Que faire face au triste spectacle de la déperdition scolaire qu’aggrave l’invasion des 2/3 du pays par des jihadistes, islamistes et criminels de tout poil ?
La question suscite des réflexions menées par des experts et plusieurs cadres de l’Union pour la République et la Démocratie (URD) qui a organisé une journée de réflexion sur le thème : « l’école en temps de crise : défis et enjeux ». C’était le 25 septembre 2012 au Centre International des Conférences de Bamako.
On pouvait noter à la cérémonie d’ouverture de cette rencontre des chefs de partis invités comme Tiébilé Dramé du PARENA et de nombreux membres du parti.
A l’ouverture des travaux, le président du parti, l’honorable Younouss Touré, a souligné la désolation provoqué dans le monde de l’éducation par cette crise sécuritaire au Nord du Mali. « Nous ne pouvons et ne devons pas voir l’avenir de notre pays se compromettre sans réagir », a martelé le président de l’URD, non moins président par intérim de l’Assemblée Nationale.
Le président de l’URD, Younouss Touré, s’est félicité de la participation massive à cette journée. « Cette marque de sympathie nous flatte et nous rassure qu’il y a plusieurs partis politiques au Mali mais, qu’il n’y a qu’une seule classe politique nationale unie par son amour de la patrie malienne une et indivisible », a-t-il introduit. Il a rappelé que le 17 janvier 2012, le Mouvement National de Libération de l’Azawad, contre toute attente, a attaqué la ville martyre de Ménaka. Le Mali républicain, a-t-il souligné, se préparait à une deuxième alternance démocratique et les jeux étaient si ouverts que pour la première fois, on enregistrait la candidature d’un natif de Kidal à l’élection présidentielle…
« Les assaillants ont investi les grandes villes du Nord les unes après les autres en l’espace d’une semaine.
Les troupes rebelles s’attaquèrent ensuite aux symboles de l’Etat et saccagèrent tout ce qui pouvait l’incarner. Dans leurs furies destructrices, des combattants, enivrés par leur succès, ont démoli les infrastructures fondamentales de l’avenir d’une nation à savoir les infrastructures scolaires. Aucune école, aucune salle de classe et aucun bureau de direction n’a été épargné. Le matériel didactique, les dossiers scolaires, tout ce qui pouvait constituer la mémoire d’une école est parti en lambeau. Que pourrait être l’avenir d’un peuple sans éducation pour ses enfants ? », a-t-il dénoncé.
Selon l’honorable Younouss Touré, l’URD, à sa création, s’est présentée aux Maliens comme un parti de l’avenir. Le parti a élaboré un programme de société dont la vision se fonde sur ce qu’un peuple a de plus cher et de plus précieux : ses enfants. C’est par ses enfants qu’un peuple construit son destin et se perpétue. Mais de quels enfants s’agit-il ?
L’URD est convaincue qu’il s’agit d’enfants bien éduqués et bien scolarisés. En dehors de l’école, a-t-il poursuivi, l’enfant reste une force à la merci des tentations malveillantes. « Or, voici que depuis avril 2012, les enfants des régions de Kidal, Gao, Tombouctou et d’une partie de la région de Mopti sont dans la nature. La question n’est pas de savoir quel sera l’avenir de ces enfants, mais bien quel sera l’avenir du Mali avec des enfants non scolarisés.
Notre pays était en train d’aller vers une scolarisation universelle. Les données, dont nous disposons, montrent que la scolarisation est de plus en plus tardive tant en milieu urbain et aussi bien chez les garçons que chez les filles. Cette tendance va s’inverser considérablement si d’ici la rentrée prochaine des mesures fortes ne sont pas prises. Les mêmes sources disponibles au niveau du ministère chargé de l’Education, nous avertissent que plus de 300 mille anciens élèves ne reprendront pas la joie de s’amuser dans une cour d’école. Ce sombre tableau traduit les inquiétudes de l’URD et de celles de toute la classe politique nationale », déploré Mr Touré.
La question de l’école a toujours été, a-t-il indiqué, au centre des débats même en situation de paix. Elle n’en devient que plus cruciale en temps de crise. « Quand on veut abattre un arbre, on lui coupe la racine. Quand on veut anéantir une nation on s’attaque à ses tous petits. Parce que nous voulons une nation éternelle. Parce que nous voulons une nation forte. Nous ne pouvons et ne devons pas voir son avenir se compromettre sans réagir », a-t-il conclu.
Adama DAO