C’est finalement ce mercredi 1er février 2012 que le Président de la République s’est décidé à s’adresser à la Nation sur la situation actuelle au Nord du pays. Déjà, une bande annonce à la télévision avait informé de cette adresse alors attendue par l’ensemble du peuple malien. Au lendemain de cette allocution, la tension semble persister, au regard de la paralysie organisée de la capitale. Alors, les marges de manœuvre du Président se rétrécissent telle un pot de chagrin. C’est donc dans une ambiance de rumeurs, de confusions, de commentaires et de nouvelles d’autres attaques que la capitale s’est réveillée. Pour autant, au-delà des humeurs et de la passion, de la spontanéité, quelles sont les marges de manœuvre du Président de la République ?
A presque quatre mois de la fin de son dernier mandat constitutionnel, le Président ATT est dans la merde. Ce sont les rumeurs qui ont installé chez le peuple un sentiment d’abandon des gouvernants. Les manifestations de Kati de ces derniers jours (mardi, mercredi, jeudi) et puis d’hier jeudi à Bamako poussant les jeunes à monter à Koulouba sont à mettre au compte de ces rumeurs qui font état du manque de munitions pour expliquer la débâcle d’Aguel Hoc.
Le Président de la République dans son adresse à la Nation aurait donc dû assurer son peuple quant à la détermination de l’Etat à assumer pleinement ses responsabilités. Bien sûr que le Président ATT a bien fait d’insister sur l’amalgame et la confusion qui sont à bannir. Mais cette orientation aurait dû être le second élément fort de son discours. Le 1er élément étant forcément l’assurance concernant l’engagement et la responsabilité de l’Etat à assurer sa mission régalienne de défense de la République.
Bien sûr qu’ATT a évoqué cette volonté de l’Etat d’assurer la sécurité nationale. Mais c’était comme au passage, il n’a vraiment pas insisté sur cette volonté qui aurait dû être la quintessence de cette adresse à la Nation du Président de la République. Dans cette brèche, il y a comme des forces organisées qui sont en train de récupérer cette colère populaire et l’utiliser à d’autres fins. Ainsi, au-delà de la colère des parents des soldats tués à Aguel Hoc, c’est un alibi qui est aussi utilisé par les apatrides et autres ”soldats d’occasion” de refuser d’aller au front. C’est comme si la boite de pandore était ouverte. Plus que jamais l’heure est à la décrispation, à la cohésion, à l’unité pour ne pas faciliter le travail des insurgés qui ont déjà une première victoire.
En effet, avec leur stratégie de harcèlement tout azimut, ils sont arrivés à créer la confusion dans la tête des Maliens. Sinon comment comprendre que les populations fussent-elles déchaînées puissent s’attaquer à d’autres citoyens maliens parce qu’ils sont simplement touarègues ou arabes ? Au même moment, sur le théâtre des opérations militaires, ce sont des officiers touaregs qui conduisent les troupes. Alors, à ces manifestants anarchistes, dans quel camp ils mettent les centaines de soldats maliens touaregs ?
Il est donc temps que des espaces publics d’échanges s’instaurent pour donner les bonnes informations et empêcher les ignorants de compromettre la République.
Youba KONATE