Le second tour des élections législatives s’est déroulé hier dimanche 19 avril sur plus de 40 circonscriptions à travers le pays. Ce second round de la députation s’est passé sous une forte tension entre les acteurs politiques, divisés entre la tenue et le report à cause entre autres du COVID-19. Me MountagaTall est l’un des fers de lance du mouvement pour le boycott du second tour. A l’opposé du Président du CNID Faso Yiriwa Ton, c’est un gouvernement déterminé, avec à sa tête le Président de la République, qui dans une adresse solennelle à la Nation, a donné toutes les garanties d’un second tour sécurisé, transparent et avec toutes les mesures sanitaires appropriées. Après le second tour, qui d’IBK ou de Me MountagaTall a eu raison ? Que nous réservent les jours d’après second tour ? Une concertation nationale n’est-elle pas nécessaire pour cicatriser la plaie restée béante par ces législatives ?
C’est, sans conteste, sous une faible mobilisation que les électeurs se sont déplacés pour aller accomplir leur devoir citoyen. Sans avoir les statistiques officielles, le taux de participation du second tour ne dépasserait pas les 15 % national et Bamako, l’épicentre du COVID-19 ne ferait pas 8 %. Ce lamentable taux ferait non seulement souffrir les nouveaux élus d’un problème sérieux de légitimité, mais aussi et surtout, affaiblirait l’exécutif qui ne serait pas adossé à un législatif fort.
A en juger par le taux de participation, il ne fait l’ombre d’aucun doute que Me MountagaTall a eu raison et son appel au boycott ne serait pas tombé dans l’oreille d’un sourd. D’aucuns diront qu’avec ou sans cet appel, les maliens ne se seraient pas déplacés, rien qu’en se référant au bilan journalier des cas de contamination au COVID 19. Certainement une coïncidence, en tout état de cause, il a le mérite d’avoir eu le courage de dire aux maliens de ne pas se déplacer pour aller voter. En attendant de mesurer les autres conséquences dues à la tenue du second tour, le constat est que les maliens ne se sont pas bousculés de peur de ne pas contracter le coronavirus, mais aussi, pour ne pas être complice de la mise en place d’un parlement sans nom à cause des alliances. La démocratie malienne mérite-t-elle une telle Assemblée ? Que faut-il faire pour corriger ce manquement grave aux principes démocratiques ? Sans tomber dans un auto satisfecit, le gouvernement doit plutôt tirer toutes les leçons de ces législatives afin d’entreprendre toutes les démarches utiles à l’endroit de ceux qui étaient opposés et cela pour préserver la cohésion sociale en ce temps périlleux caractérisé par la propagation du COVID-19.
Les législatives sont désormais derrière nous, mais les conséquences sont devant, donc pour minimiser celles-ci, il s’avère indispensable pour le gouvernement de dialoguer avec toute la classe politique et de ce dialogue qu’un plan de gouvernance consensuelle soit proposé. Un gouvernement d’union nationale serait la réponse la plus appropriée pour faire face au péril qui est déjà à nos portes.
En définitive, quand la maison est en feu on ne cherche pas à savoir pour qui elle appartient, mais on éteint l’incendie d’abord. Le Mali est au bord du chaos, donc il importe à tout citoyen de s’impliquer pour éviter qu’il ne s’effondre totalement.
Youssouf Sissoko