Législatives en Commune I et II : Des électeurs au compte-gouttes

2
A Bamako, l'une des premières électrices ce dimanche 11 août au matin. REUTERS/Joe Penney
A Bamako, l’une des premières électrices ce dimanche 11 août au matin.
REUTERS/Joe Penney

Même si presque qu’aucune difficulté majeure n’a été observée au démarrage des opérations de vote en Commune I et II du District de Bamako, les électeurs se sont très peu mobilisé pour les législatives, dont le premier tour s’est tenu hier, dimanche 24 novembre 2013, sur toute l’étendue du territoire.

 

 

Malgré une importante campagne de sensibilisation, organisée par certaines organisations de la société civile, les électeurs des Communes I et II du District de Bamako ne se sont pas bousculés pour se rendre aux urnes hier dimanche.

 

 

Les longues files d’attente qu’on avait observées à la faveur du premier tour de la dernière présidentielle ont laissé la place à des cours complètement désertes dans les centres de vote que nous avons visités. Toutes choses qui font craindre une chute drastique du taux de participation.

 

 

Du coup, certains observateurs se demandent la légitimité que ces futurs élus de la Nation pourront avoir. Qu’est ce qui peut donc expliquer cette faible mobilisation des électeurs ? Des citoyens que nous avons rencontrés tentent de nous l’expliquer : «je ne suis pas allé voter parce que ces élections ne m’intéressent pas. C’était la présidentielle qui m’intéressait», dit Moussa Coulibaly, devant une boutique à Bozola, en train de prendre du thé.

 

 

Cet autre électeur que nous avons vu aux alentours de l’école fondamentale de Sotuba, en Commune I, dit ne pas vouloir se rendre aux urnes parce que déçu de la gestion de l’actuel Président, pour lequel il a voté lors de la présidentielle : «je suis alléi voter pour IBK en pensant qu’il allait y avoir du changement. Plus de 2 mois après, je reste sur ma faim. Vraiment, je suis déçu par les politiques maliens. C’est pourquoi je ne vais pas voter» affirme F.K, chauffeur de taxi de son état.

 

 

Même si l’affluence était moins grande dans des bureaux de vote de Bozola et de Médine, à l’école fondamentale de Sotuba, aux environs de 12h 30mn, on notait la présence dans la cour de plusieurs centaines de personnes. En plus de cette mobilisation, le fait qui aura retenu notre attention, c’est la présence hors de la cour de certains électeurs munis de procurations non signées. Faisant craindre du coup des risques de fraudes.

 

 

Autre fait notable dans ce centre, la présence de certains électeurs non instruits qui avaient du mal à trouver leurs bureaux de vote. Pour pallier à cette situation, la Délégation générale aux élections avait déployé une secrétaire de saisie pour aider les électeurs dans ce sens.

 

 

Signalons que ce scrutin législatif, qui doit consacrer le retour complet à l’ordre constitutionnel, a concerné 6,5 millions d’électeurs, qui devront élire 147 députés sur plus de 1000 candidats.

Yaya Samaké

 

 

Législatives en Communes III et IV :

L’engouement n’était pas à l’ordre du jour

Les élections législatives 2013, à la grande différence des élections présidentielles, ont été marquées dans l’ensemble par une meilleure préparation. Cet état de fait s’est traduit sur le terrain par une meilleure organisation. Malheureusement, l’engouement qui avait marqué la présidentielle n’était pas à l’ordre du jour en Communes III et IV.

 

 

Au centre Hamdalaye marché, qui, fort de ses 59 bureaux de vote, passe pour l’un des plus grands centres de notre capitale, les forces de sécurité et les éléments de la protection civile étaient les premiers à se déployer sur les lieux. Ensuite, le Président du centre de vote et les délégués de la CENI sont arrivés sur les lieux, aux environs de 6 heures 30 minutes.

 

Suivis peu après par les accesseurs, les délégués des partis politiques et les observateurs nationaux et internationaux. C’est à huit heures précises que le vote a démarré, mais très timidement, puisque les électeurs arrivaient au compte-goutte.

 

 

Au centre ABC du Badiallan II, le démarrage s’est fait dans un ordre parfait, mais, côté affluence, c’est la même morosité qui prévalait. Cependant, ce début de matinée fut marqué par le vote d’Abdel Kader Sidibé, l’un des candidats.  Celui-ci, au sortir du bureau de vote, a déclaré : «on est en début de journée, les femmes, qui constituent le gros des électeurs, font tout d’abord le marché, et ce n’est qu’aux environs de 14 heures qu’il y aura de l’affluence».

