Leçon de géopolitique : Le rêve d’un Mali debout sur les remparts se meurt à petit feu

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Au crépuscule de la Révolution de Mars 1991, l’espoir d’un Mali juste, démocratique, équitable mais aussi et surtout fort de ses Institutions était au beau fixe. Le Peuple venait de mettre fin à un ordre politique despotique qui plongeait le pays dans une quasi léthargie pendant près de 23 ans. Fort malheureusement, les politiques n’ont pu jusqu’ici être à la hauteur des fortes attentes placées en eux. Eux qui devaient initier le    Peuple à l’école de la démocratie tout en plaçant au-dessus de tout, l’intérêt supérieur de la Nation. Les résultats d’une mauvaise gouvernance depuis 1991 explosèrent à la face du malien en 2012. Le réveil fut brutal. La démocratie malienne s’écroula tel un château de sable. Désormais, une prise de conscience et une remise en question s’imposent de manière vitale.

Aujourd’hui encore, l’on s’interroge presque naïvement sur les causes réelles de la crise malienne. Beaucoup le remettent sur le coup de la fatalité tout en ignorant le faisceau d’éléments qui prouvent le contraire. Certes, la fatalité existe. Mais croire que le Bon Dieu aurait arbitrairement  choisi de frapper notre pays d’un tel malheur  relèverait presque du blasphème. Des faits auront évidemment contribué à l’enveniment de la crise. Cependant, la crise libyenne, la montée du terrorisme dans le Sahel et la formation d’une  nouvelle rébellion ne sont que des circonstances aggravantes de la crise malienne et non les sources immédiates. Car,  au-delà même de la déstabilisation du nord malien avec la mainmise des groupuscules terroristes durant près d’un an, c’est la faillite même de l’appareil étatique du Mali qu’il faut dénoncer en vue d’en panser les plaies.

Rarement,  un coup d’Etat n’est anodin. Le putsch du 22 mars 2012 n’en déroge pas à la règle. Derrière le foisonnement d’infrastructures hautement salutaires pour le Mali, se cachait un profond malaise que rarement  des maliens pouvaient se l’imaginer même dans leur pire cauchemar. Il s’agissait de l’état de déliquescence de l’armée, qui jadis faisait la fierté nationale. Mais en réalité, l’armée était à l’image de son pays. Des années de népotisme et de corruption à outrance ne pouvaient déboucher qu’à la faillite de l’Etat et donc, à un coup d’Etat que prédisait les meilleurs constitutionnalistes comme feu Karim Traoré de l’ENA. La chute de l’école malienne sous la présidence, pourtant, d’un éminent enseignant et celle, encore plus incompréhensible de l’armée, alors qu’un Général occupait Koulouba, furent deux paradoxes qui prouvèrent éloquemment la mauvaise gouvernance d’alors. Le calcul est simple. L’effondrement de l’Ecole malienne a conduit irrémédiablement à l’écroulement de la matière grise du pays ainsi qu’à l’avilissement de son élite. Et la chute de l’armée, essentiel rempart contre toute agression menaçant l’intégrité territoriale a conduit à une crise multidimensionnelle.

L’on voulait donner une image idyllique d’un Mali démocratique qui allait de l’avant. Mais, la foudre de nos ignominies frappa, juste à quelques semaines, avant la fin du mandat d’ATT. Tout explosa comme pour crier à la face du Mali de se remettre en question. Que finalement tout, ou presque, n’était qu’un mirage. Mais l’arrivée du président IBK au pouvoir devait être   l’occasion rêvée de rectifier le tir, de ramer à contre-courants des pratiques basses et antipatriotiques de destruction systématique de l’Etat. Jamais, il ne faudrait commettre à nouveau les mêmes erreurs du passé récent. Mais, cette mission de remise en question et de prise de conscience, ne devrait pas incomber seulement  qu’aux seuls tenants du pouvoir ou aux politiques. Elle devrait l’affaire de tout le Peuple, car de lui seul peut venir le changement tant souhaité.

En somme, accuser toujours autrui  ou la fatalité de son propre malheur n’est point une attitude à tenir pour un Etat qui entend, un jour, être cité parmi les économies émergentes d’Afrique. Vérité, Patriotisme, Sacrifice doivent être les maitres-mots de tout malien, de Koulouba au plus humble artisan de nos villages. IBK ne le sait que trop bien, lui qui martela à maintes reprises, que nul ne sera invité au banquet officiel qu’il n’aura mérité d’y être.

