En séance plénière de la session extraordinaire de ce mois d’octobre 2019, le samedi dernier, Place de la République, les élus du peuple n’ont pas manqué de relever la mauvaise gouvernance financière du pays, en s’appesantissant sur le cas d’EDM-SA, la Douane et d’autres secteurs de l’économie nationale.
Présidée par le titulaire du perchoir, Issiaka Sidibé, cette séance plénière consacrée à l’adoption de la loi de finances rectificatives 2019. Le texte était défendu par le ministre délégué de l’Economie et des finances, Mme Barry Awa Sylla. Celle-ci a eu toutes les difficultés du monde pour convaincre les représentants du peuple sur les difficultés de trésorerie, la question du Budget spécial d’investissement (BSI), la faiblesse de certaines recettes, la crise dans le fonctionnement de l’EDM-SA, etc.
Pour le président de la Commission des finances de l’Assemblée Nationale et son Rapporteur, respectivement Abdine Koumaré et Yacouba Michel Koné, les modifications de la loi de finances 2019 concernent d’une part, le niveau des ressources de l’Etat ; et, d’autre part, les charges de l’Etat.
Au plan des ressources, il est question de l’augmentation nette des recettes budgétaires de 31,524 milliards F CFA (résultant des recettes nouvelles de 121,647 milliards de F CFA et d’une diminution des prévisions existantes de 90,123 milliards F CFA). Sans oublier la diminution nette des ressources de trésorerie de 18,642 milliards de F CFA (résultant des ressources de trésorerie nouvelles de 75,358 milliards de F CFA et d’une diminution des prévisions existantes de 94,000 milliards de F CFA).
Pour ce qui concerne les charges de l’Etat, il est question de la réduction nette des dépenses budgétaires de 22,658 milliards de F CFA (résultant de nouvelles dépenses de 71,342milliards de F CFA et d’une diminution des prévisions existantes de 94,000 milliards de F CFA). « Ces ajustements ont tenu compte des objectifs macro-économiques et de soutenabilité de la politique budgétaire de l’exercice 2019 », a précisé le Rapporteur.
Santé financière moribonde de l’EDM-SA
Il a, en outre, mis l’accent sur la situation de l’EDM-SA avec des milliards qu’injecte l’Etat dans cette société. « La santé financière de l’EDM-SA est moribonde… Les problèmes réels de l’EDM ne sont pas que structurels. Sa gestion mérite une attention particulière », a indiqué le député Yacouba Michel Koné.
Sans compter que l’insécurité grandissante dans une bonne partie du pays avec toutes ses conséquences sur l’activité économique. Ce qui fait que la douane n’est pas opérationnelle sur les 2/3 du territoire national. « Aujourd’hui, nous sommes en droit de dire qu’au niveau de la Direction nationale des douanes, il existe un problème d’organisation et de ressources humaines », a signalé le député rapporteur, comme autres insuffisances dans la gestion financière du pays.
Pour les députés Moussa Diarra, Belco Bah, Dédéou Traoré, Sory Ibrahim Kouriba, Bakary Fomba, Aziza Mint Mohamed, Pr Kalilou Ouattara, le gouvernement fait preuve de laxisme et de négligence coupable dans la gestion du pays. Ils citeront les lenteurs de procédures pour les avis et les non-objections par rapport aux projets liés au BSI ; ce qui tend à décourager les PTF du Mali. D’autres griefs ont porté sur le risque de bradage de l’EDM-SA, soutenu financièrement par l’Etat, malgré sa mauvaise gestion (paiement d’un treizièmes mois de salaire aux agents, paiement de 10 % de consommation d’électricité, etc). « Les problèmes de l’EDM sont connus il y a longtemps et on ne comprend même pas pourquoi l’Etat préfère encore la location des groupes électrogènes et refuse d’investir dans la production et la distribution de l’énergie », a relevé Bakary Fomba.
D’autres intervenants ont mis l’accent sur plusieurs cas de gestion non-efficiente des ressources financières de l’Etat comme pour dire que l’Etat doit faire plus d’effort pour sortir le pays de la mauvaise passe dans laquelle il se trouve.
Ce qu’a admis la ministre chargé de l’Economie et des finances en affirmant avoir déjà commencé la mise en œuvre des recommandations formulées. Il s’agit de « tout mettre en œuvre pour trouver une solution à l’épineuse question de la faiblesse de la consommation des fonds du BSI financement extérieur ; mener une réflexion approfondie sur le secteur de l’énergie pour élaborer un plan de redressement dudit secteur ; assister à travers le ministère de la Défense et des anciens combattants, les agents des douanes dans leurs missions sur le terrain dans les zones d’insécurité ».
Bruno D SEGBEDJI