Monsieur le Premier ministre, vous avez fait connaître au Parlement les orientations de la politique que vous entendez mener. Vous avez esquissé un calendrier, posé le cadre d’une méthode de travail. L’accueil chaleureux que ces orientations ont reçu, s’accompagnera tout à l’heure, je le sais, d’un soutien plein et entier.
Je m’exprime ici non pas simplement pour répondre à votre intervention mais, tout comme vous, pour parler aux Maliens. Avec vous, aujourd’hui, monsieur le Premier ministre, nous abordons une étape de l’action de la majorité. Je choisirai trois mots, trois mots seulement pour la caractériser – trois verbes en fait – mais qui, à eux seuls, doivent témoigner de notre persévérance, de notre audace et de nos fidélités. C’est ainsi que nous voulons répondre aux inquiétudes des maliens.
Poursuivre, c’est poursuivre l’action engagée depuis Dix Neuf mois maintenant de redressement social, économique et sécuritaire du pays. Accélérer, c’est accélérer la mise en œuvre des réformes dont notre pays a besoin et mener à bien celles, nombreuses, qui ont été engagées et qui sont de nature à changer la vie quotidienne de nos concitoyens. Infléchir, c’est infléchir les politiques conduites pour qu’elles soient davantage marquées du sceau de la justice sociale et qu’elles dessinent un nouvel équilibre dans les efforts consentis par les Maliens. En réalité, les Maliens ne veulent plus seulement savoir où va la société : ils veulent désormais que la société atteigne réellement ses objectifs ! C’est aussi à cette attente-là, à cette demande de changements réels et tangibles dans la société que nous devons nous consacrer – comme vous venez de le faire, monsieur le Premier ministre, dans votre déclaration de politique générale.
Mes chers collègues, les Maliens attendent de nous que nous revivifiions la promesse républicaine et, dans le même temps, que nous remplissions notre mission, notre mandat de transformation sociale de la société, ainsi que vous venez de rappeler, Monsieur le Premier ministre. Sur ce premier terrain, nous vous suivons très majoritairement et nous vous accompagnerons en soutenant les efforts que vous déploierez. Tel est du reste le travail que nous avons commencé à réaliser il y a Dix Neuf mois avec vos prédécesseurs auxquels j’adresse aujourd’hui, ici, du haut de cette tribune, un salut fraternel au nom de l’ensemble des membres du Groupe A.P.M. Tant de choses ont été accomplies durant ces Dix Neufs mois ! Tant de sacrifices ont été consentis ! Je ne les citerai pas tous, bien entendu, mais tout de même : nous avons conduit – devons-nous encore nous en persuader ? – un processus de dialogue inclusif ayant abouti à la signature d’un accord de paix global, déterminant pour l’avenir du pays et pour la réussite de notre majorité.
Le dialogue social? Des accords ont été conclus avec l’Union Nationale des Travailleurs du Mali. Mieux encore, le taux du SMIG a été relevé, qui permet de réduire les inégalités sociales. Cela, quoi qu’on en dise, est un progrès de plus !
La Réforme du Secteur de la Sécurité se poursuivra en combinaison avec le processus de Nouakchott, le G5 Sahel et l’initiative OBAMA pour lutter contre la criminalité transfrontalière. Voilà, quoi qu’on en dise, un progrès supplémentaire !
L’impulsion de l’ensemble des secteurs d’activités qui bénéficieront des effets induits de la réduction de la dette intérieure de l’Etat et le retour de partenaires techniques et financiers permettra une croissance économique. Mais nous sommes bien obligés de composer avec la réalité d’une dette exorbitante, hors norme, inconcevable – je serais intéressé de connaître vos réactions, chers collègues de l’opposition !
La situation dans laquelle le pays s’est trouvé en 2012, il n’y a pas de quoi être fier, ni aujourd’hui, ni hier, ni même demain ! Quel magicien aurait pu en si peu de temps changer en or le plomb légué par nos prédécesseurs ?
