Les partis de la mouvance présidentielle et singulièrement le RPM, parti présidentiel, comme un œuf d’autruche dans la gorge, n’a toujours pas digéré le choix de Moussa Mara, candidat malheureux du parti Yèlèma à l’élection présidentielle comme Premier ministre au détriment de leurs cadres. Raison pour laquelle, plusieurs initiatives ont été prises pour le pousser vers la sortie. La dernière action faite dans ce sens pour réduire ses marges est la signature d’une convention par les soixante et deux (62) partis politiques qui se réclament de la mouvance présidentielle.
Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’une nouvelle étape vient d’être franchie dans les difficiles relations entre le Premier ministre Moussa Mara et le parti au pouvoir, le RPM, avec la signature d’une convention par les différents partis de la mouvance présidentielle.
Dans la forme, il s’agit d’une plateforme à travers laquelle, la soixantaine de partis politiques qui se réclament de la mouvance présidentielle, décide de faire bloc derrière le président de la République Ibrahim Boubacar Keita en soutenant son programme.
Ce qui passe par l’animation et la mobilisation des forces politiques et sociales du pays en faveur de la mise en œuvre du programme présidentiel, la création d’espaces d’échanges entre les institutions de la République et la convention des partis politiques de la majorité présidentielle. Mais aussi, des propositions de solutions aux grandes préoccupations de l’heure à l’intention des plus hautes autorités du pays.
Même si le président de la commission technique de la dite convention, Nancoma Keita insiste sur le fait qu’il ne s’agit pas d’un consensus calqué sur le modèle de l’ère ATT, il faut reconnaitre que celle-ci va dans ce sens. Car à part le RPM, l’Adema, SADI, l’ADP-Maliba, rares sont les autres partis signataires de cette convention qui ont une réputation qui dépasse une seule commune du pays. Leur présence au sein de cette plateforme de soutien au président IBK ressemble plutôt à de la figuration, au gré du vent et de leurs intérêts.
Dans le fond, cette convention signée alors que le PM était en tournée dans la zone Office du Niger, le dimanche 7 septembre, serait une manière pour le parti présidentiel de lui enfiler une camisole de force.
En outre, avec cette convention, Moussa Mara qui, par ricochet, était devenu le coordinateur des partis de la mouvance présidentielle, est débarqué de ce poste au profit de Boulkassoum Haidara, un vice-président du RPM. Candidat malheureux aux dernières législatives en Commune I.
Une situation qui réduit sérieusement les marges de manœuvre du Premier ministre, qui, se trouve aujourd’hui très contesté dans la mouvance présidentielle. Pas pour incompétence, mais pour le simple fait qu’il n’est pas issu du RPM. Un vieux combat, car en réalité des cadres du parti présidentiel ne digèrent pas toujours d’avoir été mis de coté au profit de ceux que certains n’hésitent pas appeler des militants de la 25ème heure du RPM.
Ce fut le cas lors du choix d’Oumar Tatam Ly comme Premier ministre du premier gouvernement d’IBK. En effet, alors que ceux-ci pensaient que le poste de Premier ministre était leur chasse gardée, à leur grande surprise, IBK a choisi OTL, un technocrate inconnu sur la scène politique malienne.
Rééditer le complot fomenté contre Tatam Ly !
Très vite, les Maliens seront, dans leur majorité convaincus par la compétence et valeurs intrinsèques de ce jeune Premier ministre qui a réussi à produire des résultats probants en un laps de temps. Ce qui va même pousser IBK à lui réitérer sa confiance lors de la cérémonie de présentation de vœux de nouvel an.
Quatre mois seulement après, à la surprise générale, OTL va démissionner. Certaines indiscrétions ont fait état de mauvaise collaboration entre lui et certains membres du gouvernement en l’occurrence Mme Bouaré Fily Sissoko, ministre de l’Economie et des Finances et Soumeylou Boubèye Maïga, alors ministre de la Défense e des Anciens Combattants.
La suite on la connait, Oumar Tatam Ly a présenté sa démission qu’il a justifiée par une divergence de vue entre lui et le président de la République. Sans compter les « enfantillages » et immixtions du fils du président dans certaines affaires du gouvernement.
Après le départ d’OTL, le RPM qui avait déjà commencé à faire circuler le nom du prochain Premier ministre (Bocari Tréta) sera une fois de plus pris en contrepied par IBK.
Le communiqué lu par le secrétaire général de la présidence, Toumani Djimé Diallo, demandant à Moussa Mara de procéder à des consultations pour former un nouveau gouvernement a été accueilli avec l’effet d’une douche écossaise chez les tisserands où certains ont perdu le contrôle de leur navette.
Dès lors, ce fut le début d’une cohabitation forcée entre Moussa Mara et certains cadres du RPM qui ont juré de le faire partir au moment opportun. Même si les députés ont fait bloc derrière lui lors de la motion de censure déposée contre son gouvernement par l’opposition, le soutien du parti présidentiel à Mara a toujours été précaire. A tel point que certains députés ont vite fait montre de leur haine à sa présence à la Primature, à l’image de l‘honorable Mamadou Diarrassouba du RPM.
Toutes les tentatives de le faire partir se sont révélées vaines pour le moment car, Moussa Mara jouit toujours de la confiance d’IBK. Et c’est ce qui constitue d’ailleurs la pomme de discorde entre les tisserands et le Kankelentigui.
La dernière trouvaille du RPM a été de rassembler tous les partis de la mouvance présidentielle à travers la signature d’une convention, et le choix d’un des leurs pour coordonner ces partis en lieu et place de Moussa Mara, qui jouait jusqu’à ce jour ce rôle.
Toute chose qui réduit, sérieusement, ses marges de manœuvre et s’apparente à une camisole de force.
IBK va-t-il céder à la pression de sa formation politique dont certains cadres commencent à l’accuser de trahison ? Telle est la question qui taraude les esprits. L’avenir nous en dira plus.
G. Diarra