 

 

Par rapport à la ferveur qui avait marqué les élections présidentielles, il dira: «l’enjeu de l’élection présidentielle était très important, après les grands bouleversements que notre pays a connus, chaque Malien était pressé de se prononcer à travers son vote». Pour conclure, Kader Sidibé s’est dit confiant, avant d’ajouter qu’on ne s’engage pas dans une élection si l’on n’est pas sûr de gagner.

 

 

A l’école fondamentale de Bolibana, le Président du centre de vote, Traoré Mahamane dit Mamou, a déclaré que les opérations de vote avaient débuté normalement. Aux environs de 6 heures 40 minutes, le personnel, ainsi que tout le matériel, étaient sur place. Les assesseurs ont fait le constat de l’absence de deux Présidents de bureaux. Ces derniers, a-t-il affirmé, ont été remplacés par les deux doyens parmi les accesseurs. Seul problème soulevé, les nombreux transferts et les personnes qui ont des cartes NINA mais dont les noms ne figurent pas sur les listes des bureaux de vote.

 

 

C’est ici qu’Adama Sangaré, un autre candidat à la députation, a voté. A sa sortie, il s’est déclaré très content d’accomplir son devoir civique avant de rendre grâce à Dieu. «Ce que je vois dans cette cour, les hommes et les femmes prêts à voter de façon régulière, augure de bonnes choses. Nous prions Dieu que cette journée se termine dans le calme».

 

 

En Commune IV, c’est la même morosité qui prévalait au démarrage des opérations de vote, en dépit de la bonne organisation. Au Lycée Mamadou Sarr, jusqu’aux coups de 10 heures, les électeurs arrivaient au compte-goutte. Cette même situation prévalait à l’école publique de Sebenincoro où un Président de bureau, Boubacar Maïga, nous a confié que, sans IBK et Moussa Mara en lice, les électeurs en Commune IV ne se bousculent pas pour aller voter. La mobilisation en tant que telle, selon lui, dépend de la tête du candidat.

Pierre Fo’o Medjo

 

 

 

Communes V et VI :

Les électeurs boudent les urnes

Les élections législatives de ce 24 dimanche ont été un véritable désaveu des populations maliennes à l’endroit de la classe politique. Après l’exceptionnelle mobilisation pour la présidentielle, tout le monde pensait que les électeurs maliens allaient remettre cela au cours du scrutin législatif. Mais c’était sans compter avec la déception que les populations éprouvent envers nos hommes politiques.

 

 

C’est du moins le constat que nous avons fait pendant cette journée électorale du dimanche 24 novembre 2013 dans les Communes V et VI. Ce constat est aussi partagé par l’ancien ministre de la Santé, Oumar Ibrahima Touré, non moins Président du parti Alliance pour la République (APR), que nous avons rencontré juste après qu’il ait rempli son devoir civique dans le bureau de vote 48 du Centre du groupe scolaire de Kalaban-coura.

 

 

Tout d’abord, il a jugé que les opérations de vote se sont déroulées apparemment dans le calme, contrairement à l’élection présidentielle. Il a ensuite constaté la très faible mobilisation de l’électorat malien. «Par rapport à la présidentielle, l’affluence est très faible. Vous voyez la cour, les électeurs viennent au compte-goutte et nous sommes déjà à la moitié de la journée. Donc, je crois c’est un message adressé à l’ensemble de la classe politique.

Parce que, quelque part, les électeurs sont en train de montrer un manque d’intérêt. Toute la classe politique doit s’interroger. Ce message doit être décrypté, parce que, certainement, il y a des actions à poser et la classe politique doit pouvoir mobiliser. Donc, autant nous avons constaté pendant la campagne que la situation était morose, autant, le jour du vote également, la même morosité continue. Ce n’est pas une bonne chose pour l’ancrage de la démocratie et chacun est interpellé et doit s’interroger, faire ce qu’il faut, pour que la démocratie malienne se porte de mieux en mieux. C’est malheureusement le constat que je fais aujourd’hui», a-t-il déclaré.

 

 

En effet, contrairement à la présidentielle, au cours de laquelle les électeurs se bousculaient devant les bureaux de vote, avec des rangs interminables par endroit, cette fois-ci, ils ont préféré resté chez eux, en famille ou dans les grins, pour causer autour d’un thé. Même constat du côté des forces de sécurité, faiblement mobilisées par rapport à l’élection présidentielle.

