Le moins que l’on puisse dire, c’est que les Forces Alternatives pour le Renouveau et l’Emergence (FARE) de l’ancien Premier ministre Modibo Sidibé sont tombées bas. Et même très bas. Ce parti qui est sorti quatrième aux élections présidentielle et législative après le RPM, l’URD, l’ADEMA n’est plus que l’ombre de lui-même. Après le départ de cinq des six députés qu’il a obtenu aux législatives, le dernier, l’honorable Bakary Woyo Doumbia, qui lui était resté jusque-là fidèle est sur le point de se démarquer avec armes et bagages au profit de la CODEM.
C’est triste pour une jeune formation politique, comme les FARE, qui a démarré en grande pompe en envoyant six élus au Parlement national. Une véritable fortune politique. L’histoire des Fare ressemblerait à celle de la CDS-Mogotiya et de la SADI à Bougouni en 1997 et à Koutiala en 2002. Le 1er a réalisé les mêmes performances aux élections législatives de 1997, après le retrait des grandes formations politiques de la course en son temps. Mais, après une décennie de règne sans partage Mogotiya a vu son gain politique s’émoussé comme un morceau de glace laissé à l’air libre. Idem pour la SADI en 2007, où les élus ont quitté pour laisser le seul Oumar Mariko défendre les couleurs de son parti à l’hémicycle. Assistons-nous à de tel phénomène avec les Fares ? Rien n’est moins sûr, attendons de voir la suite, car le temps est le meilleur juge. Mais déjà les faits semblent converger dans cette direction.
Le parti FARE a été créé à la vieille des élections présidentielle et législative de 2012. Mais, le coup d’Etat de mars 2012 avait ébranlé le parti à cause des liens de son candidat d’alors, Modibo Sidibé. Mais, à la reprise des scrutins en 2013, la chance lui avait sourit. Le candidat à la présidentielle, Modibo Sidibé, est arrivé 4ème après IBK du RPM, Soumaila Cissé de l’URD et Dramane Dembélé de l’ADEMA-PASJ. Mais aussi, quatrième aux législatives après le RPM, l’URD et l’ADEMA avec six députés.
Mais au lendemain des législatives, une crise interne éclate. Les secousses ont entraîné la scission du parti. La tendance fidèle au richissime douanier, Zoumana Mory Coulibaly, Amadou Keita, Farouk Camara quitte en apportant avec eux cinq élus sur les six. Les cinq députés élus sous les couleurs des FARE vont montrer leur hostilité au clan de Modibo Sidibé qui a opté pour l’opposition. Modibo Sidibé et la tendance qui lui est restée fidèle, notamment, Mme Gakou Salamata Fofana, Amadou Cissé, prennent le contrôle du parti avec à sa tête le candidat malheureux, Modibo Sidibé. Il est élu président du parti à l’issue du 1er congrès ordinaire, tenu en mars dernier. L’honorable Bakary Woyo Doumbia était resté aux côtés des siens pour animer avec brio l’opposition parlementaire. Mais, cette belle époque semble loin derrière.
A titre de rappel, Modibo Sidibé, lors de l’élection présidentielle est resté fidèle aux idéaux édictés par le FDR : soutenir le candidat de ce regroupement politique qui va se retrouver au second tour de l’élection présidentielle.
Une ligne qu’il a respectée en soutenant Soumaila Cissé, candidat de l’URD au second tour. Tout comme Jeamille Bittar de l’UMAM.
Après les élections législatives et le début de la cinquième législature, cinq des députés élus sous les couleurs des FARE vont s’empresser de créer un groupe parlementaire avec le parti SADI (le groupe parlementaire FARE-SADI). Le parti de l’eternel opposant Oumar Mariko qui a décidé de se reposer en s’alignant cette fois ci dans la majorité présidentielle.
C’est pourquoi, lors du 1er congrès du parti qui a porté à sa tête Modibo Sidibé, candidat malheureux de cette formation politique à l’élection présidentielle, seul l’honorable Bakary Woyo Doumbia est resté fidele au parti sur les six députés des FARE.
Lors des différentes interventions, les cinq députés avaient été priés de se ressaisir et rester fidèles à la ligne de leur parti. Mais en vain.
A la surprise générale, le seul député qui était resté fidèle au parti de l’ancien Premier ministre, Modibo Sidibé serait sur le point de claquer la porte avec armes et bagages pour rejoindre la CODEM de Housseini Amion Guindo, un parti qui fait partie de la mouvance présidentielle.
Et du coup, les FARE qui se vantaient d’être devenues la quatrième force politique du Mali bien que créées à la veille des élections présidentielle et législative se retrouveraient sans député.
Triste sort pour une jeune formation politique à laquelle la chance avait souri. Et pour lequel, l’avenir était prometteur.
G. Diarra