Les députés dans une logique de rejet du quota des 30 %

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Assemblée nationale (photo archives)

Elaboré pour propulser les femmes aux instances décisionnelles, le projet de texte a visiblement du plomb dans l’aile. En dépit des lobbies et autres offensives de charme tous azimuts, de la part notamment de la gent parlementaire ainsi que des organismes et Ong féminins, l’initiative sera vraisemblablement enlisée dans les dédales d’un carrefour d’obstacles où convergent pesanteurs socioculturelles et considérations et rationnelles.

 

Tant d’efforts ont été pourtant déployés, ces derniers temps, en vue de ratisser le plus large possible au profit de la loi soutenue par le département de la Femme de l’Enfant et de la Famille. Le texte a tout naturellement bénéficie d’un écho favorable par la gent parlementaire qui l’a soutenu à bout de bras par ce qu’elle compte de plus célèbres personnalités parmi les femmes élues. C’est ainsi que le Réseau des femmes parlementaires, sous la houlette de Mme Haïdara Aïssata Cissé, s’est employé à multiplier les actions de sensibilisation en direction des autres composantes parlementaires ainsi que de la société civile, par le biais notamment de séminaires et ateliers sur la portée et les contours de la position politique de la femme, son impact sur les décisions et l’élaboration des politiques publiques. Après un conclave exclusivement dédié aux femmes dans ce sens, l’ensemble des 127 parlementaires de l’hémicycle, en plus de leaders de partis politiques, a été la cible d’intenses plaidoyers de la part des tenants des infatigables défenseurs de l’émergence politique de la gent malienne via une disposition légale contraignante.

 

Leurs efforts semblent pour le moins en deçà des fruits attendus car les députés maliens ont rarement été aussi rétifs à une loi, s’il faut en juger par les bruits qui courent dans les couloirs de l’hémicycle et u sein des différents groupes parlementaires, indépendamment de toute tendance politique.

 

La ministre de la promotion féminine l’a du reste appris à ses dépens, lors de son dernier passage à la commission parlementaire dans le cadre de la procédure législative. Elle a beau défendre que la loi en question découle d’une promesse de campagne du président de la République en personne, son secours ne semble guère persuader les députés la majorité d’entre lesquels lui oppose d’ailleurs des arguments tenant tout simplement du rationnel et de la realpolitik.

 

Selon les dispositions du projet de loi, en effet, 30% au moins des sièges doivent être dévolus à des femmes sur les listes électives. Ce qui contraint les formations politiques à faire la part belle à la gent dans l’élaboration des listes, mais en les exposant davantage à l’éprouvante bataille de positionnement qui fragilise déjà leur cohésion. En clair, les partis politiques reconnaissent tous que l’application d’un quota de 30% systématiquement réservé aux femmes réduit considérablement leurs marges de manœuvre pendant les conférences électives si difficiles à contenir à cause de la convoitise des postes. Qui plus est, la plupart des parlementaires sont convaincus que des listes risquent tout simplement l’invalidation faute de pouvoir atteindre le quota de femmes requises dans les nombreuses localités où les candidatures féminines ne courent pas la rue.

 

Par delà leurs motivations réalistes, les élus de la Nation relèvent également des lacunes rationnelles dans le projet de loi, qui éprouve un réel mal à quitter la procédure législative pour atteindre l’étape de la délibération. La ministre de la promotion féminine a dû par exemple affronter sans réponse appropriée l’épineuse équation de pouvoir appliquer le quota des 30% de femmes aux circonscriptions électorales ne disposant que d’un seul et unique siège.

 

Une véritable quadrature du cercle demeurée pour l’heure sans réponse, tout comme les nombreuses pesanteurs socioculturelles qui constituent autant de freins à une l’émergence de la gent féminine dans les instances décisionnelles au Mali. C’est le cas, par exemple, pour le titre de membre des conseils de village. Depuis l’avènement d’une nouvelle loi y afférente en 2006, il est conditionné à un scrutin en bonne et due forme comme pour les communales, les législatives et autres.

 

Or, avec la prédominance actuelle de mentalités hostilités en zones rurales, il parait impensable, selon toute évidence, d’imposer un quota de représentativité des femmes au sein desdits conseils.

 

Ce n’est pas tout. L’épisode du Code des personnes et de la famille semble être passé par là. Nombreux sont les députés qui craignent en effet de revivre une rupture semblable à celle que la précédente législature a connue avec le redoutable monde musulman.

Par conséquent, le projet de loi instituant les 30% de quota au bénéficie des femmes au postes électifs n’a aucune chance de prospérer s’il était soumis à la délibération des députés.

 

Quoiqu’il s’agisse d’une promesse ferme du président de la République de sa campagne présidentielle.

 

  1. K.

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2 COMMENTAIRES

  1. En démocratie fixer un quota?
    Je suis pour la première foi avec ses corrompus de députes.
    Pas de quota, pas de discrimination.
    Égaux devant la constitution nous sommes.

  2. Au Mali, il n’existe pas institutionnellement de discrimination basée sur le sexe. Cela serait contraire à la Constitution. Alors qu’elles gagnent leurs postes au mérite et non à la faveur d’un certain quota discriminatoire réservé à la gente féminine et qui au contraire les infériorise.

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