Pour la première fois, le nombre de députées dépassera la barre de la vingtaine de femmes élues à l’Assemblée nationale du Mali. Une conséquence de la loi de 2015 qui exige le quota de 30 % pour le genre aux postes électifs.
Ce sera historique. Au moins vingt-huit femmes seront élues à l’Assemblée nationale à l’issue des législatives du 25 novembre. Le nouveau code électoral, adopté le 23 avril, exige en effet le respect de la loi sur le genre aux élections des députés.
“Les listes de candidature d’au moins trois personnes présentées par les partis politiques, les groupements de partis politiques ou groupements de candidats indépendants ne sont recevables que si elles présentent plus de 70 % de femmes ou d’hommes”, stipule ce texte dans son article 160.
“En cas de sa violation, le parti concerné doit s’attendre à l’invalidation de sa liste de candidats”, prévient Brahima Coulibaly, conseiller technique au ministère de l’Administration territoriale.
Pour les législatives à venir, sur les 53 circonscriptions électorales, 24 éliront au moins une femme et quatre au moins deux femmes. Ce mode de calcul tranche avec le mode selon lequel certaines organisations féminines prévoient déjà 44 sièges aux femmes sur les 147 que comprend l’Assemblée nationale du Mali.
Vers la parité homme – femme au Mali ?
Dans des quartiers généraux des formations politiques, certains se montrent intransigeants sur la question, d’autres affirment vouloir aller même au-delà de la loi. “Chez nous, nous avons dépassé le stade de 30 %. Nous appliquons la parité sur nos listes : deux femmes et deux hommes partout où il y a quatre députés. C’est le cas notamment à Bougouni, dans la région de Sikasso, et à Kita, dans le Kayes”, affirme Abdoulaye Magassouba, membre de la commission de supervision du Rassemblement pour le Mali (RPM), parti au pouvoir.
Du côté de l’Alliance pour la démocratie au Mali – Parti africain pour la solidarité et la justice (Adéma/PASJ), une circulaire de son bureau exécutif national [attire] l’attention de toutes les sections du parti sur le respect de la loi”, confie Diallo Salimata Ouattara, secrétaire adjointe en charge de la communication.
Même si elle continue à exiger le report des législatives, l’Union pour la République et la démocratie (URD) de l’opposant Soumaïla Cissé rappelle qu’elle s’est toujours inscrite dans la logique du respect du genre. “Contrairement au RPM, nous avons appliqué cette loi de 2015 dès les élections communales du 20 novembre 2016”, soutient Daouda Touré. Le secrétaire général de l’URD appelle toutes les autres formations du Mali à respecter ces dispositions légales.
Depuis la première législature, 63 femmes ont siégé à l’Assemblée nationale du Mali. Elle n’étaient que trois à la législature de 1992-1997, 18 à la législature de 1997-2002, quatorze à la législature de 2002-2007, 2007-2012 et 2013-2018. Au moins 28 femmes siégeront à la prochaine législature grâce à la loi 052 du 18 décembre 2018.
Maliki Diallo