C’est un coup dur pour le Burkina Faso. Le pays qui vient de se donner un nouveau président démocratiquement élu en la personne de Roch Marc Kaboré a été frappé vendredi par des attentats terroristes, les pires de son histoire. D’abord dans l’après-midi, un convoi de la gendarmerie nationale a été attaqué, faisant deux morts et autant de blessés.
Plus tard aux environs de 19 heures, les terroristes ont fait sauter deux explosifs à l’hôtel le Splendid et au café Capuccino suivie d’une prise d’otage. Selon le bilan provisoire ces attaques ont fait 32 morts dont les trois terroristes abattus lors de l’assaut. On déplore 156 blessés. Tout cela a été suivi par l’enlèvement d’un couple australien résidant dans le pays depuis 1972.
Ces attaques ignobles ont été unanimement condamnées par tous les dirigeants du monde dont le président de la République Ibrahim Boubacar Keita qui s’est rendu dès le lendemain samedi à l’ambassade du Burkina Faso à Bamako pour signer le livre de condoléances ouvert à cet effet. Mieux le président de la République a toute suite dépêché le Premier ministre Modibo Keita à Ouagadougou hier pour témoigner de la solidarité du Mali au peuple frère du Burkina.
Modibo Keita était également porteur d’un message du président Ibrahim Boubacar Keita à son frère et ami Roch Marc Kaboré. Accompagné du ministre de la Solidarité, de l’Action humanitaire et de la Reconstruction du Nord Hamadoun Konaté, Modibo Keita a été accueilli à l’aéroport international de Ouagadougou par son homologue burkinabé Paul Kaba Thiéba et l’ambassadeur du Mali au Burkina Amadou Soulalé. Après un bref tête-à-tête avec ce dernier le Premier ministre s’est rendu au palais présidentiel de Kossiam où il a été reçu en audience par le président Kaboré.
A sa sortie d’audience Modibo Keita a déclaré que le Mali ne fait pas qu’accompagner le peuple du Burkina dans cette épreuve. Le Mali est et vit avec lui ce qu’il traverse comme épreuve. « Etant entendu que nous avons connu la même chose chez nous, c’était un devoir de venir témoigner de la compassion du peuple malien au peuple frère burkinabé ».
Pour Modibo Keita ce qui est important, c’est de prendre conscience que l’ennemi cherche partout les moyens à déstabiliser nos pays. « Nous dévons refuser de perdre réussir ensemble pour enrayer la menace. Le message dont je suis porteur s’inscrit en plus du cadre des évènements tragiques qui viennent de se passer au Burkina, dans le cadre des relations d’amitié et de fraternité qui existent entre nos deux pays. Ce n’est nullement le moment de se laisser divertir. Il faut continuer à faire face aux besoins sociaux de nos populations », a poursuivi le chef du gouvernement.
Modibo Keita s’est réjoui du fait que le président du Faso ait une analyse pertinente de l’ampleur la situation sécuritaire dans notre espace commun. « Nous sommes décidés ensemble à aller main dans la main pour lutter contre le terrorisme », a martelé Modibo Keïta.
Le Premier ministre trouve que la réponse à la menace terroriste réside dans la mutualisation des efforts. Cette mutualisation, loin d’être un simple vœux, suppose que les structures de concertation existant notamment, la Grande commission mixte de coopération Mali-Burkina Faso ou encore le G5 Sahel soient incessamment activées pour la constitution de patrouilles mixtes au long des frontières.
Il faut aussi privilégier l’échange d’information et d’expériences en organisant des réunions périodiques entres autorités frontalières. « Pour quoi ne pas mettre en place un groupe d’intervention rapide au sein du G5 Sahel ? », a interrogé Modibo Keita.
Après cette audience auprès du chef de l’Etat burkinabé, Modibo Keita s’est aussitôt rendu sur les lieux du drame pour constater l’ampleur des dégâts.
Envoyé spécial
L. ALMOULOUD