Le Sécrétaire Général de l’ONU, Antonio Guterres, dans son dernier rapport sur la situation au Mali, a souligné que l’importance des élections à venir ne doit pas amener les différentes parties à perdre de vue leurs responsabilités dans la mise en œuvre.
« Les élections prévues à ce jour sont certes importantes, mais les parties ne doivent pas perdre de vue les responsabilités qui leur incombent dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord », souligne le patron de l’ONU. Selon Antonio Guterrres, il est essentiel de réaliser des progrès dans les domaines prioritaires de l’Accord, notamment la décentralisation, la réforme du secteur de la sécurité et le processus de cantonnement et de désarmement, de démobilisation et de réintégration, pour faire avancer le processus de paix. « Néanmoins, ces gains à court terme ne pourront conduire à une paix durable au Mali que s’ils viennent renforcer les objectifs plus vastes de réconciliation nationale, de développement économique, de bonne gouvernance et d’instauration d’une société résiliente et inclusive », précise-t-il. Le Secrétaire Général des Nations Unies note que la nomination par le Président Kéïta de Soumeylou Boubèye Maïga a permis de relancer le processus de paix. Le rapport fait état des progrès enregistrés concernant le processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration, avec le lancement de la phase de pré-enregistrement visant à recenser tous les combattants des mouvements signataires remplissant les conditions requises. Antonio Guterres rapporte que le nombre de représentants de l’État redéployés dans les régions du nord et du centre a diminué de 6% au cours de la période considérée. A la date du 1er mars 2018, édifie le rapport, 22% des représentants de l’Etat étaient à leur poste dans les régions septentrionales et de Mopti. Au cours de la même période, il a été constaté une légère diminution du nombre de responsables judiciaires et pénitentiaires redéployés dans le nord et le centre du Mali.
63 attaques contre les Famas, MINUSMA, Barkhane et un groupe armé signataire
Le rapport établit que les conditions de sécurité restent extrêmement préoccupantes dans le nord et le centre du Mali, notamment dans les régions de Mopti et de Ségou. Le document d’Antonio Guterres nous apprend que les groupes terroristes ont perpétré au cours du trimestre écoulé 63 attaques (37 contre les Forces de défense et de sécurité maliennes, 20 contre la MINUSMA, 5 contre un groupe armé signataire et 3 contre l’opération Barkhane) contre 71 pendant la période précédente. Selon le rapport, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans a revendiqué la plupart des attaques. Si le nombre de victimes a diminué du côté de la Minusma et Barkhane (4 soldats de la paix morts et 12 blessés, 1 militaire français mort), les Fama ont payé fort avec 45 soldats tués et 80 blessés. Les groupes armés signataires ont enregistré 20 morts et 12 blessés.
«Les attaques menées dans la zone de Nampala-Diabali ont entamé le moral des Forces de défense et de sécurité maliennes, donné lieu à des manifestations des familles de soldats, qui protestaient contre leur redéploiement dans le camp et entraîné la désertion de 36 gendarmes qui ont été arrêtés le 17 janvier. La capacité du gouvernement à protéger la population et les forces armées dans la zone s’en est trouvée remise en question. L’envoi d’importants renforts en troupes dans le centre du pays annoncé par le gouvernement le 11 février ne s’est pas encore traduit par une amélioration de la situation en matière de sécurité », avance le Secrétaire général de l’ONU dans son rapport.
D.T.K