Au compte des législatives du 24 novembre 2013, le Rassemblement pour le Mali (RPM), parti du Président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, semble être en avance sur tous les autres partis. Car, avant même la compétition électorale, il a à coup sûr un nouveau député.
Plébiscité avec 77,6% lors de la dernière élection présidentielle pour ses «fermeté et rigueur », Ibrahim Boubacar Keïta est en train de montrer une nouvelle face aux Maliens. Chaque jour qui passe, son parti, le RPM, étale ses ambitions que certains qualifient de «démesurées» pour avoir le contrôle total du pouvoir. Au grand bonheur, non pas des Maliens, mais du Président IBK. Nombreux sont nos compatriotes qui estimaient que le Président pleurnicheur, IBK, était un homme dévoué pour le rétablissement de l’honneur et la dignité des Maliens, comme le stipulait son slogan de campagne. Pour ses supporteurs, cela devrait passer par la résolution définitive de la question de Kidal à travers un déploiement massif des forces de défense et de sécurité, le jugement et la punition des prisonniers de guerre suivi de l’exécution des mandats d’arrêt contre les présumés auteurs de crimes au nord. Hélas, la réalité est toute autre. IBK veut parachever sa mission.
A savoir maîtriser son pouvoir à travers une majorité écrasante à l’Assemblée. Et pour ce faire, nous osons dire qu’il est prêt à pactiser avec le diable. Tandis que le peuple s’attendait à des sanctions infligées aux rebelles du Mnla pour des préjudices causés à la nation, le Président IBK a non seulement levé les mandats d’arrêts, mais aussi libéré plus de 30 prisonniers de guerre. Pour les protéger davantage contre des poursuites judiciaires immédiates, pourvu que cela fasse l’affaire de son parti, le RPM les a adoptés pour défendre ses couleurs aux législatives. Cela, non pas pour l’honneur et le bonheur des Maliens, mais pour le déshonneur et le bonheur du RPM et de son mentor. Avec ce geste hautement «patriotique» d’accepter les présumés commanditaires sur ses listes, le RPM est largement en avance sur les autres formations politiques en compétition. Il a un député à son compte avant les échéances électorales. Car dans la région de Kidal, précisément dans la circonscription électorale de Tin-Essako, il n’y a qu’un seul poste à pourvoir. Et là, il n’y a qu’une seule liste RPM défendue par Mohamed Ag Intalla, le fils d’un notable de cette localité réputée être l’un des cerveaux de la rébellion du Mnla. Cela prouve que le RPM a déjà un député. Car sauf cas de force majeure, même si personne d’autre ne vote, sa seule voix lui suffira pour être élu député de Tin-Essako. Pour camoufler leur appartenance au RPM, certains leaders de la rébellion du Mnla ont présenté des listes indépendantes contre lui dans plusieurs localités. C’est le cas à Abeibara. Pour un poste à pourvoir, on enregistre deux candidatures : une liste indépendante représentée par Sidamar Ag Akassa et la liste RPM valablement représentée par Ahmada Ag Bibi, un acteur dynamique du Mnla. A Tessalit, c’est pareil, le RPM est représenté par Aïcha Belco Maiga, concurrencée par une liste indépendante défendue par Habala Ag Hamzatta.
Oumar KONATE