Anw bè sa i no fè! Ce qui veut dire en langue bambara nous sommes prêts à mourir pour toi. C’est le slogan que scandait une foule en liasse dans un stade de la place pour un candidat aux législatives du 24 novembre 2013. Et oui ! «Nous sommes prêts à mourir pour toi». De tels slogans sont fréquents à l’approche de chaque élection.
Ceux qui scandent ces slogans semblent certainement oublier que le candidat pour qui ils seront prêts à mourir n’osera jamais se blesser pour eux.
Certains le diront pour de l’argent, d’autres par plaisir de le dire et d’autres encore, par pur ignorance. Toujours est-il qu’il est plus facile de dire vouloir mourir pour quelqu’un que de le faire.
Les campagnes chez nous, c’est comme ça, la fête : cortège à moto et voiture avec des acrobaties de tout genre, danse au rythme du fameux son anw bè sa i no fè ! Souvent, la fête va jusqu’à se confondre à la folie, ce qui amène à croire que beaucoup sont prêts effectivement à mourir pour leur candidat. Et chez nous, quand le peuple dit : « anw bè sa i no fè ! », c’est qu’il a pris beaucoup d’argent et généralement, il tient sa promesse en votant pour son moins que rien de candidat qui l’entrainera dans sa tombe de «anw sara i no fè ! » (Nous sommes morts pour toi).
Ah ! Mais cette fois ci, ça na pas marché dèh ! Le brave peuple a pris l’argent en disant « anw bè sa i no fè «! » Il a affiché les portraits de campagne partout comme il sait bien le faire. Il n’a surtout pas manqué de chanter et de danser au son du « anw bè sa i no fè ! » Mais finalement, il a refusé de sortir mourir pour son candidat montrant ainsi comme le dit un adage courant : « chaque jour est pour le voleur mais un seul jour pour le propriétaire ». Qui serait fou ?
Et pourtant, il fallait vraiment ça! Comment accepter ces alliances cupides ? Comment accepter un autre consensus qui trainera le pays à nouveau dans un gouffre ?
Si les présidentielles avaient été un succès et saluées par tous, c’est seulement à cause de la forte mobilisation des électeurs maliens et cette fois en refusant de sortir comme ont l’attendait est une gifle contre la classe politique et l’exécutif malien.
Amadingué Sagara
…une foule en liesse et non une foule en liasse (liasse = plusieurs. ex: liasse de billets de banque ou une liasse de papiers). C’est compris petit dogon ?
Comments are closed.