Depuis la convocation du collège électoral par le gouvernement pour l’élection des députés à l’Assemblée nationale le 29 mars et le 19 avril 2020, les concertations se multiplient au sein de plusieurs formations politiques et dans toutes les circonscriptions électorales du Mali pour la formation des listes électorales. Du coup, on voit toutes sortes d’alliances entre des partis politiques de visions et d’idéologies différentes.
En effet, les tractations se poursuivent au niveau des formations politiques pour les préparatifs des élections législatives avec les alliés. Chaque formation politique souhaite se hisser à la tête du peloton, avec le maximum d’élus. C’est ce qui explique les alliances entre certaines formations politiques que les électeurs ne parviennent toujours pas à comprendre.
En réalité, les Maliens n’arrivent pas à digérer les alliances contre-nature, c’est -à-dire l’alliance entre les partis de la majorité présidentielle et ceux de l’opposition, particulièrement celles entre le principal parti de la majorité, le RPM, et celui de l’opposition, l’URD. Qu’est-ce qui explique ces alliances ? Est-ce que ces formations politiques ont compris les principes de la démocratie ? Ou ce sont les Maliens qui n’ont pas compris le jeu que ces politiciens ? Pourquoi le RPM a choisi son principal rival comme allié et non les mouvements signataires de l’Accord politique de gouvernance ? Toutes ces questions valent leur pesant d’or dans le contexte politique très tendu au Mali.
Des électeurs dans le dilemme !
En tout cas, le dépôt des candidatures a pris fin jeudi le 13 février 2020, sur toute l’étendue du territoire national conformément au décret convoquant le collège électoral. A l’analyse des différentes listes de candidatures, on décèle des alliances RPM-URD dans plusieurs circonscriptions électorales, telles qu’à Kati, Kolondièba, Koulikoro, Sikasso…
A Kati, par exemple, la plus grosse circonscription, où il y a 7 députés, vous avez une liste RPM-ADEMA-URD. Des partis de la majorité avec ceux de l’opposition, des formations politiques qui n’ont pas la même idéologie sont sur la même liste. A Koulikoro et Kolondièba c’est encore pire. C’est RPM et URD qui sont sur la même liste. Alors, comment les électeurs vont voter dans cette condition ?
Les principes de la démocratie veulent que les partis de la majorité aillent sur les mêmes listes et ceux de l’opposition sur les mêmes listes. Cela facilitera le choix pour les électeurs. Dans ces conditions, les électeurs qui veulent sanctionner la majorité présidentielle voteront directement pour l’opposition et vice versa. Mais les deux sur la même liste, cela compliquera sérieusement le choix pour les électeurs. Ce qui fait dire à certains électeurs que la politique, c’est du mensonge et que le peuple est toujours trahi. Or, tout est fait au nom et pour le compte du peuple dans la règle de l’art, mais, ce qu’on voit au Mali montre à suffisance que c’est le partage du gâteau. Chaque victoire repose sur un choix et chaque choix repose sur une personne et nous devons choisir des bonnes personnes pour ne pas regretter dans les cinq années à venir.
En réalité, ces formations politiques sont les mêmes. Ce sont des intérêts qui divisent ces partis et non la vision. Apparemment, c’est toujours le même système, de 1992 à nos jours. Comment peut-on comprendre des alliances RPM-URD ?
Les électeurs sont déçus des comportements des hommes politiques. Comme on dit, la politique à ses raisons que la raison elle-même ignore. Les amis politiques d’aujourd’hui peuvent être des ennemis politiques demain et des ennemis politiques d’aujourd’hui peuvent être des amis politiques demain.
Enjeu capital
Ces élections législatives pour la sixième mandature de l’Assemblée nationale sous l’ère démocratique a un enjeu capital tant pour le Mali que pour ses partenaires. D’abord, c’est un test de mi-mandat pour le président IBK d’une part, mais aussi un rapport de force pour les partis politiques avant l’élection présidentielle de 2023 d’autre part. C’est aussi sous cette mandature que les réformes constitutionnelles et beaucoup d’autres réformes cruciales pour la survie de notre pays doivent être votées.
Donc, on peut affirmer que l’avenir du Mali se jouera sous cette mandature. D’où cet engouement autour de ces élections législatives pour les partenaires du Mali d’une part, mais aussi pour la classe politique et les mouvements signataires de l’accord d’autre part. Malgré les efforts déployés par le gouvernement, le doute plane encore sur la sécurisation de ces élections. C’est pourquoi nous devons choisir des hommes à la hauteur de la mission, contrairement aux députés sortant dont 70% étaient des hommes d’affaires et plus de 60% étaient des demi- lettrés. Mais, les tractations continuent au sein des formations politiques pour la tenue correcte de ce scrutin tant attendu par les Maliens.
En tout cas, le ministre en charge de l’organisation de ces élections, Boubacar Bah dit Bill, qui dit niet à toute éventualité de report, est à pied d’œuvre pour la bonne tenue de ce scrutin mainte fois reporté.
De ce fait, il reviendra au peuple malien de choisir des hommes compétents et intègres qui connaissent bien le Mali car, l’avenir du pays se jouera pendant cette mandature.
Yoro SIDIBE