« Nous sommes des abeilles travailleuses, disciplinées et soucieuses de la pérennité de leur ruche ». Ainsi a parlé Dioncounda Traoré, porte-drapeau comblé mais au triomphe modeste, présidant la cérémonie qui l’a consacré candidat de l’Adéma-Pasj à la présidentielle de 2012.
Les délégués nationaux et internationaux du Parti africain de la solidarité et de la justice se sont rencontrés en congrès dans la salle du cinéma Babemba ce samedi, 30 juillet 2011, pour procéder à l’investiture officielle du porte-drapeau de leur formation, le Professeur Dioncounda Traoré. Fait notoire, tous les grands partis de la place ont pris part à cette cérémonie d’investiture. En choisissant le cinéma Babemba, les abeilles ont sûrement émis un message clair : celui du refus des compromissions mortelles dans l’adversité et, aussi, celui de remplir dignement leurs devoirs politiques par rapport à la prochaine consultation électorale majeure, ainsi que le Roi Babemba Traoré s’est comporté face à l’envahisseur colonial français. Babemba Traoré ou Dioncounda Traoré, Koulouba n’est pas si loin de Ouolofobougou : il faut juste lever les yeux pour apercevoir l’immense bâtisse où siège le président de la République du Mali, lieu de convoitise en 2012.
Depuis un certain temps déjà, la Ruche était en effervescence. Car les abeilles conformément, aux dispositions de leurs textes, avaient procédé à des élections primaires pour désigner leur candidat aux prochaines élections. En effet, dans une démocratie aussi jeune et fragile que la nôtre, instituer ce principe des primaires est un challenge non sans risques pour la cohésion interne du parti. Sept principaux candidats s’étaient alors présentés et, on l’avait craint, une nouvelle fracture du parti n’était pas exclue, comme cela était malheureusement arrivé en 2002. Cette fois, les mauvais présages ont été démentis et c’est de façon consensuelle que le candidat du parti à la présidentielle a été désigné. Tant mieux si cette dynamique pouvait être maintenue.
La salle du Cinéma Babemba était donc à la fête ce samedi pour une formalité, c’est-à-dire conférer un caractère démocratique et populaire au triomphe du champion appelé au corps à corps dans l’arène. Les murs de la salle de Cinéma étaient naturellement pavoisés aux couleurs du parti avec des slogans qui donnaient un avant-goût des prochaines joutes électorales. On pouvait, en effet, lire sur les affiches et banderoles : « ensemble pour la victoire en 2012 » ; « unité et cohésion pour la victoire » ; « unis, nous vaincrons » et enfin « ensemble, mobilisons-nous derrière notre candidat investi ». De quoi donc relancer la ferveur militante au sein du parti et, pourquoi pas ?, créer la peur dans les camps adverses.
Et, comme pour dire que les primaires sont bien derrière, ce sont les sept candidats qui étaient au podium pour sceller l’unité et la cohésion retrouvées. Le candidat désigné, le Professeur Dioncounda Traoré, qui a su garder le triomphe modeste, remarquait à propos, en guise de leçon de sagesse et de démocratie, que son parti venait d’administrer la preuve que « s’il est vrai que nous évoluons dans des pays où la démocratie est encore jeune, où les choix entre les hommes se font toujours dans la douleur et se terminent souvent par des séparations démocratiques, l’Adema-Pasj a choisi, dès sa création en mai 1991, de ne pas se priver d’aucune compétence, d’aucune qualité et d’aucun savoir-faire, d’aucun militant et militante. C’est ainsi que toute militante et tout militant peut postuler à toute fonction élective ou non et peut se proposer ou être proposé pour toute mission du parti. »
Le parti, selon son candidat, a tiré les leçons des déchirements du passé qui l’ont privé de victoires certaines. Dioncounda a ainsi remarqué que le parti a déploré en 94, en 2000 et en 2002 des hémorragies qui, si au final n’ont pas ébranlé ses fondements, ont tout de même conduit à la défaite lors de la présidentielle de 2002. Fort de ces expériences douloureuses et conscient des enjeux de 2012, poursuivra-t-il, « notre parti s’est engagé, conformément à nos textes de base dans la procédure de désignation de son candidat à l’élection présidentielle de 2012 (…) et je demeure convaincu que cette fois-ci, conformément aux vœux des militantes et militants et à ceux de tous les amis et sympathisants de l’Adema que tout se passera normalement et que plus d’un sera étonné par la cohésion, la solidarité et la maturité du parti africain pour la solidarité et la justice. » Le nouveau candidat pouvait conclure par cette phrase : « Nous sommes des abeilles travailleuses, disciplinées et soucieuses de la pérennité de leur ruche, unies et solidaires à tout moment et particulièrement quand l’essentiel est en jeu. » Les partis amis qui ont honoré la conférence de leur présence ont eu droit à la parole après le discours du président. Ils ont tous reconnu la grandeur du parti et le charisme de son porte-drapeau. Certains d’entre eux, comme Choguel Maïga et Younoussi Touré de l’Urd, ont exprimé leur étonnement du fait que l’Adema reste intact et plus uni après ces primaires. Tous ont salué l’esprit de cohésion et la leçon de démocratie tirée de cette procédure consensuelle de désignation du candidat à la prochaine présidentielle.
Oumar Dionfaga