Abidjan (AFP) – Le président malien de transition Dioncounda Traoré, qui doit céder le pouvoir mercredi au président élu Ibrahim Boubacar Keïta, a rencontré mardi son homologue ivoirien à Abidjan, son dernier déplacement officiel comme chef de l’Etat intérimaire, a constaté l’AFP.
“Le Mali revient de loin, nous avons passé des mois extrêmement difficiles mais aujourd?hui, nous pouvons dire que nous sommes au bout du tunnel après avoir recouvré l?ensemble de notre territoire”, a déclaré M. Traoré lors d’une rencontre avec le président ivoirien Alassane Ouattara.
M. Ouattara s’est dit “admiratif” de ce que Bamako a “accompli ces mois durant, pendant cette crise complexe que le Mali a traversée” avec l’occupation pendant plusieurs mois en 2012 du nord du pays par des groupes jihadistes qui y ont commis de nombreuses exactions au nom de la loi islamique).
La Côte d’Ivoire a contribué aux forces africaines déployées au Mali dans le cadre d’une intervention internationale dirigée par la France qui a permis de chasser les islamistes à partir de janvier.
Dioncounda Traoré devait regagner mardi après-midi à Bamako, où il s’adressera en soirée à la Nation, à la veille de l’investiture du président élu Keïta, d’après la présidence.
Lundi, Dioncounda Traoré avait présidé un conseil extraordinaire des ministres – qui se réunit traditionnellement le mercredi au Mali -, le dernier de son mandat.
Il a estimé que les autorités de transition avaient “relevé un challenge fou” au Mali, qui a connu une crise complexe de 18 mois: un coup d’Etat en mars 2012, qui a précipité la chute du nord du pays aux mains de groupes armés.
Selon M. Traoré, il avait été confié aux autorités de transition, installées en avril 2012, une double mission: “le rétablissement de l’intégrité territoriale du pays” et “l’organisation d’élections générales transparentes et crédibles”, elles ont “gagné ce pari”.
En dépit de craintes sécuritaires, le Mali a organisé une présidentielle sans incidents majeurs, remportée au second tour le 11 août par Ibrahim Boubacar Keïta, qui doit prêter serment mercredi, avant une autre cérémonie pour l’investiture le 19 septembre en présence de plusieurs chefs d’Etat à Bamako, d’après la présidence.
Ces dernières semaines, M. Traoré a multiplié les déplacements à l’étranger, essentiellement en Afrique de l’Ouest, et a profité de ces occasions, selon une source officielle, “pour faire ses adieux à ceux qui ont aidé le Mali et décorer certains chefs d’Etat”.
En juillet, invité à Paris pour la célébration de la fête nationale française, il a ainsi décoré plusieurs personnalités françaises, dont le chef de l’Etat François Hollande.
En août, il s’est aussi rendu au Nigeria, au Bénin et au Burkina Faso. Le Nigeria abrite le siège de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest, le président béninois Thomas Yayi Boni assurait la présidence en exercice de l’Union africaine lorsque a éclaté la crise malienne et le Burkina Faso est médiateur de la Cédéao dans le dossier malien.
Beaucoup de Maliens se sont cependant interrogés sur l’absence de distinction officielle en faveur du président tchadien Idriss Deby Itno, alors que le Tchad a fourni 2.000 soldats dans le cadre de l’intervention internationale ayant chassé les islamistes.
“Dioncounda (Traoré) a essayé plusieurs fois d’effectuer une visite officielle de remerciement au Tchad, mais sans succès, il n’y avait pas de place à l’agenda côté tchadien”, a dit mercredi à l’AFP un haut responsable malien sous couvert d’anonymat.
“On pense que les Tchadiens sont frustrés de ne pas avoir eu le commandement de la Minusma”, la mission de paix de l’ONU au Mali mise en place début juillet, a ajouté cette source, estimant que Ibrahim Boubacar Keïta, qui s’est rendu au Tchad le 26 août sans attendre son investiture, avait sans doute tenté d'”arrondir les angles” en rencontrant le président Deby Itno sur son lieu de vacances à Iriba (est du Tchad).