Dans le souci de renouveler le parlement pour lui donner plus de légitimité, le gouvernement malien a fixé les dates des prochaines législatives prévues le 29 mars pour le1e tour et le 19 avril pour le 2ème tour. En effet, au moment où le ministère de l’Administration Territoriale est au four et au moulin pour la tenue des échéances aux dates indiquées et sur toute l’étendue du territoire national, nous assistons à une division inédite au sein des partis ainsi que des menaces de démissions, des démissions par ci, par là, rien que pour le positionnement sur les listes électorales.
Ce qui est étonnant, à moins d’une semaine de la fin du dépôt des candidatures, des partis politiques, aussi bien de la majorité que de l’opposition, n’arrivent pas à déposer leurs listes complètes. Ce qui est encore pire, la situation est grave dans les grandes formations politiques comme l’ADEMA, l’URD ou encore le RPM. L’existence de ces différentes formations est même menacée à cause des querelles internes. La particularité de ces législatives, c’est à cause de profonde division au sein des partis et même entre les partis, les alliances sont difficiles à concrétiser et même impossible. C’est le cas de la circonscription électorale de Kolondiéba, lorsque le parti SADI d’Oumar Mariko refuse d’aller avec les grandes formations politiques comme le RPM et l’URD. Il y a aussi le refus de l’ADEMA dans certains cas, d’aller en alliance avec le RPM malgré leur appartenance à la majorité présidentielle. À cela s’ajoute l’embarras de choix des partis entre l’Alliance et la liste propre. Sur ce point, certains partis politiques ont tendance à abandonner leurs convictions au profit des alliances et même contre nature. Ainsi, l’URD en tant que principal parti de l’opposition n’a pas hésité de faire alliance avec le RPM, son adversaire et rival juré ou encore l’ADEMA dans certaines localités du pays. Pour montrer leurs profondes divisions, certains partis politiques de la majorité en plus de leur refus d’aller en alliance avec leur allié le RPM, vont jusqu’à donner des consignes à leurs militants de tout faire pour barrer la route aux candidats du RPM même s’il faut faire des alliances avec l’opposition.
À côté de ce constat qui caractérise les législatives à venir, il y a les risques qui planent sur la tenue même des échéances dans une bonne partie du pays pour des raisons d’insécurité.
À cet effet, nul n’ignore que depuis l’annonce des dates du scrutin, les ennemis de la paix en partenariat avec leurs alliés ” les groupes armés ou caméléons ” ne cessent de multiplier les attaques pour empêcher le bon déroulement du scrutin. Selon les confidences de certaines chancelleries occidentales, les terroristes sont en train de planifier des projets d’attaques pour empêcher les échéances, si on n’y prend garde.
Face à la situation confuse nous nous sommes posé la question: l’Etat malien va t-il sacrifier ses citoyens au nom de la démocratie ou céder devant les menaces de nos ennemis et surseoir à la tenue des législatives, tant attendues et plusieurs fois reportées.
En attendant la réponse à cette question, le gouvernement doit faire face à toutes ses responsabilités.
Mamadou Nimaga