Le Mali ne sera pas détruit par ceux qui font du mal, mais par ceux qui les regardent faire et qui refusent d’agir. Quand les vrais acteurs d’une lutte en deviennent les spectateurs, c’est le festival des brigands, des filous, des escrocs, des prédateurs nationaux. Ces déclarations d’un homme politique malien montrent comment la situation socio- économique a atteint son paroxysme de détérioration.
L’ADEMA, qui a remporté les premières élections générales en 1992 sans difficulté, n’avait nullement besoin de gouverner avec Samba ou Demba. Cependant, si Konaré a gouverné avec les autres, c’est parce qu’il savait que les élections n’étaient pas fiables et, pour ne pas être renversé en 1993 tout comme en 1997, il était obligé d’opter pour des gouvernements de large ouverture.
L’ADEMA s’ouvrit et les intellectuels affairistes du pouvoir l’ont vaincu. Ces faits sont patents, car Alpha Oumar Konaré a pris le pouvoir dans des conditions ambigües.
Bilan : L’Adema a transformé le Mali en un Etat marmite au service des capitalistes étrangers. Alpha Oumar Konaré a enterré entre 1994 et 2001 ce que le général Moussa Traoré avait liquidé entre 1968 et 1990.
C’est en 1982 que fut annoncé le Programme de réforme des entreprises publiques par l’Etat. Ce programme, qui a couvert trente cinq (35) entreprises et sociétés d’Etat, est arrivé à terme en 1994 par l’adoption d’une loi. La loi n°041 du 22 février 1994 fixant les principes fondamentaux de la privatisation des entreprises du secteur public a été votée à l’Assemblée nationale.
Alpha a laissé derrière lui une école en pièces détachées (la NEF, la NEM, le PRODEC, le PISE, la Loi d’orientation sur l’Education).Un Mali privatisé sous l’égide de Cancun et de la Baule. Un Etat déliquescent, gangrené par l’impunité, l’incivisme, la corruption, l’escroquerie, les scandales fonciers et financiers. Que sais-je encore ?
Les 400 rapports de 2002 et les 722 rapports de 2007 sur les cas de délinquance financière, de détournements de deniers publics déposés qui sont aujourd’hui dans les mains d’ATT restent sans suite pour des raisons de consensus politique.
De 1992 à nos jours, les repères sont complètement brouillés par le sabotage de la démocratie commencée par Alpha Oumar et qui continue sous ATT. Chacun a pris sa part et tout le monde s’est rendu responsable de la gestion. La seule différence entre l’Adema qui ressemble à un GIE et le PDES est que le PDES n’a pas de fondement sociologique.
Il ne repose sur rien. Sa vie et sa mort dépendent de la durée du mandat du président ATT. La leçon à retenir est qu’au Mali, le peuple vote mais sa volonté n’est pas prise en compte. Il est marginalisé. En fait, c’est Alpha Oumar qui a passé le flambeau à Amadou Toumani Touré dans des conditions très controversées en signant l’acte de décès de la démocratie en remettant le pouvoir à un militaire. C’est important pour l’histoire et acte posé par un grand historien.
Le Mali et le Niger n’intéressent pas la France. C’est aux Maliens de se battre pour le changement. La preuve ? Cela fait presque quinze (15) ans que le correspondant de presse de RFI-AFP est à ce poste à Bamako.
Pis, suite aux réformes intervenues à RFI, il a même pris la nationalité malienne pour échapper à un éventuel licenciement. Est-ce à dire que les journalistes maliens sont incapables de faire ce boulot pour la chaîne mondiale ? Comme dit le petit garçon à sa sœur dans le film Niamanto : «é bikè bà yé, né bikè mà yé» Fils de père pauvre, «je le resterai, fille de mère pauvre, tu le resteras».
Safounè KOUMBA