Les élections, un pis-aller prescrit aux autorités maliennes ?

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On sait maintenant ce qu’on savait, c’est-à-dire qu’à propos de la présidentielle du 28 juillet prochain la messe est dite : elle aura lieu. Inutile donc de perdre une partie de sa vie à insister sur les difficultés qui restent encore à traiter. D’un coup de baguette magique, le gouvernement de transition évacuera le problème du vote des personnes déplacées et parviendra à dicter ses lois à Kidal où les rebelles targui du MNLA, à force de provocation et de manipulation, ont fini par allumer un brasier qui a couté la vie à des personnes.

 

 

UrneCertes, le gouvernement de transition n’a de cesse de gager la tenue de la présidentielle dans toutes les régions du pays et en est même arrivé à mettre en confiance les institutions régionale, continentale voire internationale qui, à leur tour, continuent à donner encore plus dans les discours moralisateurs à l’endroit des Maliens. Mais il faut éviter de donner l’air d’une personne qui vient de passer un siècle dans une pièce aveugle, et dire que le dernier développement des évènements à Kidal vient corser un climat électoral déjà bien tendu par l’abdication d’un candidat (il s’agit de Tiébilé Dramé), les imperfections concernant le fichier électoral… En clair, la situation à Kidal pousse à livrer un constat qui est que l’accord de paix signé à Ouagadougou, le 18 juin dernier, entre le gouvernement de transition et les rebelles targui est d’une fragilité troublante. Et l’auteur de ces lignes est toujours d’avis que cette paix n’est que de papier en considération du fait que les groupes rebelles-MNLA et HCUA bien sûr !-, sans craindre de se tromper, n’ont signé l’accord qu’après avoir pris conscience de leur incapacité de résister aux assauts de l’armée malienne. Sinon qui peut trouver meilleure explication à la tension entre les populations de Kidal à l’arrivée de l’armée malienne dans cette ville ? Hormis la manipulation à laquelle ils sont sujets, à quel saint peuvent se vouer des jeunes touaregs pour manifester à Kidal contre l’armée malienne ? Mais de quoi le MNLA et le HCUA sont-ils l’emblème ?

 

 

Et d’ores et déjà, le ‘’on vous l’avait pourtant dit’’ commence à résonner dans la tête des autorités maliennes de transition qui sont comme prises dans une souricière qu’elles ont elles-mêmes posée. Dès lors, qu’on le veuille ou non, ces questions se posent encore : pourquoi avoir accepté les mains tendues de groupes rebelles qui n’ont eu aucune crainte d’allumer la flamme terro-djihadiste qui a failli et les emporter et emporter l’Etat malien ? Pourquoi signer un pacte avec le diable quand on doit y perdre son âme ?

 

Bien entendu, toute tentative de réflexion sur ces groupes rebelles touaregs est facilement assimilée à de la compromission dans une grande partie de l’opinion publique internationale. Mais cela ne doit pas aussi pousser à se jeter dans les bras de la cécité. De fait, les autorités maliennes ont été bel et bien averties qu’il y a des mains tendues auxquelles il ne faut pas répondre. De plus, il est évident aussi qu’il y a des gens dont il faut à tout prix se débarrasser –comme cela a été le cas avec les terro-djihadistes d’AQMI, du MUJAO ; et pourquoi cela n’a pas été appliqué  aux rebelles du MNLA et du HCUA ? N’en déplaise aux spécialistes es-charabia qui ligotent intellectuellement nos masses, nous saturent d’expertises renversantes sur ce problème, le MNLA et le HCUA, il faut le dire, ne sont que des mouvements recyclés appartenant à Ansardine d’Iyad Ag Ghaly.

 

 

Et comme indiquer plus haut dans ce texte, les jeunes touaregs qui braillent à Kidal leur volonté de voir l’Azawad( ?) indépendant sont à la solde du MNLA qui reste pendu à ses revendications séparatistes. Et on comprend sans mal que les élections à Kidal s’annoncent sous de funestes auspices.

 

Par ces temps où le Mali est obligé d’avancer, la question du report de ces élections est taboue.  « Le Mali prend dangereusement le chemin emprunté par la RDC depuis 2003. Avec la bénédiction de l’ONU. », m’a écrit du Brésil un ami congolais, blogueur, étudiant en Sciences Politiques. C’est une comparaison à laquelle je n’adhère pas. On sait que les élections tenues en 2006 en République Démocratique du Congo ont donné à ce pays de tourner la page après des années dominées par le pouvoir autoritaire de Mobutu Sese Seko, et aussi des guerres provoquées par la rébellion de Laurent-Désiré Kabila en 1996. Pour parvenir à une stabilité politique et sociale, le Gouvernement de Transition, nommé le 30 juin 2003, dirigé par un président et quatre vice-présidents, a organisé, avec l’accompagnement de la communauté internationale, des élections en 2006 remportées par Joseph Kabila. Fermons cette parenthèse. Mais, on rencontre dans la situation malienne les mêmes contraintes qui ont conduit la R.D.C aux élections en 2006 : la faiblesse institutionnelle, l’insuffisance des ressources matérielles et financières de l’Etat (ce qui nécessite une contribution de la communauté internationale), le problème de la restauration de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire national et l’insécurité. C’est peut-être en cela que la situation malienne ressemble à celle qu’a connue la R.D.C il y quelques années. Et, à n’en point douter, les contraintes évoquées suffisent à convaincre quiconque de la nécessité d’aller aux élections. En attendant, le Mali a les pieds dans la merde.

Boubacar Sangaré   

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