Le dimanche dernier, le Mali a clos le chapitre de son deuxième scrutin électoral en un peu plus de 3 mois. En effet, après une élection présidentielle saluée de par le monde entier en août dernier, voilà que notre pays, qui sort d’une crise sécuritaire et institutionnelle sans précédent, réussit une autre prouesse à travers l’organisation plus ou moins parfaite d’un scrutin législatif à 2 tours.
Ce pays a des ressorts insoupçonnés dont il suffit d’un minimum de volonté pour actionner. La politique, à l’instar du sport, a ces charmes que l’on ne retrouve nulle part ailleurs. Là aussi, la valeur n’attend point souvent le nombre des années. Le scrutin du dimanche a une fois de plus confirmé cette réalité. Certains partis politiques créés il y a plus d’une décennie, n’auront pas l’ultime privilège de siéger dans le grand vestibule de la Nation, ne serait-ce qu’à travers un seul élu, pendant que d’autres qui viennent de naître à peine seront en mesure de constituer leur propre groupe parlementaire. Quelle ironie du sort !
En effet, à l’issue de tout combat, il y forcément ceux qui rient et en face généralement ceux qui pleurent. Autrement dit pendant que dans le camp des victorieux l’on célèbre avec joie le succès et la réussite, en face au même moment, dans le camp des perdants c’est la tristesse, l’amertume et souvent la consternation de la défaite.
Le scrutin des 24 novembre et 15 décembre 2013 n’auront visiblement pas dérogé à cette règle immuable des compétitions toutes catégories confondues.
En attendant la proclamation des résultats officiels par les autorités compétentes, l’heure est aux analyses et aux bilans de part et d’autre. Chaque parti politique ou candidat procède à une analyse rétrospective de ce qui aura constitué ses forces ou ses faiblesses lors de cette élection des députés à l’Assemblée Nationale. Au décompte final, ils seront nombreux à regretter de façon amère le désamour qui semble exister désormais entre eux et leur potentiel électorat. En tête de ceux-ci, l’on peut raisonnablement loger Me Mountaga Tall à Ségou, qui, depuis l’avènement de la démocratie dans notre pays, risque de manquer, pour la première fois, à l’appel de la nouvelle rentrée parlementaire. Dans le même lot, on peut citer entre autres le doyen Noch Ag Acha de Diré, Waly Diawara de la Commune I du District de Bamako et Me Hamidou Diabaté de Kita. Toutes ces éminentes personnalités politiques vivront les débats parlementaires depuis leur bureau ou salon. Le renouvellement tant souhaité de la classe politique est visiblement passé par là.
Que dire des jeunes loups aux dents tellement longues, qu’ils se sont à un moment donné sentis dans la peau de président de la république. En effet, Konimba Sidibé, Housséini A. Guindo, Moussa Mara et autre Dramane Dembélé doivent prendre leur mal en patience en se préparant minutieusement pour jouer un probable rôle de premier plan dans le futur.
Parmi les jeunes formations politiques qui créent la surprise en disposant, au pire des cas d’un groupe parlementaire, figure les Forces Alternatives pour le Renouveau et l’Emergence (FARE), le parti dit des amis de l’ancien Premier Ministre Modibo Sidibé.En effet, avec ses 6 élus à Dioïla, Bougouni, Sikasso, Ségou, Bla et Tominian, les FARE pourraient, au besoin, se permettre de constituer leur propre Groupe Parlementaire dans la prochaine Assemblée Nationale, malgré la déconvenue du parti à Kayes et surtout à Yanfolila. En plus des FARE, d’autres formations politiques signent leur entrée pour les uns et le retour pour d’autres à la Maison de la Nation à Bagadadji. Il s’agit notamment de la CDS Mogotiguiya de Mamadou Blaise Sangaré, du Parti Yelema de Moussa Mara, de la CODEM de jeune Poulo, malgré que lui-même soit battu dans son fief à Sikasso, entre autres.
Comme le confirment ces résultats, l’Assemblée Nationale sera probablement renouvelée à plus de 80%. Elle enregistrera l’arrivée de plusieurs jeunes « novices » mais qui ont eu tout le temps nécessaire de bien se préparer à l’ombre de leurs aînés dans leurs formations politiques respectives.
Ainsi, le Rassemblement Pour le Mali (RPM) du Président Ibrahim Boubacar Keita, est bien parti pour avoir au moins une majorité relative confortable dans la future Assemblée. Quant à l’Adema Pasj, le parti majoritaire de la précédente législature, les divisions internes et la participation de façon ininterrompue à la gestion des affaires de l’Etat ces 2 dernières décennies, semblent avoir affecté les capacités électorales du parti de l’Abeille Solitaire. L’URD de Soumaïla Cissé se positionne malgré son score en deçà des attentes, comme la principale force de l’opposition parlementaire au régime d’Ibrahim Boubacar Keita.
Quoi qu’il en soit, chacun doit tirer toutes les leçons et enseignements utiles de l’action politique, aussi bien individuelle que collective de ces dernières années afin d’éviter les mêmes travers qui ont conduit notre pays et son système de gouvernance dans un tel état de délabrement regrettable dans lequel les responsabilités sont pleinement partagées. Le Mali nouveau, dont rêve aujourd’hui le peuple, est à cette seule condition.
Aussi, à tous les heureux élus, nous adressons nos vives félicitations tout en les rappelant au respect strict des engagements pris vis-à-vis de leurs mandants. Pour ceux qui, par contre, n’auraient pas bénéficié cette fois-ci de cette chance, nous leur disons que c’est la loi fondamentale de l’exercice démocratique. Pendant que les uns gagnent, les autres doivent s’assumer en attendant des lendemains meilleurs. Ainsi va la vie ! On ne peut tout le temps gagner, encore moins perdre tout le temps.
Bréhima SIDIBE
Abas tous les corrompus! Félicitations et bienvenue à la nouvelle génération d’hommes politiques. Le plus dure commence maintenant.
Comments are closed.