Les séquelles de la grave crise de 2012 nous rappellent, encore aujourd’hui, que pour la pérennité de la Nation malienne, il faut tirer les leçons du passé. Assurer la souveraineté territoriale devra être la priorité de l’Etat malien dans les années à venir. Le calcul est bien simple : pas de développement sans Sécurité. Trois aspects retiennent notre attention : Renforcer l’arsenal juridique et judiciaire national, les renseignements par l’utilisation de la technologie et la lutte contre l’extrémisme par les religieux eux-mêmes.
Renforcer l’Arsenal juridique et judiciaire national : Cas de la Tunisie
Il est évident que le Mali, de nos jours, est différent de celui qu’il avait été au début de l’avènement de la Démocratie. Le pays s’inscrit désormais dans le contexte global de la lutte contre le terrorisme. Force est de constater que l’appareil judiciaire malien ainsi que l’arsenal juridique en place sont totalement en déphasage avec cette vision de lutte contre le terrorisme. C’est pourquoi il est urgent aujourd’hui de s’inspirer du cas de la Tunisie qui a compris toute l’ampleur de la menace terroriste. Le 25 juillet 2015, est une date qui comptera dans les annales de ce pays. En effet, les députés tunisiens après d’âpres et longs débats adoptèrent une « loi antiterroriste » dont la disposition la plus significative est l’application de la peine de mort sur ceux-là qui seront coupables d’actes terroristes. Quid alors du Mali ? Une loi antiterroriste est plus que nécessaire en y incluant la peine capitale. N’en déplaise aux organisations internationales de défense des Droits de l’Homme.
Les renseignements par l’utilisation de la technologie : Cas d’Israël
Les terroristes sont à la pointe de l’utilisation de la technologie pour véhiculer leur idéologie extrémiste, notamment par l’entremise des réseaux sociaux. S’il faut s’inspirer d’un pays, c’est bien Israël qui est l’Etat le plus en pointe en matière de cyber sécurité et de cyber défense. L’Etat hébreux compte une unité de 7500 opérateurs. Mais les acteurs principaux demeurent le Shin Beth (sécurité intérieur) et le Mossad (renseignement) qui après avoir localisé les terroristes, procèdent à leur arrestation ou à leur neutralisation. Le Mali, aussi, devra se doter d’une unité de cyber soldats dont le théâtre des opérations sera sur l’ensemble de la toile. Encore un autre défi à relever.
Lutte contre l’extrémisme religieux : Cas du Maroc
L’expérience du Maroc en matière de lutte contre l’extrémisme violent constitue un modèle édifiant à suivre non seulement pour les pays du Moyen-Orient, de l’Afrique, mais aussi pour le monde entier. La centralité de l’Institution de la Commanderie des croyants met le Maroc à l’abri de toute surenchère et récupération politiciennes de la religion. Les programmes de formation des imams aident à la consécration des constantes religieuses et spirituelles du Royaume, notamment la doctrine Achaârite, le rite malékite et le soufisme sunnite. Quid du Mali ? Certes, à travers un accord, le Royaume chérifien forma une centaine d’imams maliens selon les rites de l’Islam du juste milieu. Mais cela est insuffisant. Et en l’absence d’une véritable vision institutionnelle de la part de l’Etat, les religieux maliens, pour certains d’entre eux, plutôt que de se perdre dans des querelles idéologiques et claniques, doivent œuvrer pour véhiculer la réalité de la religion. Ancienne terre d’Islam sur le continent noir, le Mali devrait être capable de mener valablement une telle lutte au même titre que le Maroc.
Ahmed M. Thiam
thiam@journalinfosept.com