Les martyrs se retournent dans leur tombe

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A l’entrée de Bamako par l’ancien Pont, à première vue, s’offrent au visiteur, l’hôtel Kempeski-El Farouk, l’immeuble fantôme du Crésus déchu (le Mariétou « Palace » de Babani), le monument des martyrs et… la pyramide du Souvenir, entre autres. Mais le moins qu’on puisse déplorer, c’est que cette pyramide est loin de refléter le souvenir du 26 Mars 1991…

Cette pyramide est censée rappeler, à la mémoire collective, ces victimes tombées ou sacrifiées pour la cause de la démocratie. Ainsi a-t-elle été érigée, pour servir de lieu de rencontres culturelles et d’initiation aux droits humains. Et surtout, elle aurait du être une référence, un symbole doté de toutes les commodités, pour les besoins de la cause. Mais ses concepteurs ont oublié de lui restituer sa vocation nationale. Car elle donne, plutôt, l’aspect d’un bunker abandonné, ou d’un donjon poussif du Moyen âge. De par ses vitrines ternies et ses murs d’un jaune pâli, son aspect extérieur donne la jaunisse. Et ses appartements -des bureaux aux toilettes- donnent un air désolant. Bref, bien que conçu après la douleur (les martyrs de mars 1991), ce monument, devrait faire le bonheur des maliens. Que disons-nous, la fierté des combattants de la liberté ! A défaut d’être cassé et rebâti, il devait, au moins, être remis à neuf…

Le premier responsable du monument, Thierno Diallo, y a bien pensé dès le début de l’année. Si bien que, selon des sources bien informées, il a introduit, auprès du Budget spécial d’investissement (BSI), une demande de financement de 100 millions CFA, en vue de retaper l’immeuble. Les travaux de rénovation devraient débuter  en mai pour se terminer en septembre derniers. Mais, là où le bât a blessé Thierno –puisque tout finit par se savoir-, c’est que non seulement il a été mis hors du circuit, mais l’entrepreneur chargé de ladite réfection n’en a fait qu’à sa tête, plutôt… qu’à sa magouille ! Toujours selon les mêmes sources, c’est l’entreprise Chérifla de Mambé, fils de Mafa Haïdara, qui aurait raflé le marché, grâce à la complicité du DAF du Département de la Culture. Un marché estimé à 70 millions CFA ! Et d’après un travailleur de la Maison des Jeunes, rien ou presque n’a été refait, au sein de la pyramide du Souvenir. A part des carreaux et des ampoules remplacés, des fenêtres repeintes, et quelques menus travaux. C’est dire que presque tout le pactole, affecté à ladite rénovation, a été détourné, avec des dommages pour la pyramide. Et des intérêts pour l’adjudicataire du marché.

A tous les coups… et coûts, ce système mafieux de gré à grin (relatif aux liens de complicité) est pratiqué au sein de l’Administration. La plupart du temps, le bénéficiaire rafle le jackpot, en soudoyant les agents impliqués dans l’adjudication du marché. Et chaque pion inclus dans ce circuit mafieux, récolte sa part du gâteau. C’est donnant, donnant, et ni vu ni connu ! Tout ce qui est vu, dans ce système, n’est d’ailleurs connu que des seuls initiés du délit, entendez les personnes indispensables à l’entretien de la chaîne mafieuse. En général, les marchés et contrats sont attribués, sans coup férir, soit aux parents et amis, soit aux plus offrants. Surtout, lorsque leur montant est consistant. Quant au contrat, il est bâclé ou saboté ! Avec, pour corollaire, un retard criard dans le délai d’exécution des travaux…, si jamais ils sont effectués. Ainsi va la vie, sous nos cieux. Et le Directeur de la Pyramide du Souvenir, Thierno Diallo, ne croit pas si bien dire, en confiant sa rogne à un confrère de la place : « Aujourd’hui, j’ai du dégoût pour l’Administration malienne».

Le Viator

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