Les gérontocrates à la tête de l’Etat : Un cocktail explosif sur fond de chômage galopant

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Le Président IBK avec le nouveau premier ministre, hier à l’aéroport
Le Président IBK avec le premier ministre Modibo Keita

La plupart des jeunes de la génération 1990 n’ont jamais connu d’autres régimes que celui de l’ADEMA (MIRIA, URD, RPM, PDES). Ils ne connaissent que deux présidents : Alpha Oumar Konaré et Amadou Toumani Touré. Hommes ou femmes, ils ont plus de vingt, mais sont gouvernés par des vieux. Un cocktail explosif, sur fond de chômage galopant. Les plus jeunes ont perdu leurs repères que symbolisait la réussite de leurs aînés.

Leur désespérance est quasi générale et la délicatesse de la situation actuelle contribuent à la consolider. Ce sentiment d’amertume se lit  à travers la réponse d’un  élève (mon neveu en classe de terminale à son père qui lui reproche de s’intéresser plus à la musique rap qu’à l’école. «Papa, laisse-moi tranquille avec ton école. Désormais, je sais compter, lire et écrire. Cela me suffit largement pour m’informer sur le monde. Quant à mon soi-disant avenir, il est foutu. Je cherche plutôt à apprendre un petit métier que de continuer d’aller à l’école. Il n’y a plus d’avenir sur ce plan. Tu vois, les aînés qui ont fini leurs études dans des grandes écoles en Occident ou à l’ex-Ecole nationale d’administration (ENA) et l’Ecole normale supérieure (ENsup) avec des diplômes de maîtrise ou de licence, sont toujours au chômage».

Dans cette perspective, on est donc en droit de s’inquiéter des conséquences à terme sur le niveau d’analphabétisme de la population et sur le plan socio-économique. Parmi les défis qui guettent notre pays, il y a la démographie galopante, l’urbanisation galopante des villes, la jeunesse insolente et consommatrice du luxe, le chômage des jeunes diplômés.

La population africaine est très jeune. 60% a moins de vingt ans. Elle n’a vécu ni la colonisation ni les soubresauts des indépendances. Elle a perdu en partie le respect des traditions, de la famille, des pouvoirs. Elle veut sa part et ne reculera devant rien pour l’obtenir, comme le font sous ses yeux des dirigeants avides, des fonctionnaires corrompus. Mais la contestation sociale n’est pas seulement protestataire, cette jeunesse peut être aussi le ferment d’un renouveau de la politique et de la culture, d’avancées vers la modernité, d’intérêts pour les problèmes (…) en bousculant les institutions fatiguées laissées par un XXème siècle improductif.

 

Quelles perspectives à venir ?

A cette question, le scepticisme d’un député, membre de la majorité présidentielle : «La situation du pays est très difficile et complexe à tous les niveaux. Surtout sur le plan politique et le reste ne peut que suivre. Le clientélisme politico-ethnique, facilité par le fanatisme et la corruption, fait que l’intérêt du pays ne préoccupe personne. Chaque homme politique, chaque ministre du gouvernement tend absolument à se servir et à servir son ethnie ou sa base ou les intérêts des siens. Cela se sent même à travers les différents débats officieux en dehors des institutions.»

Les universités du Mali, les lycées et autres établissements publics sont devenus des  dépotoirs insalubres, pas du tout commodes pour l’éducation et la recherche et sont devenus des spectres de la violence et de la contestation. Les politiques exportent leur antagonisme dans les écoles et à l’université. Le redressement du système éducatif national est certes indissociable de la santé financière de l’Etat, de la paix sociale et de la sécurité dans les établissements. La qualité de la gouvernance y est déterminante.

Selon le chef de l’Etat, IBK lui-même, à 71 ans, a au cours d’une rencontre  dit : «on dit que je suis malade. Je ne pourrais pas faire un mandat. Je ferai deux». IBK avait suscité de l’espoir. Mais tout s’est arrêté avec le retour en force dans le gouvernement des délinquants financiers et le traitement réservé à la crise dans le nord du Mali. Les moins de trente (30) ans, qui n’ont vu que l’ADEMA et ses barons, peinent à se faire une place dans une République confisquée par leurs pères. Jusqu’à quand le supporteront-ils ?

Dans l’opposition, c’est la même chose : les chefs des partis sont en fonction depuis leur création. La jeunesse a pour l’heure trouvé d’autres échappatoires : l’alcool, la drogue, l’émigration vers l’Europe ou dans les pays d’Afrique centrale. De plus en plus, les jeunes sont  nombreux dans les mosquées et églises. Cela constitue une vraie menace sur la démocratie. Parmi les menaces qui planent sur notre pays, il y a l’islam, le  tribalisme et enfin la partition de notre pays.

 

C’est la gérontocratie

Le vieillissement du pouvoir est général. Les ministres sont vieux. Les présidents des Institutions sont vieux. Les dirigeants des sociétés d’Etat sont vieux. Les généraux de l’armée et officiers de police sont vieux. Les dirigeants des partis politiques sont vieux. Les membres du Conseil national de la société civile sont vieux.

Fatou CISSE

 

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1 commentaire

  1. Fatou Cissé, ce que vous dites est vrai, mais là n’est pas le problème. Le peuple malien a été grugé depuis les élections de 2013 qui ont vu un conglomérat de groupes islamique-putschiste et administratif imposer IBK. Tous ceux qui connaissaient IBK savaient qu’il n’était pas l’homme de la situation, mais le peuple a été aveuglé par nos dignitaires religieux véreux qui ne voient que leurs intérêts. Tous ceux qui ont contribué à la victoire d’IBK sont aujourd’hui plus que déçus et n’ont que leurs yeux pour pleurer. Il n’est pas trop tard car ce même peuple peut se ressaisir, on l’a vu sous d’autres cieux au BF qui a dégagé Blaise sans arme. Rien ne peut résister à un peuple décidé!

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