 

 

Nous avons commencé notre visite des centres de vote par les Logements sociaux de Yirimadjo, notamment au principal centre des 1008 logements, avec 15 bureaux de vote. Là, à notre passage, une heure après l’ouverture des bureaux, il y avait eu seulement 22 votants dans le bureau de vote n°22, 30 dans le n°4, 13 dans le n°8 et 59 dans le n°12.

 

 

Selon les responsables de ces bureaux de vote, ces chiffres sont largement en baisse par rapport à l’élection présidentielle. Car, à la même heure, ils étaient beaucoup plus nombreux, les électeurs, à s’être déplacés. Après, nous avons mis le cap sur le centre de vote du second cycle de Banakabougou, avec ses 35 bureaux. Là aussi, le désamour des électeurs frappe l’œil.

 

 

On pouvait voir dans la cour quelques délégués des partis, de la CENI, de la Cour constitutionnelle et quelques observateurs. Dans ce centre, deux heures après l’ouverture des bureaux, le nombre de votants était nettement faible. Dans ce quartier, nous nous sommes amusés à poser la question suivante aux membres d’un grin qui prenaient tranquillement son thé : «est ce que vous avez déjà voté?». Leur réponse a été sans ambages : «pourquoi irions-nous voter? Et pour qui voter ? Nous sommes déçus par les hommes politiques. Le Président de la République ne fait pas ce qu’on attend de lui, alors que tous les hommes politiques le soutiennent. Nous, on ne croit plus en personne».

 

Après la Commune VI, nous sommes rendus en Commune V, notamment au centre principal de la commune, au groupe scolaire de Kalaban Coura, avec ses 75 bureaux de vote. A notre passage, vers midi, la faible affluence était évidente. Habituellement, ce centre est toujours rempli de monde. C’est également ici que l’on enregistre le plus grand nombre de fraudes électorales.

 

Après, nous sommes passés à Badalabougou, au centre de vote du groupe scolaire du quartier, avec 33 bureaux de vote dont 26 pour le premier cycle et 7 pour le second cycle. Nous y avons rencontré l’Honorable Fanta Mantchini Diarra. Selon elle, cette faible mobilisation se justifie par le fait que les populations ne se reconnaissent pas dans les candidats. Pour elle, ceux-ci se doivent d’être plus proches des populations afin qu’elles puissent adhérer à leurs idées. Alors, est ce à dire que nous allons vers la mise en place d’une Assemblée nationale illégitime ?

Youssouf Diallo 

 

Commentaires via Facebook :

2 COMMENTAIRES

  1. LÉGISLATIVE A TOMINIAN

    J’INTERPELLE LE MINISTRE DE L’ADMINISTRATION TERRITORIAL ET DES COLLECTIVIT2 LOCALE SUR LA MANIERE PAR LAQUELLE LES PROCURATIONS SONT AFFERTE A DES CANDIDAT CONTRE DE L’ARGENT.
    – AU FAIT LE DIMANCHE 24 NOVEMBRE JOUR DU VOTE, LE SOUS PREFFET DE TOMINIAN A DONNE UN PAQUET DE PROCURATION AU CANDIDAT DE L’URD A TOMINIAN TOUTE CHOSE QUE LA CNI PEUT BIEN VERIFIER.
    NOUS DEMANDONS QUE SI LE CAS SE PASSAIT AU DEUXIEME TOUR DES LEGISLATIVE……..

  2. LÉGISLATIVE A TOMINIAN

    J’INTERPELLE LE MINISTRE DE L’ADMINISTRATION TERRITORIAL ET DES COLLECTIVIT2 LOCALE SUR LA MANIÉRÉ PAR LAQUELLE LES PROCURATIONS SONT OFFERTE A DES CANDIDAT CONTRE DE L’ARGENT.
    – AU FAIT LE DIMANCHE 24 NOVEMBRE JOUR DU VOTE, LE SOUS PRÉFET DE TOMINIAN A DONNE UN PAQUET DE PROCURATION AU CANDIDAT DE L’URD A TOMINIAN TOUTE CHOSE QUE LA CENI PEUT BIEN VÉRIFIER.
    NOUS DEMANDONS QUE SI LE CAS SE PASSAIT AU DEUXIEME TOUR DES LÉGISLATIVE……..

Comments are closed.