Ahmed M. Thiam

thiam@journalinfosept.com

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6 COMMENTAIRES

  1. Il faut avancer!! ” L’ENFER C’EST LES AUTRES”
    VOUS LAISSEREZ SANOGO ET MOUSSA EN PAIX!
    POURQUOI LES PAYS VOISINS ONT PU AMORTIR LE CHOC? POURQUOI LE MALI EST DEVENU LA CIBLE FACILE DES TERRORISTES ET DES DJIHADISTES? QUEL EST LE ROLE DE LA CORRUPTION DANS NOTRE DEBABLE?

  2. Nous ne pouvons jamais trouver la solution à la crise malienne tant que nous ne maîtrisions par ses ressorts réels.
    La crise malienne tire sa source de la mauvaise gouvernance qu’ elle subit depuis la prise du pouvoir par les militaires en 1968.
    Un premier diagnostic fait âpre la révolution de MARS 1991 a conduit à mauvaises solution suite à la conférence nationale.
    En effet,pendant les assises de la conférence de la résolution finale est sortie une constitution calquée sur celle du pays colonisateur :La France.
    Une constitution inspirée par le général DEGAUL par rapport à sa personnalité et selon sa vision du moment de la France.
    Le MALI par rapport à ses problèmes liés plus à l’assainissement des deniers publics symbolisé par le KOKADJE prononcé par les manifestants avait t’il besoin d’une telle constitution pour répondre aux préoccupations des maliens?
    Cette constitution donne tellement de pouvoir au président qu’on l’ assimile à un roi.
    Une aubaine pour les groupes d’intérêts qui n’ont d’autres sources de revenus dans un pays sous développé comme le MALI que des marchés étatiques.
    C’est ainsi que les candidats aux élections présidentielles sont financés par ses groupes d’intérêts en contrepartie de l’ attribution des différents marchés étatiques.
    Des députés sont financés par ces mêmes groupes pour mener la fronde contre les autorités exécutives qui tenteraient de les contrarier.
    Un président de la république qui se soucie de son fauteuil cède à ces groupes d’intérêts qui perpétuent une pratique malsaine de corruption et de népotisme avec des rétro commissions faisant de nos fonctionnaires des milliardaires.
    La constitution faisant du président le garant de la justice,il en profite pour la museler aux profits de ces groupes d’intérêts.
    Les conclusions des rares contrôles diligentés sont rangées dans les placards.
    En 2002,ATT connaissant la soif de justice des maliens à proposé ,pendant sa campagne,la création du vérificateur général.
    Les conclusions de ce vérificateur d’une précision louable sont mises aux placards durant tout son mandat.
    Les groupes d’intérêts sont passés par là.
    Nous avons intérêt,si nous voulons redresser ce pays,à convoquer une conférence nationale bis pour mettre en place une nouvelle constitution qui limitera le pouvoir des institutions politiques,renforcera celui des contrôles et donnera une indépendance certaine à la justice.
    Une constitution qui ne verra jamais le jour tant qu’Ibk est au pouvoir :le plus proche des groupes d’intérêts de tous les hommes politiques maliens.

    • KOKADJE’???????? COMMENT EXPLIQUEZ-VOUS CES PAUVRES “REVOLUTIONAIRES” QUI SONT DEVENUS DES MILLIARDAIRES?

  3. “l’on s’interroge presque naïvement sur les causes réelles de la crise malienne.”
    Vous aviez laissé ATT faire ce qu’il voulait comme des enfants en profitant avec lui aux pillages aux népotismes et au vandalisme de nos moyens existants.
    Vous aviez joué avec lui au plus fin pour voler dans tous les sens les plus faibles et en les incitant à mener une vie dissolue.
    Vous aviez fermé les yeux pour accepter les sacrifices expiatoires des voyous et hommes de main de la France sous Sarkozy sur une partie de la population du territoire pour l’amour du néocolonialisme et de la Franc-Maçonnerie.
    Nihil ex nihilo votre malheur d(aujourd’hui est le prix de la trahison des aïeux qui se sont sacrifiés pour l’existence de l-intégrité de ce territoire.
    Où sont les armes achetés des slogans de campagnes présidentielles?
    L’État ne pourrait être un État fort sans sécurité et si l’impunité et l’agissement avec mollesse sont à 100%.
    Pourquoi les internationaux sont chez nous si tout va dans le sens contraire? Quelle niaiserie!En plus la carte Nina n’a pas de sens!

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