L’engagement d’un programme ambitieux de sécurisation des personnes et de leurs biens, d’amélioration des conditions de vie et d’existence et la promotion de la justice et de l’équité tel que vous allez le mettre en œuvre, Monsieur le Premier ministre, est la seule garantie pour nos concitoyens, comme nous nous engageons à le faire. En ce domaine, évitons-nous les débats byzantins et manichéens !
La majorité n’oublie pas ce qu’elle est. Partout, toujours, son ambition est de créer davantage de solidarité et davantage d’égalité. Le renforcement, la modernisation des services publics, la solidarité et l’égalité doivent constituer la boussole de l’action du Gouvernement.
Cela étant, je souhaite prendre des exemples concrets, comme celui de la loi d’orientation et de programmation militaire: cela permettra le réarmement moral et l’équipement de nos forces armées et de sécurité pour le rétablissement et la sauvegarde de la paix.
Je pourrais parler de la poursuite de la mise en œuvre de la réforme hospitalière, par exemple : elle constituera à relever le plateau technique et permettre l’accès de nos compatriotes à des soins adéquats.
Je pourrais multiplier les exemples. Ainsi, concernant l’agriculture – sujet important que vous avez cité, monsieur le Premier ministre –, nous mesurons votre engagement à la modernisation de ce pan important pour assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle pour les Maliens, la création de richesses et la protection de l’environnement. Nous devons poursuivre, mais également accélérer. Je l’ai dit : nos concitoyens y sont prêts. Ils consentent à l’édification des piliers de l’émergence économique.
Vous êtes, Monsieur le Premier ministre, à la tête d’un gouvernement de combat, qui a mandat pour agir vite et fort. Je vous sais soucieux de préserver les acquis du dialogue social, avec lequel notre pays a renoué. Je pourrais également citer l’exemple du projet de fonds d’actifs stratégiques pour l’Emergence – vous avez dit ce qu’il fallait en dire, qui vise à favoriser l’impulsion nécessaire au décollage économique.
Monsieur le Premier ministre, il y a une autre priorité à laquelle nous sommes très attentifs : la jeunesse, que le Président de la République a placée au cœur de son projet, et que vous-même avez mise au cœur de votre intervention. Faire de la jeunesse une priorité, c’est d’abord pour la nation faire œuvre d’éducation, pour que les jeunes Maliens disposent des atouts nécessaires et de l’audace conquérante dont bénéficient ceux qui ont appris. Mais, là encore, ces efforts de moyen terme nous obligent à inventer des réponses.
Mes chers collègues, le troisième mot que j’ai choisi est le verbe infléchir. La réussite de notre action dépend de notre capacité collective à poursuivre l’action engagée depuis Dix Neuf mois, à accélérer les réformes que nous estimons souhaitables, mais aussi à infléchir certaines des orientations que nous avons développées.
Beaucoup d’efforts ont été consentis par nos concitoyens. Les Maliens veulent souffler et améliorer leurs conditions de vie. Quoi de plus légitime ? Nous avons d’ores et déjà pris des mesures en ce sens avec le relèvement du pouvoir d’achat, la modernisation de l’agriculture et le développement du secteur énergétique ainsi que le partenariat public-privé.
Les mesures que vous avez proposées en matière d’augmentation du pouvoir d’achat et des bas salaires sont de nature à répondre à ce premier besoin de booster notre compétitivité et de répondre à l’impératif de justice sociale. C’est un pacte.
Monsieur le Premier ministre, il y a encore des inquiétudes d’insécurité. Nous sommes convaincus de la réponse du Gouvernement à travers la loi d’orientation et de programmation militaire et la mise en place d’un fonds national aux forces de défense et de sécurité.
Monsieur le Premier ministre, vous nous trouverez à vos côtés pour mener à bien ce programme. Nous construirons avec vous, nous prendrons toute notre place dans cette nouvelle étape de notre action. Nous savons pouvoir compter sur votre engagement pour assumer dans la clarté, au service de la République et avec l’autorité nécessaire.
Monsieur le Premier ministre, je suis particulièrement heureux et fier, au nom du groupe Alliance Pour le Mali, de vous accorder la confiance que vous nous demandez pour la politique que vous nous proposez aujourd’hui.
Je vous remercie de votre aimable attention.