Dans son premier discours en tant que candidat de l’URD aux élections présidentielles de 2012, Soumaïla Cissé a évoqué les points saillants de son programme. Ce programme qu’il a appelé « pour un Mali nouveau », ignore superbement la lutte contre la corruption.
L’emploi, l’école, la santé, la sécurité, l’intégration sous régionale et régionale, l’administration… ; Soumaïla Cissé aura touché tous les secteurs clés en citant les grands axes de son programme « pour un Mali nouveau » tout sauf un point qui tient aujourd’hui beaucoup les maliens à cœur : la lutte contre la corruption et la délinquance financière. Est-ce un oubli, une omission ou une mise à l’écart ?
En attendant que l’intéressé même et son parti ne nous édifient, le discours de Soumi du dimanche passé montre que le candidat de l’URD n’a aucunement l’intention de faire de la lutte contre la corruption sa priorité. Il vante les deux derniers Présidents (Alpha Oumar Konaré et Amadou Toumani Touré) et revendique leurs bilans respectifs. « …Je ne suis pas un candidat de la rupture, mais plutôt un candidat de la continuité, d’une double continuité…je dois beaucoup aux Présidents Alpha Oumar Konaré et Amadou Toumani Touré…j’assume un bilan, un double bilan… »
En déclarant sans détours qu’il assume les bilans de ces deux présidents puisque d’une part lui-même a occupé les hautes fonctions sous l’un et d’autre part, des militants de son parti sont dans le gouvernement de l’autre, Soumi a fait preuve de sincérité qu’il faut d’ailleurs au passage saluer puisque ça n’arrive pas tous les jours en politique. Mais a-t-il été courageux de reconnaître que tout n’a pas été rose sous ces présidents qui sont mentors à lui ? N’est-ce pas sous ces deux présidents que le trésor public a connu ses saignements les plus atroces? N’a-t-on pas vu des fonctionnaires milliardaires parmi les collaborateurs de ces deux présidents ? N’a-t-on pas volé l’argent des malades de sida, de tuberculose et de paludisme sous le mandat de ces présidents ? Les maliens certainement ne sont pas prêts à oublier tous ces cas de détournement flagrants de deniers publics. Et le candidat qui ne prendra pas en compte dans son programme la lutte contre la corruption risque d’être soupçonné de complicité par les maliens et par conséquent mis dans la poubelle le jour du vote. Une chose est d’être sincère en assumant son parcours, mais une autre est d’être courageux en reconnaissant les insuffisances et s’engager à redresser la barre. Après s’être sincère, Soumi a manqué de courage en passant sous silence toutes les insuffisances des régimes de ses deux mentors. Evite-t-il la colère de ses mentors ? Peut-être que oui, mais c’est lui-même qui disait encore que « le Mali d’abord ».
Ici, Soumaïla Cissé devrait retenir la leçon de son ami Sarkozy qui, lors de sa campagne en 2007 pour remplacer un Président (Chirac) issu de son parti sous lequel lui-même était Ministre, avait pour slogan « la rupture ». Etre dans un gouvernement ne veut pas dire se taire sur toutes les tares de ce régime.
Celui qui veut bien gouverner le Mali doit nécessairement lutter contre la corruption !
M’pè