L’entrée de l’opposition dans le gouvernement de 12 mois :Le RPM et le PARENA : l’inconséquence politique ?

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L’entrée des partis politiques qui se réclament de l’opposition, notamment le RPM et le PARENA, dans le gouvernement de Mme Cissé Mariam Kaïdama Sidibé suscite des débats et des interrogations dans le landerneau politique malien. Quel réalisme politique a pu les convaincre de franchir le pas alors que bien de démêlées les avaient amenés à se démarquer de la gestion d’ATT ? Opportunisme ambiant ou mercenariat politique de dernière minute ? La radioscopie de la nouvelle équipe n’a, en tout cas, pas encore livré tous les clichés.

Pourquoi le RPM de Ibrahim Boubacar Keita et le PARENA de Tièbilen Dramé ont accepté de rentrer dans le gouvernement alors que le parti SADI de Cheick Oumar Sissoko et Dr. Oumar Mariko a tout simplement refusé ? L’appel du Président ATT à l’opposition d’entrer dans le gouvernement de mission de Mme Cissé Mariam Kaidama Sidibé n’est-il pas un piège ? Voilà entre autres questions qui se trouvent pratiquement sur les lèvres des observateurs politiques qui ne comprennent plus l’attitude des partis politiques se réclamant de l’opposition. Un parti politique de l’opposition, par définition et par principe, est tout simplement éloigné des allées du pouvoir. Dans des circonstances exceptionnellement chaotiques pour la République et la démocratie, ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui, il peut légitimement voler au secours du pouvoir dont il conteste la politique. Mais en temps normal, il se bat pour le triomphe de son projet de société et non rechercher des prébendes ou des rentes de situation. Compromission ou incohérence politique, le choix fait par le Parena et le Rpm déroute.

A cet effet, il convient de faire un bref rappel historique sur les différents partis politiques ou groupes d’opposition qui ont vu le jour depuis l’instauration de la démocratie au Mali. A commencer par le COPPO qui a fini, sous les effets de la répression, par renoncer à son objectif d’alternance face au régime de l’époque dont le numero2 n’était autre que Ibrahim Boubacar Keita, celui- là même qui dirigera plus tard le défunt regroupement politique d’opposition, Espoir 2002, et l’agonissant FDR qui prétend aujourd’hui être un groupement politique d’opposition même si les observateurs politiques estiment le contraire. L’allusion à faire au refus du parti Sadi de rentrer dans l’actuel gouvernement et à l’acceptation du RPM et du PARENA d’y figurer s’impose ; elle a même valeur de thermomètre. Comment comprendre également que le PARENA et le Sadi se retrouvent au coude à coude dans le Parlement mais pas dans le gouvernement ? Comment peut-on comprendre aussi que le parti du tisserand, il ya quelques années (2007), faisait du retrait de ses ministres du gouvernement de Ousmane Issoufi Maïga un haut acte de respect pour notre démocratie et, subitement, accepte de figurer dans le gouvernement qui n’a que, théoriquement, un an à vivre avec, en filigrane, des problèmes plutôt complexes à résoudre ? Cette situation, même à s’y méprendre, donne pour le moins raison à ceux qui estiment que l’opposition malienne ne représente pas une opposition crédible et forte, solidaire, capable de prétendre à l’alternance et gagner proprement des élections sans passer par le jeu des mésalliances qui disputent la perversion politique à la transhumance politique dans notre pays. De même, ceux qui qualifient les partis d’opposition comme une honte politique n’ayant aucun respect pour la mémoire des martyrs de la démocratie malienne n’ont certainement pas tord au regard de la nouvelle redistribution des maroquins aux partis politiques.

Radioscopie partielle
Ainsi, l’on remarquera que c’est le Pdes qui se taille la part du lion alors que sa représentativité sur l’échiquier ne fait pas encore de lui un mastodonte politique. L’Adéma-Pasj a certes 5 (peut-être 6 si l’on compte Sidiki N’Fa Konaté qui en est un bailleur de fonds discret) représentants dans le nouveau gouvernement, mais la majorité des cadres promus sont plutôt connus pour leur allégeance au président de la République. Outre Sidiki N’Fa Konaté, Yacouba Diallo et Harouna Cissé sont catalogués ainsi. Ces deux derniers ont même la particularité de provenir de la Commune VI.

Ironie du sort, alors donc que la seule section VI Adéma se tape deux ministres, le Rpm n’a eu qu’un poste dévolu à son secrétaire général. Idem pour le Parena qui, après avoir nourri des relations conflictuelles avec ATT, a renoncé aux scènes de ménage pour jouer souvent au sapeur pompier au profit de Koulouba. Mais c’est surtout le Cnid qui déchante. Le parti du Soleil Levant est carrément desservi. Il n’a plus qu’un ministre au même titre que le Parena, le Rpm et la Codem. Pourtant, le Cnid a toujours joué sa partition avec un courage suicidaire au sein de la mouvance présidentielle. L’expression « le Takokélen » de 2007 a été prononcée publiquement pour la première fois par me Mountaga Tall en personne, ce qui en dit long sur son engagement à l’époque pour la cause du candidat Amadou Toumani Touré. Au Cnid, selon nos informations, le sort fait au parti est ressenti comme de l’ingratitude. La Codem, en ce qui la concerne, n’est certainement pas envahie par un tel sentiment. Même si le parti de la quenouille peut se frotter les mains d’être enfin entré au gouvernement, la place qui lui est faite relève tout de même de la portion congrue relativement à son poids politique sur l’échiquier. Mais la radioscopie de l’équipe de Mme Cissé Mariam Kaïdama Sidibé a encore des clichés à livrer.

Dans tous les cas, nombreux sont les observateurs politiques qui pensent que l’appel du Président Amadou Toumani Touré à l’opposition pour la formation du gouvernement de mission qu’elle dirige désormais est un piège qui ne dit pas son nom. Selon ces derniers, ATT et sa majorité ne veulent pas être seuls comptables de l’organisation des élections présidentielles de 2012 qui constituent la principale mission du présent attelage gouvernemental. Il sera ainsi impossible à l’opposition de critiquer une gestion gouvernementale dont elle-même a fait partie, encore moins de se défausser des couacs d’une consultation électorale dont Me Tall a dit qu’elle sera la plus ouverte. D’autres observateurs, par contre, pensent que le RPM et le PARENA ont rentrés au gouvernement afin de mieux aborder les échéances de 2012 en veillant à leur transparence, crédibilité et bonne préparation. Espérons que ce n’est pas là un argumentaire pour justifier le mercenariat politique inavouable.
Moussa Touré.

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