Au jour d’aujourd’hui, ils sont six à être officiellement investis par leurs partis respectifs pour briguer la prochaine magistrature suprême : Oumar Mariko du parti SADI, Dioncounda Traoré de l’ADEMA, Soumaïla Cissé de l’URD, Soumana Sako de la CNAS « Faso Hèrè », Ibrahim Boubacar Kéita du RPM et enfin, Me Mountaga Tall du CNID-FIT. Mais à ces candidats doivent d’ici peu s’ajouter d’autres prétendants.
La toute première annonce de candidature et d’investiture est venue de l’opposition avec, à sa tête, l’honorable Oumar Mariko du SADI, un parti qui s’érige contre l’impérialiste et qui dispose de peu de moyens, mais se bat bec et ongles sur le terrain politique pour se faire une place au soleil. Certes, le SADI s’est fortement « lézardé » ces derniers temps pour ne plus représenter que son ombre.
C’est que le parti a toujours opté pour une dynamique d’opposition radicale. Cette idéologie politique est noble, certes. Mais le premier souci de nos populations, c’est d’avoir « quelque chose à se mettre sous la dent ». C’est dire que les discours creux et de facto ne sont pas les bienvenus auprès d’elles. Mais bien qu’il soit présidentiable, le secrétaire général du parti est conscient que même si on lui donne suffisamment de moyens, il lui faudra trouver les ressources humaines nécessaires pour aller à la conquête de l’électorat. Mais qui va lui donner ces moyens ?
Des partis avec de véritables assises
Dioncounda Traoré, Soumaïla Cissé et Ibrahim Boubacar Kéita semblent être le trio favori de cette élection. Mais entre eux, rien n’est gagné d’avance, car ces trois « dinosaures » de la scène politique nationale doivent batailler fort pour espérer avoir la confiance du peuple malien, surtout que l’ADEMA, l’URD et le RPM sont aujourd’hui membres de la mouvance présidentielle et que leur caution de la reforme constitutionnelle et d’autres projets de loi au niveau de l’Hémicycle (notamment le projet du Code des personnes et de la famille) constituent « des épines dans les pieds » de ces candidats.
Certes, ils ont des bases, c’est-à-dire des villes régions ou acquises à leur cause ; mais cela ne suffit pas pour gravir les marches du Palais de Koulouba, encore moins pour y élire domicile. L’enjeu réel de 2012 n’est pas de savoir comment conquérir le pouvoir car sur ce plan, tous les candidats disposent d’une stratégie. L’enjeu majeur, c’est plutôt la stratégie de gestion du pouvoir. Sur ce point, on aimerait que les différents candidats puissent éclairer les citoyens au cours d’émissions-débats radiophoniques et télévisées. Qu’est-de que les candidats proposent à l’électorat malien pour qu’il puisse avoir confiance en eux et voter pour eux ?
Parlant de Me Mountaga Tall et de Soumana Sako, le premier pourrait avoir plus de chances que le second, car il est politiquement plus sage et bardé d’expériences. Mais selon certains, ces deux candidats ne sont que des « trouble-fête », qu’ils ne vont à ce scrutin que pour « faire de la figuration » et qu’ils doivent y renoncer tout en demandant du même coup à leurs militants d’aller, le jour de l’élection, voter pour celui parmi les favoris qui défendent leurs idéologies. On peut également faire l’économie de bien d’autres candidatures de certains partis qui savent qu’ils ont des difficultés réelles de « descendre sur le terrain » à la conquête de l’électorat. Chaque week-end ou jour férié, les partis qui disposent de moyens financiers sont déjà dans les régions, cercles et arrondissements pour inciter leurs militants à s’inscrire sur les listes électorales et voter « utile ».
Une opération suicidaire
C’est dire que c’est maintenant que la campagne électorale a commencé. Aussi, à l’heure actuelle, pour un parti qui ne sort pas sur le terrain, il sera difficile d’espérer réaliser des performances lorsque la campagne électorale aura véritablement démarré. Chaque formation politique pourrait axer sa campagne sur les différentes régions du pays où elle se sent numériquement puissante. Mais cela nécessitera évidemment beaucoup de moyens si le parti doit couvrir l’ensemble du territoire. Combien de partis politiques peuvent-ils aujourd’hui réellement sillonner le pays tout entier ?
Toutefois, avec l’addition de leurs forces et moyens mutuels, plusieurs formations de l’opposition réunies autour d’un même candidat peuvent également couvrir l’étendue du territoire national. Pourquoi alors ne pas tenter cette expérience au lieu de s’entêter dans une opération foncièrement « suicidaire » de vouloir aller en rangs dispersés ?
Ils sont nombreux ceux qui pensent que les candidatures multiples constitueront la clef de l’alternance au Mali.
Malheureusement, le message n’est pas compris de la même façon du côté de la mouvance présidentielle. Elle se mordra alors les doigts lorsqu’elle constatera elle-même les dégâts au soir de la présidentielle d’avril prochain.
Paul N’guessan