Le MPR de Choguel Maïga aura-t-il son candidat à la présidentielle du 29 avril prochain ? A moins de quatre mois de cette importante échéance, le parti du tigre reste toujours indécis, entretenant de facto un climat de démobilisation dans ses rangs. Or, le parti doit quasiment sa survie à une présence effective dans la bataille pour la conquête du fauteuil que laissera bientôt vacant le président ATT.
Le Mouvement patriotique pour le renouveau (MPR) vient de tenir son IV ème Congrès statutaire à Bamako. Les travaux couplés avec les congrès des mouvements des jeunes et des femmes devraient donner l’occasion au Bureau exécutif central (BEC) avec à sa tête son président réélu, Dr Choguel Kokalla Maïga, de clarifier la position du parti du tigre par rapport aux élections générales de 2012. Principalement la présidentielle dont le premier tour aura lieu le 29 avril prochain. Et, puisqu’il n’y a pas de doute que le principe du candidat naturel est inscrit en lettres d’or dans le subconscient des tigres, on se pose la question de savoir si Choguel Maïga sera ou non dans la course pour la conquête du Palais de Koulouba cette année.
A la clôture du congrès, le 25 décembre dernier, le leader du MPR annonçait que "le choix du candidat à l’élection présidentielle est beaucoup attendu. L’impatience gagne les rangs. Mais il faut en la matière faire preuve de clairvoyance. Je me réjouis de ce que vous ayez confié cette question au nouveau BEC qui se prononcera, après avoir passé en revue toutes les options. Pour ma part, quelle que soit la décision arrêtée, je m’engage à l’accepter, à la respecter et à la défendre parce que je sais que ce sera celle qui va dans le sens de l’intérêt du parti et du pays"
Joint au téléphone par nos soins, à propos de la question de la candidature du parti à la prochaine présidentielle, le Secrétaire général du bureau exécutif central du parti du tigre, Pr Oumar Kanouté a été clair : " Cette question sera abordée lors d’une importante réunion le samedi 7 janvier prochain. Je ne peux pas vous dire si la question sera tranchée ou non ; mais elle sera au menu des discussions ".
Ce congrès du parti, qui a toujours revendiqué l’héritage du Général Moussa Traoré, était attendu pour remobiliser les tigres. Ceux-ci semblaient somnoler dans la mesure où l’électorat traditionnel de ce parti a été secoué par une dispersion d’énergie entre ceux qui ont rallié le camp du gendre de Moussa Traoré, Dr Cheick Modibo Diarra pour créer le RpDM et le groupe qui s’est aligné derrière le fils de l’ancien président malien, Cheick Boucadry Traoré pour créer la CARE.
En clair, si le MPR veut maximiser ses chances de compter dans les débats politiques à venir, il devrait opérer une seule mue : non seulement un discours de rupture avec un passé stagnant, celui de l’héritage de l’UDPM mais aussi et surtout la participation à la compétition électorale phare de cette année 2012 au Mali : l’élection présidentielle. Les résolutions du Congrès ont permis de constater que le parti du tigre réaffirme plutôt son discours de filiation au régime de Moussa Traoré et laisse dubitatif par rapport à sa présence dans les starting block du prochain scrutin présidentiel.
En effet, il est de notoriété publique que le parti qui ne se mesure pas aux autres lors de la bataille pour la présidence de la République fait les frais de cette politique de la chaise vide lors des législatives qui suivent. Or, c’est cette option que certains cadres du MPR semblent adopter : économiser de l’énergie et des ressources pour une meilleure participation aux législatives de juillet 2012 et aux communales de 2014. Option que semble lorgner, selon nos informations, d’autres partis comme l’UDD de Tiéman Hubert Coulibaly et le PARENA de Tiébilé Dramé.
C’est purement opter pour une mort politique à petit feu que de briller par son absence lors des grands débats de la précampagne et de la campagne pour la conquête du palais de Koulouba. Pour qui sait la verve du Dr Choguel Kokalla Maïga, le courage et l’engagement sans faille dans le combat politique du Mali lors de ces 20 dernières années chez le chef des tigres, ce serait du politiquement incorrect que le MPR n’ait pas son candidat pour le 29 avril prochain. Le leader du MPR a été de tous les combats pour enrichir le débat politique au Mali à travers notamment des alliances dont Espoir 2002.
Si le parti a ensuite opté pour l’accompagnement du président ATT en 2002 et en 2007, le nouvel organe dirigeant aura du mal à convaincre les militants d’une désertion du terrain de la compétition pour succéder à l’homme du consensus.
Les arguments du manque de moyens financiers pour faire face aux dépenses de campagne ne convainquent pas non plus. Des formations politiques comme YELEMA, la CODEM avec les PUR ne sont pas mieux lotis, mais elles vont positionner leurs leaders dans la course… Les pourparlers en vue d’une alliance avec l’ADEMA-PASJ ou le PDES nejustifient pas un désistement de Choguel et de ses amis dans les " hostilités" pour la Colline du pouvoir. Des hostilités dans lesquelles ils sont plus qu’attendus.
Bruno D SEGBEDJI