Législatives : Polémique autour des dates

0
Colonel Moussa S Coulibaly, ministre de l'Administration territoriale
Colonel Moussa S Coulibaly, ministre de l’Administration territoriale

Le 27 octobre 2013, c’est la proposition faite par le ministre de l’Administration territoriale, de la décentralisation et de l’aménagement du territoire, Général Moussa Sinko Coulibaly, à la classe politique pour la tenue du premier tour des prochaines élections législatives. C’était le  jeudi 22 août 2013, à la faveur de la traditionnelle rencontre entre l’administration et la classe politique. Cette proposition qui devrait être présentée le vendredi dernier au Premier ministre a divisé les partis politiques entre ceux qui veulent rapidement aller aux élections et ceux qui souhaitent que les insuffisances constatées lors la présidentielle  soient d’abord corrigées.

 

 

A cette rencontre, qui s’inscrit dans le  cadre de la concertation administration-partis politiques, plusieurs personnalités étaient présentes. Outre le ministre Moussa Sinko Coulibaly, il y avait le ministre délégué chargé de la décentralisation Abdourahamane Touré, le général Siaka Sangaré, Délégué général aux élections, le gouverneur du district de Bamako, les représentants des partis politiques et de la Ceni. L’objectif de cette réunion était de proposer la date du 27 octobre pour la tenue du premier tour des législatives  et trois semaines après pour le second tour. Félicitant la classe politique pour  la réussite des deux tours de la présidentielle, le Ministre de l’administration territoriale a expliqué à ses interlocuteurs que les deux objectifs du département portent essentiellement sur l’organisation de la présidentielle et des législatives.   Pour le Ministre Coulibaly, après la bonne tenue de la présidentielle, il est  important de maintenir la dynamique pour organiser les législatives le plus rapidement possible.  « Il ne faut pas briser la dynamique enclenchée par la participation massive des populations. Nous pensons qu’il faut rapidement aller à ces élections législatives car tout le monde a constaté que les Maliens veulent s’approprier leur destin. Il faut leur donner la parole pour qu’ils désignent rapidement qui et qui vont les représenter à l’Assemblée nationale», a-t-il expliqué.

 

 

Conscient de la nécessité d’améliorer les imperfections constatées lors de la présidentielle, le Moussa Sinko estime que la tenue des législatives le 27 octobre prochain permettra sans nul doute de fermer le chapitre de la crise institutionnelle née du coup d’Etat du 22 mars 2013. Malheureusement, toute la classe politique ne partage pas cette démarche du ministre. L’annonce de cette date a mis le feu aux poudres dans le camp de la classe politique et mis à nu la division des acteurs politiques en ce qui concerne la date des législatives dans notre pays.

 

 

Pour les représentants du FDR,  Amadou Koïta du PS Yéelen Coura,  Djiguiba Keïta du Parena et  Tiémoko Maïga de l’URD, les deux missions du gouvernement de Transition étant accomplies, les autres relèvent du futur gouvernement.  Selon eux, cette rencontre devrait être une réunion d’évaluation de l’élection  présidentielle et non une proposition de dates pour les législatives.

Tiémoko Maïga de l’URD estime que l’organisation des législatives est impossible aux dates prévues car l’Administration n’est toujours pas présente dans toutes les communes et dans tous  les cercles des régions nord du Mali. «En plus de la récolte, la négociation avec le Mnla devrait être en cours à la date prévue», a-t-il dit.

 

 

Si le représentant de l’URD  met l’accent  sur la présence de l’Administration au Nord, Djiguiba Keïta du Parena s’insurge contre les dysfonctionnements constatés lors des deux tours de la présidentielle dont il exige la correction avant l’annonce de toute date pour les législatives. «Monsieur le Ministre, nous réunir ce matin ne sera donc pas qu’une simple formalité, il nous faut discuter sérieusement de l’organisation des futures législatives. Pour ce faire, nous ne pouvons pas faire l’impasse sur les dysfonctionnements  du scrutin présidentiel, les ratés, le cafouillage, etc. Car, comme l’a si bien dit l’Homme politique, l’arbre de la mobilisation ne doit pas cacher la forêt des imperfections et dysfonctionnements, et des choses à rattraper pour le bien de notre démocratie. Ainsi, Monsieur le Ministre, avant les législatives, il faut régler le cas des 350 000 jeunes privés de leurs droits lors de la présidentielle… », a-t-il  souhaité. Contrairement aux représentants du FDR qui pensent que le Ministre a terminé sa mission et qu’il doit préparer la passation de service  au lieu de se préoccuper de la date des  législatives, plusieurs autres partis politiques ont  soutenu la démarche  du Ministre. Pour les partisans de la date du 27 octobre, le Ministre Moussa Sinko Coulibaly ne doit pas se laisser distraire par des considérations partisanes. Selon eux, le Ministre est  dans son rôle de fixer les dates pour l’élection des députés. Les représentants du Bara, Ahmed Oinargoum Cissé, et du Cnid, Abba Touré, ont tous soutenu cette démarche des autorités de la transition de doter le Mali d’une Assemblée nationale le plus rapidement possible (27 octobre 2013). En réponse aux différentes questions, le ministre Sinko a promis de corriger les imperfections. Allons-nous assister à une autre crise politique  après celle de 2012 ? Rien n’est moins sûr

Nouhoum DICKO

Commentaires via Facebook :