Le retour du messie !

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De retour de France où, il a subi, avec succès, une opération des glandes parathyroïdes, IBK est accueilli, dimanche 24 avril, au bercail, comme un prophète. Dont la « bonne parole »,  depuis Paris,   à la télévision nationale,  rassure sur sa volonté de rompre, désormais,  avec la « gestion personnelle » du pouvoir. Mieux que la nuit, la maladie semble avoir porté conseil.

Un p’tit tour en France, un p’tit coup de bistouri dans un hôpital parisien et voilà IBK redevenu, du jour au lendemain, un messie. Opéré, le 12 avril dernier, de l’adénome de la parathyroïde, une tumeur bénigne des glandes parathyroïdes, IBK a été accueilli à Bamako, dimanche, en début d’après-midi, sous une fine pluie,  comme un héros.  Pour son accueil, à l’aéroport Modibo Keïta, les membres du gouvernement et les présidents des institutions rivalisant de sourires. Chacun, à sa façon, tient à montrer, au président de la République, à quel point il est heureux de le revoir requinquer  à bloc.

La nuit porte conseil,  la maladie aussi

Visiblement amaigri, arborant un large sourire, IBK semble s’être rajeuni de vingt ans. En dépit de ses cheveux poivre et sel. Dans un costume gris et la cravate nouée avec art, il a adressé, depuis Paris, un message à la nation. Message dans lequel il a  remercié  l’ensemble du peuple malien, ceux de l’intérieur comme ceux de l’extérieur, pour leur soutien dans cette épreuve.  Aussi, il a salué la classe politique pour ses vœux de prompt rétablissement ; mais aussi, à l’opposition pour avoir reporté sa marche de protestation, programmée depuis plus d’une semaine. « Dans une brillante unanimité, vous avez été à mon chevet. Cela a été pour moi, une belle interpellation qui m’a indiqué, clairement, qu’au-delà des nuances, des contingences, sur l’essentiel toujours, dans ce fabuleux pays, nous nous sommes retrouvés et plus frères que jamais. Ainsi, j’ai compris », indique le président de la République, depuis Paris, dans une interview diffusée par la télévision nationale.  Touché au plus profond de son être par cette marque de solidarité nationale, IBK promet, désormais, d’associer tous les fils et filles du pays à la gestion du pays. Sans distinction de parti politique. « Je tâcherai de faire en sorte que chacun se sente concerné », a-t-il poursuivi. Avant de rappeler  aux laudateurs,  qui le considèrent comme un Dieu, qu’il est avant tout un homme. Avec ses qualités et ses défauts. « Le temps de la maladie est un temps de grande humilité, de replonger en soi pour remonter les valeurs les plus essentielles. Celles qui nous font comprendre que l’homme parmi les hommes, quel que soit notre statut du moment, nous ne sommes et nous ne serons que des hommes, de simples hommes ».  Et le président de la République de conclure : « Ainsi, j’ai compris que parmi vous, à votre tête, je ne suis qu’un homme en mission ».

Un départ en catimini pour la France

Pourtant, son départ en France avait été annoncé, à la fin de la première semaine de mars, comme une « visite privée ». Elle avait lieu dans un  contexte survolté  marqué,  d’une part, par  l’annonce d’une marche de protestation des partis politiques de l’opposition  contre la « gouvernance IBK ». Et, d’autre part, par le retour de  l’insécurité, qui n’épargne ni les villes, ni les campagnes.   S’y ajoute un front social en pleine  ébullition. Plusieurs syndicats menacent de descendre dans la rue. Afin d’obliger le gouvernement à honorer ses promesses, vis-à-vis des travailleurs. Qui ne tirent plus le diable par la queue ; mais par les poils de la queue.  Bref, la veille de son départ pour la France, la côte de popularité d’IBK était au plus bas au sein de l’opinion nationale. Et la possibilité,  pour le président de la République,  de rempiler pour un second et dernier mandat,  semble compromise. Au regard du bilan, jugé « catastrophique ».  Mais cette marque de solidarité nationale  ne doit pas faire perdre de vue l’immensité des tâches qui l’attendent : la mise en œuvre du processus de paix et de réconciliation nationale, la lutte contre l’insécurité, la corruption et la délinquance financière, le retour de l’école à l’école, la dotation des forces armées et de sécurité en matériels adéquats et le retour de l’administration à Kidal….

Après avoir écouté, religieusement, le  message empreint d’humilité du président de la République à la télévision nationale, les Maliens  sont convaincus  que les choses bougeront dans les jours, voire les semaines à venir. Le président  de la République doit agir vite et bien. Mais aussi,  éviter  les  « peaux de banane » que recèle l’accord de paix. C’est à ces conditions, et à ces conditions seulement, qu’il peut reconquérir sa popularité d’antan. Et, peut-être, prétendre à un second et dernier mandat à Koulouba.

Oumar Babi

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