Les joutes de 2022 fortement hantées par le spectre d’un vote digital : Vers un scrutin à péril irréversible

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L’avènement d’un vote digital semble de plus en plus plausible pour les prochaines joutes maliennes, au regard du grand battage médiatique qui soutient cette option aux inconnues insondables. En tout cas, ses concepteurs ne se lassent pas, depuis quelques jours, de sillonner les états-majors politiques pour sensibiliser les acteurs du jeu électoral malien sur les vertus de leur projet et ratisser large dans les rangs de ses potentiels consommateurs. Une impressionnante offensive de charme qui consiste à prendre langue avec les formations les plus représentatives de la scène ainsi qu’avec d’autres maillons de la chaîne électorale pour le convaincre de davantage du nouvel outil électoral. Il s’agit d’un dispositif électronique d’intelligence somme toute moyenne puisqu’il ne remplace que partiellement les différentes étapes du vote manuel rudimentaire. L’électeur n’est par exemple pas épargné de l’ensemble des opérations mais le processus est substantiellement abrégé et présente, selon ses tenants, l’avantage d’une protection quasi nulle contre la fraude dans les bureaux de vote. Avec le vote digital, exit par exemple les votes multiples ainsi que les marges de manipulation des résultats au dépouillement des résultats. Et pour cause : confondue avec l’isoloir, l’urne électronique produit en même le procès-verbal de chaque bureau de vote réduisant de façon considérable la tâche des juges électoraux.
Le dispositif, qui intègre par ailleurs le couplage des scrutins, aurait déjà fait ses preuves en RDC et va coûter entre 900 000 et 1 million francs CFA l’unité, soit 27 milliards environ pour les 34 000 appareils nécessaires pour couvrir le territoire électoral national. Il n’en demeure pas moins qu’il a suscité des préoccupations partout où ses promoteurs sont passés pour le magnifier. Les interrogations ont surtout trait à l’adaptabilité du vote digital à l’expression des suffrages dans les milieux à forte dominance d’électeurs analphabètes, mais la méfiance vis-à-vis d’un outil peu connu pourrait aussi passer par là. Qui plus est, aucune assurance n’est donnée quant à la protection du système contre d’éventuelles infiltrations par l’acheteur ainsi que la résistance de ses concepteurs à la manipulation. Mais le péril le plus redoutable réside dans les incertitudes fonctionnelles. Ses fournisseurs n’excluent pas par exemple la survenue de pannes électroniques compensables, selon eux, par le recours à des machines de rechange. De quoi faire craindre une foultitude d’anomalies et autant de motifs de contestations inhérents aux interruptions d’opérations. Autre interrogation : comment compiler les données d’une machine endommagée de façon irrécupérable ? La hantise d’une sécurisation du scrutin contre les fraudes pourrait ainsi engendrer des tours incorrigibles susceptibles de déteindre sur l’ensemble du processus.

A KEÏTA

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