certes une certaine popularité au moment des faits, mais le phénomène a été tout simplement exagéré. Toute chose qui impactera sur sa gouvernance de l’après-scrutin.

 

“L’hyène au village des ânes morts”

Vous souvenez-vous de ce conte tant amusant qu’instructif ? L’hyène, afin de profiter seule de sa pitance, fit courir dans la brousse la rumeur selon laquelle, il existerait, quelque part, loin de lui, un village des ânes morts où tout carnivore pourrait assouvir son appétit à satiété. Ce fut alors la ruée vers la contrée en question qui n’était, en fait, qu’imaginaire. Mais la rumeur par elle-même répandue, finie par parvenir à l’oreille de l’Hyène. Elle abandonna alors sa carcasse et comme les autres animaux de la brousse, fonça vers le «village des ânes morts».

 

Disons-le tout de suite : la comparaison s’arrête juste au moment où l’Hyène accorda du crédit à la rumeur par elle-même distillée dans la brousse.

 

En faisant admettre l’idée d’un plébiscite qui n’en était pas un, les inconditionnels du président élus lui permettaient d’avoir les coudées franches dans sa gestion. C’est de bonne de guerre. Le hic, c’est comme l’Hyène, ils finirent eux-mêmes, IBK, y compris, à croire à leur propre chimère. Mais la réalité les rattrapa très vite.

 

Quelques indices: les appels à la mobilisation à l’endroit des populations recevront très peu de réponse, voire des réactions timides… Point de round d’observation : les mouvements de revendications sociales entament, en moins d’une année d’exercice, tous leurs droits (un comportement inhabituel) ; l’opposition politique prend subitement de l’ascendance sur la majorité ; la déception ne se lit sur les visages, elle est désormais exprimée à cœur ouvert et elle se meut, lentement mais surement en indifférence, la pire des réponses des gouvernés aux gouvernants. En tout état de cause, pour un président plébiscité, il s’agit d’une grosse anomalie.

En somme, si le camp IBK n’avait pas exagéré sa victoire, elle aurait certainement gagné en humilité et en sagesse et appelé avec succès au sursaut national, à la solidarité, bref à la mobilisation générale en vue de contenir les contraintes du moment. Mais il semble bien seul aujourd’hui. Très peu de ses compatriotes se sentent concernés par ses déboires. Normal : il n’a pas su gagner le 3ème tour du scrutin qui consistait à rassembler véritablement. Une démarche nullement nécessaire pour un prétendant qui croit véritablement avoir été plébiscité à hauteur de 77%. Mais la réalité était autre.

B.S. Diarra

 

Encadré : Faut-il remplacer la Cour Constitutionnelle par un Conseil constitutionnel ?

A l’issue du second tour du scrutin présidentiel, la Cour Constitutionnelle a invalidé88.664 bulletins. C’est tout simplement énorme ! Tenez-vous bien : la majorité absolue était de 1.517.232 voix.

 

Mais la question est plutôt : quels sont les critères d’invalidation ? Une cour a-t-elle le droit d’invalider ou de transférer le suffrage d’un électeur ? Si, oui, c’est le taux de participation qui serait en constance baisse et le pouvoir des urnes en serait affecté. Et pour cause : rien ne sert d’aller voter quand des magistrats droits dans leurs bottes se donnent le droit de jeter votre suffrage dans les poubelles ou de le transférer dans l’escarcelle d’un autre prétendant.

 

En clair, une Cour ne sied pas en la matière. Il faut un conseil constitutionnel, beaucoup plus souple et plus regardant sur la morale politique de la chose. Ses membres ne sont pas forcément des magistrats ; mais de véritables sages comprenant d’anciens présidents de la République ou anciens chefs d’institutions ou de toutes personnes méritantes.

 

La composition de l’actuelle Cour constitutionnelle du Mali ne rassure guère. Tenez : elle (la Cour Constitutionnel) a validé la candidature des bagnards et autres inculpés au motif qu’elle n’a pas été saisie de requête. Et pourtant, elle pouvait s’autosaisir. En tout état de cause, un Conseil, par souci de la morale politique ou de la morale tout court, aurait agi autrement, du fait de sa composition et de la qualité de ses membres (généralement hors du besoin matériel et financier – ce n’est pas le cas pour tout le monde, suivez mon regard).

 

Par ailleurs, la Cour Constitutionnelle malienne se donne tous les droits. Beaucoup trop de droits. Des abus qui risquent bien de la tuer un jour. Vivement un Conseil Constitutionnel.

 

B.S. D

 

Commentaires via Facebook :

5 COMMENTAIRES

  1. Un jouisseur inutile ne peut pas diriger un pays en crise!

    Il faut que cela soit clair pour tout le monde.

    “Non n’tôma tu ne pourras pas”!

    La jouissance, le mensonge et le vol érigés en système de gouvernance sont les plaies actuelles du Mali.

    Un Mali blessé par IBK et sa bande de menteurs professionnels avec en tête le mythomane attitré de la maison Moro Mara qui se prélassent dans notre budget d’État comme des otaries dans le marrais.

    “Non n’tôma tu ne pourras pas”!

    C’est pour cela que les voyous armés du Mnla et autres atardés mentaux sont comme les poissons dans l’eau chez nous. Ces renégats du nord ne trouvent aucune adversité de la part de la bande d’incapables d’IBK qui est dépassé par les problèmes à force de faire la fête dans des avions non mérité.

    “Non n’tôma tu ne pourras pas”!

    Ces incapables vont quitter le pouvoir au Mali en courant, juste une question de temps.

    “Non n’tôma tu ne pourras pas”!

    Wa salam!

  2. Qui le désavoue?pas le peuple malien, ne pensez point que la majorité silencieuse désavoue le président m le journaliste

  3. je suis d’accord avec toi mr le journaliste sur l’opportunité de changer la cour constitutionnelle par un conseil constitutionnel et changez le statut de l’ORTM pour que la télé soit une véritable vitrine d’information et de débats.
    DIEU VEILLE.

    • L’ortm ne va jamais faire de débat car à chaque fois que la majorité laisse des plumes vous aurez un changement de directeur. Pour préserver son poste le directeur de l’ortm n’est autre qu’un griot au service de son maître après tout au Mali l’appel du ventre est plus fort que toutes les autres convictions.

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