Élections générales au Mali : Sarkozy et les occidentaux divisés sur le choix du dauphin en 2012

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Les élections présidentielles et législatives à venir  s’annoncent disputées. Pour les comprendre, il faut savoir lire les signes du temps. Ces signes sans minimiser les électeurs maliens, c’est du côté de l’Occident qu’il faut aussi les chercher. Et de ce côté-là, après avoir déroulé les tapis rouges à plusieurs leaders politiques du Mali, les occidentaux avec Nicolas Sarkozy en tête ont décidé de tourner la page de certains barons politiques. Le ton a été donné par Alain Juppé, ministre français des affaires étrangères, qui avait affirmé, il y a quelques temps sur les ondes de RFI, qu’il fallait une vigilance tous azimuts par rapport au processus électoral, sinon les choses risquent de ne pas se passer comme il se doit. A sa suite, certains ambassadeurs accrédités auprès du Mali, ont jugé pour leur part que les exigences de transparence du fichier électoral réclamées par la classe politique sont légitimes.
   
Ses prises de position en faveur marquent la rupture entre le président sortant ATT- et les occidentaux. Après Laurent Gbagbo, l’ex président ivoirien et Mouammar Kadhafi, l’ex président libyen, il semble que c’est au tour du Mali, mais cette fois-ci pas pour un renversement de régime, mais de peser de tout leur poids quant au choix du nouveau locataire de Koulouba qui est dans la ligne de mire de Sarkozy, le président français. La France ne digère pas le fait qu’elle n’en a tiré aucun dividende économique sur l’exploitation des mines d’or du pays. Les multinationales françaises, comme Vinci, Areva, Lafarge, Alstom, Veolia, Suez et France-télécoms, Bolloré ont été systématiquement écartés du marché malien, or mis France-télécoms, qui a eu sa part du gâteau au niveau de la téléphonie mobile et dans quelques multinationales dans le domaine des grands travaux et du transit … les firmes françaises qui se bousculaient au portillon n’ont rien obtenu. Outre les questions économiques, le président français est remonté contre ATT à cause aussi de son soutien indéfectible à Kadhafi et Laurent Gbagbo.   

Pas besoin d’une loupe pour se rendre à l’évidence que le chef de l’Etat ATT ne bénéficie plus du soutien affiché ou soutien tout court des occidentaux comme ce fût le cas en 2002 lors de son accession à la magistrature suprême. Il est bien loin l’époque où les dirigeants occidentaux ne tarissaient pas d’éloges pour  lui, considéré par les officines occidentales comme « l’homme de la situation. Ce temps est révolu, car ATT a perdu le soutien sans faille de ses amis d’hier, mais lui s’en moque, car il est sur le point de départ, et le jeu ne vaut plus la chandelle. Il a donc payé au prix le plus fort son isolement diplomatique. Sans doute grisé par le pouvoir, il avait sous estimé les rapports de forces aussi bien sur le plan interne qu’externe dans l’accession et la conservation du pouvoir d’Etat. C’est dommage, mais c’est la réalité, depuis des lustres, il existe une loi non écrite qui veut que pour bien diriger le Mali, il faut avoir une double légitimité, interne et externe. Cela est une rationalité qu’il faut intégrer dans l’équation politique malienne, même si cela heurte l’idée de souveraineté et de nationalisme. Avant-les élections générales de 2002 et 2007, la légitimité externe prévalait sur la légitimité interne. C’est ce qui a permis les accessions au pouvoir de ce dernier.  Cette légitimité bipolaire est un fait historique. Elle demeure encore aujourd’hui une réalité vivante, même si certains membres de la classe politique -qui voient d’un mauvais œil le succès diplomatique récolté par d’autres candidats en occident-, font semblant de l’ignorer pour des raisons électoralistes. A la veille des élections générales de 2012, les maliens soucieux de la stabilité de leurs institutions politiques s’interrogent sur la personne qui a les faveurs des occidentaux. Les voyages à l’étranger (Paris, Bruxelles, Washington, Londres, Ottawa) des ténors de la classe politique comme  Ibrahim Boubacar Kéita, Soumaila Cissé, Modibo Sidibé, Soumana Sacko, Me Mountaga Tall commencent à alimenter la polémique sur le dévolu que l’occident aurait jeté sur la classe politique malienne. A l’évidence, ATT qui doit quitter la tête de l’Etat malien, n’est plus en odeur de sainteté ni chez les Français, ni chez les Américains. ATT  est resté sourd aux appels du pied du président Sarkozy tant sur les questions de respect des droits humains qu’économiques, et son soutien pour mener à bien sa recolonisation tant en Côte d’Ivoire qu’en Libye. Les Américains aussi demandent des comptes au président  ATT sur sa gestion des fonds alloués par la Banque Mondiale. Faisant fi de toutes les recommandations des institutions de Bretton Woods sur l’amélioration du climat des affaires, les autorités de Bamako ont mené la vie dure à plusieurs projets industriels des occidentaux notamment dans le secteur minier.  Dans cette reconfiguration de la carte économique à l’ouest  du continent, la France, espérait, c’est le moins que l’on puisse dire, une récolte abondante. Pour cela, le président français en personne, envoi des émissaires actuellement pour mieux s’ingérer dans l’élection à venir afin que leur protégé puisse ravir la vedette aux autres candidats.   

Mais le problème est qu’entre les Occidentaux le choix du successeur d’ATT divise ces derniers. Car la France veut quelqu’un qui pourra faire son affaire. Et de l’autre côté, les Américains et d’autres veulent d’un candidat qui pourra assainir la maison Mali au niveau de la gestion et faire payer les imposteurs de la bouffe sous ATT. Chose que la France n’est pas tout à fait d’accord, car elle veut plutôt avoir une main mise sur le nord Mali et par ricochet le pétrole malien. En ce moment c’est le ballet de la séduction qui est en jeu, pour le choix du futur président du Mali.  Toute chose qui ne fait qu’arranger nos hommes politiques, car c’est à coup de millions qu’on les saupoudre, pour pouvoir le retirer après. Il faudra que les hommes politiques sachent qu’un Etat n’a pas d’amis, mais des intérêts. A bon entendeur salut !!
 Paul N’guessan

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