Le WAQF qui veut dire en français charité est un concept vulgarisé par la Banque islamique de développement pour lutter contre la pauvreté dans les pays où elle intervient. Le Mali compte y adhérer après avoir mis en place le cadre réglementaire et institutionnel.
Arrivé mercredi soir dans la capitale guinéenne en provenance des Emirats Arabes Unis, le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, a participé hier à l’ouverture de la conférence régionale WAQF aux côtés de son homologue guinéen, Alpha Kondé. Le président du Sénégal, Macki Sall, s’est fait représenter par son Premier ministre. Cette importance rencontre regroupe pendant deux jours, plusieurs organisations œuvrant dans le cadre de la finance islamique.
Il faut d’abord préciser que le WAQF qui veut dire en français charité est une donation facultative encouragée par une sunnah prophétique dans l’Islam mais susceptible de faire acquérir au donateur de grandes récompenses. C’est une aumône à utilité perpétuelle inaliénable et dont le bénéfice est continu. Le mot WAQF est donc un mot islamique qui porte le sens du séquestre ou de la prévention par convention, c’est la prévention de l’acquisition de la chose par une personne pour le consacrer plutôt à la charité. Font partie du WAQF, les biens immobiliers (terres, fermes, maisons) et les biens mobiliers (machines, appareils industriels, titres financiers).
Introduit en Guinée depuis deux décennies, le WAQF, soutenu par la Banque islamique de développement (BID), a permis de financer plusieurs projets importants dans les domaines de la santé, de l’éducation, des infrastructures, de la promotion de la femme, de l’eau potable. Le montant de ces réalisations s’élève à des dizaines de millions de dollars américains, a fait remarquer Kanny Diallo, gouverneur de la BID et ministre de la Planification et de la Coopération internationale de la Guinée.
Fort de son succès, le WAQF BID-Guinée est en train de construire à Conakry un complexe immobilier dénommé «Cité WAQF City». L’objectif de ce projet, selon la ministre, est d’accroitre les ressources du fonds WAQF pour lui permettre de fournir une plus grande assistance aux structures éducatives, de développer et financer les orphelinats, de contribuer au développement du secteur de la santé. Il s’agit également d’accompagner toutes les actions à caractère humanitaire et social et de promouvoir les foyers coraniques. Le coût du projet est estimé à plus de 76 millions de dollars américains, dont une partie est financée par l’Etat guinéen.
Prenant la parole devant un parterre de personnalités, le chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Keïta, a salué l’exemplarité de la coopération entre le Mali et la Guinée. Il s’est aussi réjoui de l’invitation de son «frère» guinéen à participer à cette importance rencontre sur le WAQF, un produit de la finance islamique qui a déjà fait ses preuves en Guinée et au Sénégal. «Notre souci d’améliorer les conditions de nos populations est constant», a-t-il dit. Le président Keïta a surtout apprécié les multiples réalisations faites par le fonds WAQF en Guinée grâce au leadership du président Alpha Kondé qui se bat également pour la cause de l’Afrique tout entière.
Pour le président malien, le WAQF, ce merveilleux outil de développement, offre à nos pays plein d’opportunités en termes de mobilisation des ressources dans les domaines qui sont aujourd’hui essentiels à notre survie comme les infrastructures, l’agriculture, l’énergie et l’eau, la santé, l’éducation. Dans un monde de plus en plus compétitif, le président IBK estime qu’il faut des ressources humaines à hauteur de mission. A ce propos, il n’a pas tari d’éloges sur son Alpha Condé qui est en train de changer le visage de son pays de façon remarquable.
Ainsi, nos pays étant en quête de ressources nécessaires pour faire face aux nombreux défis de développement, Ibrahim Boubacar Keïta pense que le WAQF est un instrument qui peut nous aider dans ce sens. Interrogé par la presse, le ministre de l’Economie et des Finances, Dr Boubou Cissé dira que le WAQF est un mode de financement innovant qui peut servir des pays comme le nôtre. «Le Mali adhère totalement à ce concept mais nous avons des étages à franchir avant que cela se matérialise concrètement dans notre pays.
Au-delà de l’adhésion, il faut le cadre juridique et institutionnel pour avoir un fonds de ce type. Dès que nous rentrons à Bamako, nous allons réfléchir à comment élaborer ce cadre réglementaire et institutionnel qui est un préalable pour obtenir un fonds de ce type», a-t-il expliqué.
La BID étant le principal vulgarisateur du WAQF, le ministre Cissé dira que cette institution financière est déjà un grand partenaire de notre pays. «Il y a 22 opérations de la BID qui sont en cours au Mali avec une enveloppe globale de 600 millions de dollars. Donc, c’est un partenaire important pour le Mali et avec lequel nous sommes en train de continuer à construire l’avenir, à savoir notre stratégie nationale de développement 2019-2023 pour laquelle la BID va participer, je suis sûr, à haut de souhait», a-t-il assuré.
Dans son intervention, le président guinéen a salué la présence remarquable de son homologue malien à cette importante rencontre qui se tient pour la première fois dans un pays au sud du Sahara. Il a rappelé que la Guinée a toujours joué un rôle important au sein de la Uma islamique. Sa participation à la création de l’OCI (Organisation de la conférence islamique) en est la preuve. Alpha Condé a aussi expliqué les péripéties de la venue du WAQF dans son pays et les multiples projets qu’il a réalisés et qu’il continuer de réaliser.
Après les discours, le président du groupe de la BID, Dr Bandar M.H. Hajjar, a remis un cadeau au président Alpha Condé. Il s’agit d’une réplique en miniature du siège de la BID à Djeddah en Arabie Saoudite. Au cours des deux jours de travaux, les participants débattront de plusieurs thèmes, notamment le rôle du WAQF dans la réalisation du développement durable pour les pays membres de la BID ; l’importance et les défis de la création du WAQF pour les nouvelles institutions ; le financement des projets WAQF et la technologie.
Envoyé spécial Madiba KEITA