En cette veille de la tenue des élections législatives prévues pour novembre, faute d’être désignés candidats par leurs partis, ils sont nombreux les chasseurs de primes à détaler au premier accrochage. A l’instar des autres formations politiques, le Rassemblement pour le Mali (RPM) fait face à cette pratique.
Avec l’avènement d’Ibrahim Boubacar Keïta au pouvoir en 2013, outre ses fidèles compagnons, les amis de circonstance et des vautours politiques avaient envahi le RPM. Certains avaient réussi à tirer leur épingle du jeu en obtenant quelques postes nominatifs et électifs.
En cette vielle des législatives, comme tout parti au pouvoir, le Rassemblement pour le Mali fait face à l’épreuve du vrai militantisme. Dans la logique du «Moi ou le Chaos», comme le dirait l’autre, les mauvaises graines des partis, notamment du RPM, débarquent du navire. Comme pour dire qu’à quelque chose malheur est bon. Ces élections législatives qui se profilent à l’horizon donnent l’occasion aux formations politiques les plus en vue de distinguer le vrai militant de l’ivraie.
Faut-il le rappeler, les chasseurs de primes ayant été servis à satiété pendant le premier mandat d’IBK, ceux-ci avaient estimé que ces postes étaient leurs propriétés privés pour l’éternité. A l’instar du Ministre Mohamed Aly Bathily, Choguel Kokalla Maïga, des députés RPM en fin de mandat, vomis par leurs bases n’arrivent pas à gober le fait qu’ils soient débarqués au profit de ceux qui sont avec le peuple. Dans ce lot de députés mal aimés, il y a une frange qui accepte la réalité politique et suivent leur conviction en défendant les causes du parti à quel que niveau qu’ils soient. Par contre, ceux qui n’ont d’autre agenda que de se servir du parti renient facilement leur militantisme. Ce qui faire dire aux observateurs politiques qu’en réalité, il n’y a pas d’implosion au RPM. Il s’agit plutôt d’une purge des opportunistes. Car, une simple conférence de section de désignation de candidats ne pousse pas un militant à renier ses convictions politiques.
A l’état-major du RPM, ces démissions annoncées sont des non événements. Le parti s’attendait à cela. Car, certains députés en disgrâce dans leurs circonscriptions électorales avaient conditionné la poursuite de leur compagnonnage politique à la garantie de leur reconduction à l’Assemblée nationale, comme s’il s’agissait d’une nomination. Aucun parti politique n’ayant cette possibilité, il fallait s’attendre à ses départs, commente-t-on.
En outre, ayant été incapables d’intégrer la population pendant 5 ans, d’autres élus impopulaires avaient misé sur une immixtion du Bureau politique national dans les conférences de section pour la désignation des candidats aux législatives. Ceux-ci aussi ont été déçus, car la conférence de section étant souveraine, le BPN ne joue qu’un rôle de supervision.
Faut-il le préciser, à la conférence de section pour la désignation du ou des candidats aux législatives, il y a une commission d’investiture qui privilégie le consensus. A défaut de cela, les délégués désignés par les sous-sections procèdent au vote soit à main levée ou à bulletin secret. Le bureau politique national joue le rôle de superviseur.
A l’issue de ce processus démocratique, ceux qui ont accepté leur défaite avant de démissionner pour espérer connaître des jours meilleurs ailleurs se refusent de commenter leur départ. Par contre, ceux imbus de leur prétendue crédibilité tentent de monter des raisons qui font dormir débout. C’est le cas du député Ousmane Kouyaté de Kolokani. Dans ses diatribes, il déclare : «Pour l’avenir, j’ai pris la décision de quitter le RPM pour violation des textes, disfonctionnement et immixtion d’un membre influent du bureau politique national du RPM». Faux, rétorque le secrétaire général de la section RPM de Kolokani, Dioré Traoré. « Je m’inscrit en faux par rapport à ce qu’il dit. La date de la désignation des candidats aux élections législatives a été choisie par le BPN. Il n’y a pas eu de violation de texte, encore moins de disfonctionnement. Conformément aux textes, avant la date indiquée, nous avons informé tous les militants désirant participer à cette compétition à se déclarer. J’ai envoyé le message à tous les militants RPM de la section de Kolokani pour leur indiquer la date de la conférence de section. De son retour de la Mecque, Ousmane Kouyaté a été informé. Pour ce faire, nous avons tenu des conférences de sous-sections, dont je possède les procès-verbaux avant celle de la section. A Kolokani, les délégués des 10 sous-sections ont, à l’unanimité porté leur choix sur Yaya Konaré et Ami Sène. Ousmane Kouyaté ne s’est même pas déclaré candidat pour prétendre parler de violation de texte. Même si on revenait sur le choix des candidats demain, Ousmane Kouyaté ne passera pas. Car il s’était débarrassé du parti. Or, en pareille circonstance, c’est l’engagement militant qui compte pour les camarades », a déclaré Dioré Traoré.
Oumar KONATE